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Histoire du christianisme

Autun : découverte d’une nécropole paléochrétienne

Autun : découverte d’une nécropole paléochrétienne

Dans la région d’Autun (Saône-et-Loire) les recherches préventives, entamées avant le démarrage du chantier d’une maison, ont permis la découverte d’une nécropole paléochrétienne. Nicolas Tisserand, l’un des huit archéologues procédant aux recherches n’en revient toujours pas : c’est

« une très belle découverte, car il s’agit de la plus grande sépulture trouvée à la fois sur Autun et sur le nord de la France ».

Cette nécropole contient 150 tombes accueillant « les sépultures chrétiennes parmi les plus anciennes de la moitié nord de la Gaule », précise Carole Fossurier, anthropologue à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

Fondée au Ier siècle avant notre ère, la cité romaine d’Autun – à la charnière de l’Antiquité et du Moyen Age – a été un des hauts lieux de la chrétienté médiévale.

Autre découverte d’importance : celle d’un sarcophage de grès, vieux de plus 1 500 ans, abritant un cercueil en plomb « potentiellement hermétique », qui pourrait contenir

« une dépouille bien conservée, avec peut-être ses vêtements et d’autres éléments non dégradés par les bactéries », espère Nicolas Tisserand.

Contient-il les restes mortels d’Amator, le premier évêque d’Autun, mort à la fin du IIIe siècle ?

Addendum 19/07 :

Une lectrice, enseignant la littérature grecque et spécialiste du christianisme ancien, nous fait remarquer que cet article contient une inexactitude, déjà présente en son temps dans l’article du Figaro (dans les premiers jours de juillet). Si 150 sépultures probablement chrétiennes ont été récemment mises à jour, l’inscription chrétienne de Pektorios/Pectorius est connue depuis le XIX° s, et ne constitue donc pas une découverte récente. Elle constitue l’un des fleurons du musée d’Autun.

Cette méprise est sans doute imputable au caractère trop général du rapport publié par l’Inrap. Sur ce rapport (mis en ligne le 30.06, et modifié le 3.07.2020), on lit, pour présenter le contexte des nouvelles fouilles:

“En usage du milieu du IIIe siècle jusqu’au Ve siècle, cette nécropole est restée longtemps dans les mémoires car plusieurs mausolées étaient encore visibles au XVIIIe siècle. Certains de ces imposants monuments funéraires contenaient des sarcophages de marbre. L’un d’entre eux aurait abrité la dépouille d’Amator, parfois cité comme le premier évêque d’Autun. Un premier mausolée, tombeau fondateur de l’église Saint-Pierre, était bâti sur une villa gallo-romaine et aurait abrité la dépouille d’une personnalité localement vénérée. La nécropole accueillait les sépultures chrétiennes parmi les plus anciennes de la moitié nord de la Gaule : en provient l’une des premières mentions du Christ en Gaule, l’inscription de Pektorios, datée du IVe siècle.”

Puis vient la présentation des découvertes récentes:

” La fouille livre aujourd’hui près de 150 inhumations. …”

En réalité, l’inscription de Pektorios/Pectorius, gravée à l’occasion des funérailles de sa mère, a été découverte à Autun près de St Pierre-l’Estrier par le futur card. J-C Pitra en 1839, et après de nombreux échanges avec des savants de l’époque, publiée par Pitra en 1852.

En voici le texte, qui est très intéressant car il fait allusion en termes symboliques codés, d’abord au baptême, puis à l’eucharistie, et enfin à la prière pour les défunts et à l’intercession des âmes de ces derniers pour les vivants. On notera qu’il ne mentionne pas explicitement le Christ, mais s’en tient à des noms imagés (Poisson, Sauveur, Maître) :

“O race divine du Poisson céleste,
Garde une âme pure parmi les mortels
Parce que tu as reçu la source immortelle,
Rajeunis ton âme, ami, dans les eaux divines,
Par les flots éternels de la sagesse qui donne les trésors.

Reçois l’aliment doux comme le miel du Sauveur des Saints,

Mange à ta faim, bois à ta soif,

Tu tiens le Poisson dans les paumes de tes mains.

Nourris-nous donc, Maître et Sauveur, avec le Poisson.

Qu’elle repose en paix, ma mère
Ainsi je te prie, (toi) Lumière des morts.

Aschandius, mon père, aimé de mon cœur,
Avec ma douce mère et mes frères,
Dans la paix du Poisson,

souvenez-vous de votre Pectorius.”

(les initiales des cinq premiers vers forment le mot Ἰχθύς, Poisson).

Cette inscription grecque est de fait la plus ancienne inscription chrétienne des Gaules. On la date du IV° s. par précaution, mais son style archaïque et codé suppose qu’elle a été gravée antérieurement à l’édit de Milan (313) qui officialisait le culte chrétien, et personnellement je pense qu’une datation au III° s. est plus vraisemblable.

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4 commentaires

  1. La réalité de la France profonde nous change un peu des déboulonneurs et autres “blacklivematters”, de la repentance pour rien et des déconstructeurs, du séparatisme et du mensonge …

    La réalité de la France profonde est bien plus belle que celle que nos menteurs de dirigeants ne veulent laisser croire. En terre de France, on enterrait les morts il y a plus de 1500 ans; aujourd’hui, certains aimeraient qu’ils disparaissent sans laisser de trace …

  2. C’est une découverte extraordinaire, mais comme c’est un cimetière chrétien, il n’y a aucune raison de conserver quoi que ce soit.
    Ce serait un cirque romain dans lequel des Chrétiens auraient été martyrisés, on en aurait fait un haut lieu de culture.
    Là, ce serait “tendance”…

  3. Soror emulaque Romæ.
    La capitale des éduens, très tôt christianisée, vient donc baffer post-mortem Chirac qui refusait de mentionner l’âme profondément chrétienne de notre pays et de notre continent. Ce chantier archéologique livrera bien d’autres surprises très importantes.

  4. La violation des tombes, celle cis, celles des Egyptiens, celles des Incas ou toutes autres civilisations, reste une abomination.

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