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France : Société

Consommation, dérégulation et individualisme

Lu sur Contrepoints, à propos d'un article paru dans le n°3928 de Valeurs Actuelles, sous la plume de F.-X. Bellamy, normalien agrégé de philosophie et adjoint au maire de Versailles.

"Il écrit : « Cet ultralibéralisme nous a entraînés dans la crise écologique et économique que nous traversons. Il a écrasé les plus faibles et produit des injustices inouïes. Il nous a conduits à détruire notre propre environnement, dans l’aveuglement consumériste qui nous saisissait. » Bref, à l’entendre le libéralisme serait la cause de tous nos maux. Mais de quel libéralisme parle-t-il ? Je le cite : « Son credo était la consommation, son obsession, la dérégulation, sa référence, l’individualisme ».

Une petite leçon d’économie s’impose :

La consommation est un thème typiquement keynésien (étatisme pur jus). C’est l’influence de Keynes qui a poussé les gouvernements à augmenter toujours plus la masse monétaire et les dépenses publiques, dans l’espoir de relancer la consommation. Résultat : l’inflation, les bulles économiques à répétition, le copinage des banques avec le pouvoir, l’épargnant spolié et finalement les États ruinés par leur dette abyssale.

La dérégulation est un mythe. L’augmentation des réglementations est au contraire le fait massif de ces 40 dernière années dans nos démocraties. Cette inflation législative a une cause : la volonté des politiques d’assurer leur réélection, de satisfaire les intérêts de groupes de pression bien organisés. Les économistes de l’École du Public Choice l’ont bien montré.

3° Enfin l’individualisme irresponsable est une pure production de l’égalitarisme démocratique, comme l’a bien montré Tocqueville. Plus les hommes sont égaux, plus ils se replient sur eux-mêmes, demandant à l’État toujours plus d’assistance et de protection sociale. Relisez vos classiques mon cher collègue, avant de nous ressortir vos poncifs à la Bourdieu.

Le malheur des intellectuels français, disait Aron dans cette vidéo (voir à partir de 0.48 mn), c’est qu’ils n’ont jamais lu une ligne d’économie digne de ce nom, ils sont déconnectés des réalités concrètes et ils rêvent d’une solution totale des problèmes sociaux…"

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10 commentaires

  1. Et alors? L’ultralibéralisme vaut pour les grands groupes et le socialisme écrase les petites structures, les artisans, etc. Les points de vue ne sont pas inconciliables. Cessons d’encenser le libéralisme. A moins qu’on veuille servir deux maîtres.. ;)

  2. Attention, ce texte ne provient pas de Contrepoints mais de l’excellent blog de philosophie “Nicomaque” : il s’agit d’une réaction à la réaction de G. Kaplan sur contrepoints.
    En outre, à la lecture du SB, on a l’impression que tout le texte est de FX Bellamy, il conviendrait de clarifier.

  3. même argumentaire que les communistes : le “vrai” communisme n’a jamais été appliqué.
    Le “vrai” libéralisme est appliqué en Chine : un pays communiste donc très étatiste. Ce paradoxe n’en est absolument pas un, mais devrait faire réfléchir nos “économistes professionnels” écervelés de “contrepoints”.
    Le vrai libéralisme a été applique en Russie avec B Eltsine : “oui mais les conditions d’application du vrai libéralisme n’étaient pas bonnes”. La vérité, c’est qu’il n’y aura jamais les bonnes conditions d’application du “vrai libéralisme” comme pour le “vrai communisme”.
    Le “vrai libéralime” a besoin de l’Etat (de beaucoup d’Etat) pour se développer et ce n’est pas le moindre des paradoxes. Aux Etats Unis, il faut que l’Etat impose son hégémonie au reste du monde notamment au moyen de guerres couteuses et meurtrières.
    Voilà quelques paradoxes de “l’économique d’abord”.

  4. Pour ceux qui comme moi se perdent dans toutes ces considérations je recommande le livre de Marcello PERA avec la préface de Notre Saint Père Benoit XVI : “Pourquoi nous devons nous dire chrétiens – Le libéralisme, l’Europe et l’éthique.”
    Emma

  5. @ Rozo :
    “Même argumentaire que les communistes : le “vrai” communisme n’a jamais été appliqué.”
    Merci de nous indiquer un seul penseur libéral qui ait jamais écrit que le libéralisme n’a jamais été appliqué.
    Ce sont les anti-libéraux qui attribuent faussement cette position aux libéraux, et qui ensuite s’en servent pour les dénigrer.
    Evidemment que le libéralisme a été, et est appliqué quotidiennement. Toutes les démocraties occidentales sont issues du libéralisme.
    Ce que les anti-libéraux se refusent à admettre, c’est qu’il n’y a effectivement pas, et il n’y aura jamais, de libéralisme total et parfait.
    Ce rêve de totalité et de perfection est un héritage du marxisme, qui, lui, prétend en effet à un système total, totalitaire et parfait, qui marquera la fin de l’histoire.
    Décérébrés par un siècle de propagande marxiste, les anti-libéraux raisonnent comme s’ils étaient convaincus que seul un système d’organisation politique total, parfait, où la pratique reflèterait entièrement la théorie, serait viable et crédible.
    Puisqu’aucune société n’applique intégralement et parfaitement les prescriptions du libéralisme, disent-ils (et cela est parfaitement exact), alors il s’ensuit que le libéralisme n’est pas un système crédible, ne fonctionne pas, doit être rejeté.
    C’est évidemment stupide. Aucun système d’organisation politique théorisé à travers l’histoire n’a jamais été appliqué totalement et parfaitement, pour la bonne et simple raison que la pratique est la pratique, que l’homme est imparfait, qu’une société humaine n’est pas une machine où tout pourrait être conforme aux plans, et qu’un régime politique est toujours une combinaison de multiples facteurs historiques, caractéristiques, règles, méthodes, qui ne se conforment jamais entièrement à quelque modèle théorique que ce soit.
    C’est même l’un des postulats de base du libéralisme : l’impossibilité de concevoir l’organisation d’une société dans ses moindres détails, et d’appliquer cette conception à la réalité, comme un ingénieur ferait exécuter les plans d’une machine.
    Il est donc particulièrement culotté de reprocher au libéralisme cette absence de perfection, puisqu’il la revendique, et en fait même une des justifications du système qu’il préconise !
    Il y a donc du libéralisme dans les société occidentales, comme il y a aussi de l’étatisme.
    Ce qui est important, c’est de distinguer l’un et l’autre, d’en identifier les effets, et de faire un bilan.
    Concernant la France, il est objectivement clair que les aspects étatistes l’emportent largement sur les aspects libéraux. Les effets des uns et des autres ont été largement étudiés et démontrés. La conclusion ne fait pas de doute : il faut beaucoup plus de libéralisme en France, et beaucoup moins d’étatisme.
    “Le “vrai” libéralisme est appliqué en Chine : un pays communiste donc très étatiste.”
    Totalement faux. Merci de bien vouloir nous dire quel dirigeant chinois se réclame du libéralisme. Merci de bien vouloir nous dire en quoi un pays pourrait être à la fois à dominante libérale et à dominante “communiste donc très étatiste”.
    C’est aussi absurde que de dire : il fait très froid et très chaud.
    “Le “vrai libéralime” a besoin de l’Etat (de beaucoup d’Etat) pour se développer.”
    Merci de bien vouloir nous dire quel théoricien libéral aurait jamais écrit une absurdité pareille. La doctrine libérale dit exactement le contraire.
    “Voilà quelques paradoxes de “l’économique d’abord”.”
    Merci de bien vouloir nous indiquer quel théoricien libéral a jamais dit que le libéralisme, c’était “l’économique d’abord”. Ecnore une légende échafaudée par les anti-libéraux pour discréditer le libéralisme.
    Et pour finir, que les anti-libéraux aient la bonté de bien vouloir nous dire quel serait, à eux, leur régime de prédilection. Parce que ça va bien cinq minutes de mettre tous les maux de la terre sur le dos du libéralisme, de rejeter le communisme, et de ne jamais nous dire, par contraste et par opposition, comment, eux, ils souhaiteraient organiser la société.
    Cela nous permettrait à nous, libéraux, de mieux comprendre leur position, et sans doute, à eux, de s’assurer que leurs idées présentent quelque cohérence. Ce qui n’est pas gagné pour l’instant.

  6. Merci au Salon Beige de relayer ces vérités bonnes à dire.
    A ceux qui pensent que l’ultralibéralisme s’applique aux grands groupes, ou que la Chine et la Russie appliquent le libéralisme: vous êtes mal renseignés, vous relayez un savoir partiel et tendant vers le faux.
    Mais pas de problème, l’info de qualité sur ce sujet, si longtemps cachée par l’EdNat et les médias aux ordres, est désormais facile à trouver, sur Contrepoints et sur les sites avec qui CP travaillent, dont, en effet, l’excellent Nicomaque.
    Pour les définitions de base, n’hésitez pas à consulter aussi Wikiberal.

  7. En plein accord avec @ Nick de Cusa et @Robert Marchenoir.
    Le début de cet article dit :
    “Il faut aussi revenir sur un mot célèbre du philosophe Donoso Cortès au Parlement espagnol (30 janvier 1850) : « Le socialisme est fils de l’économie politique, comme le vipereau de la vipère, lequel, à peine né, dévore celle qui vient de lui donner la vie » (Œuvres, Paris, 1862, t. I, p.386).
    Cette thèse, selon laquelle l’économie politique serait inconciliable avec la morale chrétienne et aurait engendré le socialisme revient constamment sous la plume des antilibéraux de droite, souvent catholiques. Ces derniers ignorent tout des réalités économiques et se complaisent dans un moralisme purement incantatoire, exactement comme Sartre, Bourdieu et les intellectuels marxistes des années 60.”
    Voilà qui permet de fixer certaines idées dans le réel des filiations intellectuelles.
    Conclusion de l’article citant une citation d’un libéral français du XIX ème : Alexandre de METZ-NOBLAT : « En y regardant de plus près, les publicistes catholiques eussent reconnu que, loin d’être en contradiction avec l’esprit de l’Évangile, l’économie politique en prouve à sa manière l’origine divine. Elle montre, en effet, que (…) par la pratique des vertus chrétiennes, toutes les questions économiques intéressant l’humanité reçoivent, de fait, la solution la plus favorable aux faibles et aux malheureux » (A. de Metz-Noblat, Lois économiques, préface, p. XXXIX).

  8. puisqu’il n’y a plus de place aujourd’hui entre le libéralisme et le marxisme, c’est bien volontiers que je me retire du débat considérant effectivement “la politique économique” comme une science inférieure et liée à la résolution de problèmes bien plus importants pour l’avenir humain tels qu’ils sont développés sur ce blog.
    Pour ce qui est plus généralement de l’avenir de la démocratie libérale, et d’éventuelles propositions nécessaires, je pense bien évidemment aux appels à la Russie éternelle de Soljenitsine (ce qui nous éloigne évidemment de la technique économique) et à “la liberté pour quoi faire” de Bernanos question qui me semble plus urgente que celle des techniques économiques (qui doivent rester à leur niveau et ne pas briguer la qualité de système au risque de dépasser leur domaine et devenir totalitarisme). Je pense aux libertés bafouées dont nous entretient régulièrement le Salon Beige.
    On ne pas répondu sur “la liberté” économique des Etats-Unis de mener toutes ses guerres du pétrole ou de protéger ses frontières tout en défaisant celles des autres (accord OMC): j’en prend bonnes notes.
    Un Poutine qui met au pas les prédateurs me gène moins qu’un Eltsine “vrai libéral”. Un Poutine (qui par parenthèse vient honorer la couronne d’Epine pour rester dans la tonalité de la semaine) pose de vraies questions : reconstruit-il sur des bases solides quitte à sacrifier les courbes de croissances ou au contraire détruit-il tout espoir de relèvement de la Russie ? Les libéraux se sont empressés de répondre dans un sens catastrophiste.

  9. “rozo” et Bellamy sont fort intéressants.Je me demande pourquoi on se crispe sur le sujet : c’est l’ultralibéralisme qui est en cause et non le libéralisme économique qui est une “recette” économique parmi d’autres avec ses apports et ses insuffisances comme toute autre recette qui ne serait pas éclairée “d’en haut”.

  10. @ Emma
    Pour ceux qui comme moi se perdent dans toutes ces considérations je recommande le livre de Marcello PERA avec la préface de Notre Saint Père Benoit XVI : “Pourquoi nous devons nous dire chrétiens – Le libéralisme, l’Europe et l’éthique.”
    Emma
    Hélas, Emma, ce livre pourrait être l’illustration de ce que c’est que de prendre ses désirs pour la réalité. Le professeur Pera constate à longueur de pages que le libéralisme pratique tourne complètement le dos à la défense de la dignité de l’homme. Mais au lieu d’en conclure qu’il faut aller voir ailleurs, il s’accroche à un libéralisme théorique qui aurait été chrétien mais qui aurait cessé de l’être, sans qu’on sache ni quand ni comment. Il faut dire qu’il s’accroche aussi au ” cosmopolitisme “. Ceci explique sans doute cela. Difficile en effet d’ être cosmopolite sans être libéral. Le refus de toute limite impose une certaine attitude. Idéologie, quand tu nous tiens !

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