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France : L'Islam en France / France : Laïcité à la française

Minarets : fausse comparaison avec les cloches

De Gregory Solari, directeur des éditions Ad Solem :

"Pourquoi interdire les minarets d’un côté et continuer d’autoriser les cloches des églises de l’autre ? La tolérance doit s’exercer dans les deux sens, et la Conférence des évêques suisses a bien compris que la moindre réserve manifestée envers « le droit aux minarets » pourrait se retourner contre les églises chrétiennes. Il y a là une position dictée par la prudence […] [m]ais c’est une position fragile.

En ne mettant pas suffisamment en lumière la spécificité du rapport du christianisme avec la Cité, le champ est ainsi abandonné à deux interlocuteurs : d’un côté les musulmans, dont la religion ignore la séparation entre religion et politique ; de l’autre les radicaux (ou en France les partis de gauche), dont le laïcisme exclut la croyance religieuse du politique. Deux interlocuteurs antagonistes, mais qui se retrouvent paradoxalement du même côté en face du christianisme.

Pour tous les deux, la distinction évangélique des deux ordres – «Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu» – n’a pas lieu d’être. Car, ou bien les deux domaines sont fusionnés (islam), ou bien l’un des deux est exclu (laïcisme). […] [S]i la séparation des pouvoirs politique et religieux a été rendue possible en Europe, c’est parce que le christianisme, en respectant l’ordre naturel dans sa légitimité propre, l’avait déjà rendue concevable.

La fragilisation de la religion chrétienne peut paraître une bonne nouvelle aux yeux des descendants des Lumières. En réalité, c’est leur propre position qu’ils fragilisent. Car l’appel à la raison seule ne sera d’aucun secours face à un islam pour lequel rien n’échappe à l’emprise du religieux. Si les valeurs défendues par les radicaux ont un avenir, c’est dans le christianisme qu’elles trouveront demain, comme hier, leur allié naturel. S’il faut louer l’initiative de l’UDC pour une chose, c’est de remettre en lumière ce paradoxe salutaire."

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10 commentaires

  1. «Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu»
    le problème du laîcisme est de mettre César partout, et le problème de l’islam de mettre un Dieu partout.
    La parole du Christ garde donc toute son actualité par rapport à l’importance du Christianisme dans la cité et l’affaire des minarets et du muezzin qui effectivement n’ont pas à être mis au même niveau que le clocher et ses cloches.

  2. Ben …. il suffit de donner le droit aux imams de construire des clocher qui sonnent toutes les heures ;-)

  3. C’est une très fine analyse que voici, paradoxale et assez peu comprise même dans les milieux catholiques.
    On peut l’approcher sous plusieurs angles.
    1/ qui dit séparation de l’Eglise et de l’Etat, dit Eglise. Que celle-ci s’affaisse comme en France et alors c’est le famaux système républicain qui est ébranlé. Or c’est exactement ce qui se passe sans que personne ne rapproche jamais l’un et l’autre événement.
    2/ le mot athée de “religion” appliqué à toutes les croyances, mythes et coutumes est impropre. On le voit lorsque des groupes sectaires émergent et que la justice a un mal terrible à interdire ces organisations malfaisantes, obligée de tenir un double langage voire parfois de venir punir la religion (catholique). Islam et Catholicisme ne peuvent pas être tous deux affublés du mot de religion; un athée complet pourra le faire par rejet de toute transcendance, mais il se voilerait la face sur la réalité de ces deux “objets”.
    3/ le paradoxe de tout ceci est que le laïcardisme aveugle à la française, s’il est une arme de destruction massive contre le christianisme et la laïcité, se montre non seulement inoffensif mais même allié de l’islam. Lequel l’intègrera, puis le sacralisera de l’intérieur par une vision cornaique de l’espace public et du monde.
    Bien à vous et bravo pour votre blogue.

  4. Je considère comme étant de la provocation de mettre au même niveau les clochers et les minatrets .
    Les clochers étaient là bien avant la république maçnique , bien avant les gauchistes , et bien avant l’islam .
    Les clochers font parti de l’indentité nationale au même titre que les minarets font parti de l’identité nationale de la plupart des pays arabes .
    Les clochers c’est en France et en europe , les minarets c’est en afrique , point barre !
    Et effectivement , les gauchistes laïcistes ne perdent pas une occasion pour dénigrer le christianisme , même d’aller à l’encontre de la laïcite comme en soutenant les islamistes .

  5. Ce qu’il faut faire comprendre, c’est qu’au lieu de sortir des chiffres et faire des comparaisons , le message est que la France est fille de l’Eglise. Donc les minarets et autres n’ont pas lieu d’être. Il faut refuser les constructions de mosquées qui sont déjà bien trop nombreuses et rénover plutôt les églises qui en ont besoin pour les fidèles.

  6. On lit beaucoup de commentaires avec la comparaison entre le minaret et le clocher et les cloches. Peu précisent qu’il y a une nette différence:
    – Les cloches émettent un son et le muezzin lance, par des mots, une exhortation. La sonnerie des cloches informe, mais demeure neutre.
    – Les cloches ont eu aussi dans l’histoire, et encore aujourd’hui, un rôle social qui dépasse largement le rôle religieux: en marquant les heures de la journée, en alertant (le tocsin). Je me rappelle, alors jeune garçon dans les années soixante, dans un village, avoir été impressionné par le glas et un de mes grands-parents a dit: “On amène untel au cimetière”. J’ai compris que la sonnerie permettait à toute la communauté du villageoise de savoir ce qui se passait et d’accompagner, au moins en pensée, pour ceux qui n’étaient pas dans le cortège, le défunt qu’ils avaient connu et qui partait. La sonnerie en elle-même était grave et impressionnante.

  7. “Pourquoi interdire les minarets d’un côté et continuer d’autoriser les cloches des églises de l’autre ?
    1. Parce que les cloches sont interdites dans les pays ultras-musulmans.
    2. Parce que les con-tribuables (majoritairement catholiques) en ont plus que mares de ce sens uniques (tous les droits pour l’islam, tous les “devoirs” pour les chrétiens).

  8. A mon commentaire précédant, j’ajoute ceci:
    En Occident les clochers et les cloches évoquent aussi le beffroi ou campanile, dans le midi, des communes au Moyen-Age. Celui-ci était également le symbole des libertés communales et il en reste de magnifiques exemples en Belgique.

  9. La “distinction évangélique des deux ordres”… Il n’y a pas de telle distinction dans l’Evangile, qui vise à l’établissement du Règne de Dieu, donc à la soumission de tout pouvoir à la seule autorité de Dieu.

  10. Ce qui a rendu concevable la séparation des pouvoirs, ce n’est pas le christianisme, mais la félonie de monarques plus attachés à leurs plaisirs qu’à la mission pour laquelle ils avaient reçu leur sacre.

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