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Pays : Arménie

SOS Chrétiens d’Orient au coeur de l’Arménie

SOS Chrétiens d’Orient au coeur de l’Arménie

D’Antoine Bordier :

Depuis sa création, il y a 8 ans, en 2013, cette association intervient auprès des populations chrétiennes les plus défavorisées, et, le plus souvent persécutées, au Proche-Orient. Depuis peu, elle est sortie de son champ géographique pour intervenir en Asie Mineure. Reportage sur ces jeunes qui ont tout quitté pour servir les chrétiens d’Arménie et de l’Artsakh.

Ils sont, déjà, près d’une vingtaine de volontaires à être disséminés dans toute l’Arménie, à commencer par la capitale, Erevan, où ils sont une demi-douzaine. C’est Grégoire, qui en est le responsable. Dans le nord-ouest à Gyumri, la deuxième ville du pays, c’est là où se trouve l’antenne principale du pays. Monsieur SOS Chrétiens d’Orient en Arménie s’appelle Corentin Clerc. Cette aventure, il la vit avec sa jeune épouse Camille.

« Nous nous sommes mariés en août 2020, explique Corentin. Et, nous avons choisi de commencer notre vie commune en nous donnant aux autres, ici en Arménie. ».

Si « l’homme (et la femme) quitteront leur père et leur mère, et s’attacheront l’un à l’autre pour ne faire plus qu’un », selon la Genèse, Camille et Corentin suivent à la lettre ce célèbre verset. Mieux que cela, comme les autres volontaires, ils marchent dans les traces d’Abram. Il y a près de 3 900 ans, le père des Patriarches a obéi à cet appel : « Va, quitte ton pays… Va dans le pays que je te montrerai. ». Dans le sud-est du pays, à 10 km de la frontière de l’Azerbaïdjan, près du corridor de Latchin contrôlé par l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Russie, se trouve Goris où la troisième équipe de SOS Chrétiens d’Orient a pris ses quartiers, fin octobre 2020.

« Un peuple à l’identité et à la foi inébranlables »

Benjamin Blanchard, le Directeur Général et co-fondateur de l’association est arrivé à l’aéroport de Zvarnots, ce 9 février. Il en est reparti le 21. Il a passé 15 jours sur le terrain, pour faire le tour de ses équipes, et, rencontrer quelques personnalités. Il a pu, aussi, se rendre en Artsakh. Il parle de l’Arménie comme étant « une terre de martyrs ».

« C’est la 3è fois que je viens en Arménie. Ce séjour avait un aspect particulier avec l’arrivée de nouveaux volontaires. C’est, aussi, la 1ère fois que j’y retournais après le conflit. L’Arménie est une terre de martyrs. Avec la guerre, notre installation a été chamboulée. Nous avons fourni beaucoup d’aide d’urgence aux réfugiés. En décembre 2019, nous avions fait une première mission pour fêter Noël avec les Arméniens. »

Benjamin a sillonné l’Arménie, rencontré les autorités locales, politiques, institutionnelles et religieuses. Dans l’Artsakh il a pu s’entretenir avec le Ministre des affaires étrangères, à Stepanakert, la capitale de cette république auto-proclamée qui n’est reconnue que par l’Arménie et le parlement français.

« Nous avons passé la journée à Stepanakert, raconte-t-il. Et, c’était plutôt sportif. Nous étions à Goris avec notre équipe locale. Et, nous avons reçu notre visa dans la nuit, pour nous y rendre dans la foulée. »

Ce soubresaut aventureux fait partie de l’ADN de SOS Chrétiens d’Orient. Depuis sa création, en 2013, avec les 70 000 donateurs, plus de 2 000 volontaires sont intervenus en Syrie, en Irak, au Liban, en Jordanie, en Egypte, et en Arménie.

« En ce moment, ajoute-t-il, nous espérons ouvrir bientôt une mission en Ethiopie où la situation des chrétiens est catastrophique. »

Personnellement, Benjamin « trouve très injuste ce qui se passe pour les Arméniens. Ce qui est très grave, c’est la complaisance de tous les pays d’Europe, des Etats-Unis, avec la Turquie qui est un Etat qui ne reconnaît pas ses crimes, ses génocides, ses massacres. » Il continue en expliquant que la Turquie occupe, toujours, une partie de Chypre, le nord de la Syrie, et, qu’elle n’a pas rendu les territoires ancestraux à l’Arménie tel que le prévoyait le Traité de Paix de Sèvres de 1920. Servir l’Arménie lui tient à cœur :

« Les Arméniens sont un peuple à l’identité et à la foi inébranlables ».

Un couple en mission

Camille et Corentin écoutent attentivement les propos de Benjamin. Corentin, en tant que chef de mission-pays, est salarié de l’association. Il est chargé d’assurer la sécurité, et, toute la logistique de sa vingtaine de volontaires. Il supervise les activités dont Camille est la responsable. Elle suit scrupuleusement les procédures.

« Nous avons l’initiative des projets, qui doivent être validés par le siège, à Paris. Toute la mise en œuvre des projets dépend de nous, et, des volontaires. Pour en citer quelques-uns, à Goris, nous avons mis en place un atelier de couture pour permettre à des femmes, exilées de l’Artsakh, principalement, d’avoir un salaire pour leur famille démunie. Dans le nord du pays, à Gyumri, nous aidons une paroisse catholique. Nous donnons beaucoup de cours de français. Nous avons, aussi, le projet d’ouvrir une serre pour faire de l’horticulture. Dans l’Artsakh, nous prévoyons d’intervenir pour la restauration des maisons démolies pendant la guerre. »

Très actifs, les volontaires sont sur le terrain. Ils vivent en communauté comme une famille. Ils ont un règlement intérieur. Ils ont la prière commune, et, assistent le plus souvent à la Messe. Ils étaient présents aux obsèques de Mgr Nechan Karakéhéyan, évêque-émérite, qui ont eu lieu le 17 février dans la cathédrale des Saints Martyrs de Gyumri. A Goris, Quentin, Myriam, Bertrand et Philippine sont volontaires. Ils viennent de la région parisienne, de Lille, de Perpignan, de Normandie. Bertrand est le responsable de l’antenne. Ils sont arrivés ici fin octobre.

« Nous aidons le Centre Culturel de la Francophonie, que dirige Carmen Apounts. Nous donnons des cours de français. Surtout, nous apportons beaucoup d’aide d’urgence aux familles exilées de l’Artsakh. Nous allons aussi dans les villages des alentours, à Aravus, Karashen, etc. Nous vivons tous ensemble dans une maison. Nous n’avons pas de voiture, mais nous sommes véhiculés par les gens d’ici qui sont très gentils. Ils ont le cœur sur la main. »

Myriam effectue, déjà, sa seconde mission chez SOS Chrétiens d’Orient, et, sa première en Arménie, elle n’a pas 25 ans.

« Je suis ravie d’être utile auprès des populations arméniennes. »

Bertrand, de son côté, apprécie « le caractère combattif, digne et fort des Arméniens. Après tout ce qu’ils ont vécu. Ce peuple est très fort. » A une demi-heure des lieux où se sont déroulés les affrontements contre l’armée azerbaïdjanaise, ils ont recueilli des témoignages de réfugiés. Quentin raconte que

« les familles restent très pudiques sur ce qu’elles ont vécu. Une famille a perdu ses deux fils, âgés de 18 et 19 ans. Cela me touche personnellement, parce qu’ils étaient plus jeunes que nous. Nous voyons leur tristesse. Même à Noël, ils ne voulaient pas, forcément, faire la fête. »

Avec Etienne, 21 ans

C’est l’un des plus jeunes. Etudiant en ingénierie à l’ENSEEIHT de Toulouse, il s’intéresse particulièrement à la mécanique des fluides. Né dans une famille catholique, c’est la première fois qu’il voyage en dehors de l’Europe. Investi dans le scoutisme, il a eu envie de redonner ce qu’il avait reçu auprès de sa famille.

« Ma vie de famille a été très riche, explique Etienne. Mes parents étant très soudés, cela m’a aidé à grandir. Nous faisions aussi la prière familiale tous les soirs. La fidélité et l’amour dans la vie familiale est un bel avantage pour se préparer à la vie d’adulte, et, aux défis de notre temps. »

Etienne, malgré son jeune âge est très mature. Il avait, déjà, entendu parler de SOS Chrétiens d’Orient. Catholique pratiquant, il n’a pas hésité une seule seconde à leur faire confiance.

« J’ai rencontré l’année dernière un volontaire de l’association, Augustin. C’est ce qui m’a décidé. Dans le cadre de mes études, je dois faire des stages. J’ai, déjà, réalisé un stage de 6 mois à Cannes, l’année dernière. Puis, cette année étant une année de césure, je dois faire un stage d’au moins 3 mois à l’international. Je m’y retrouve totalement. »

Etienne a fait son choix, il n’ira ni dans la Silicon Valley, ni à Londres. Son choix s’est arrêté sur Erevan, ou plutôt Gyumri. Il ne craint pas sur sa sécurité :

« Les procédures de l’association sur la sécurité sont très sérieuses. »

Il faut dire que SOS Chrétiens d’Orient a renforcé ses procédures, il y a un an, à la suite de l’enlèvement de trois membres de l’association et d’un Irakien, à Bagdad, le 20 janvier 2020. Ils ont été libérés le 26 mars. Leur enlèvement avait été suivi de près par l’Elysée qui avait annoncé leur libération :

« Le Président de la République se félicite de la libération de nos trois compatriotes Antoine Brochon, Julien Dittmar, Alexandre Goodarzy, et de l’Irakien Tariq Mattoka, tous employés de l’ONG SOS Chrétiens d’Orient ».

L’ordre de mission d’Etienne est clair et précis. Lui et les autres volontaires vont répondre aux besoins des familles, avec leurs dons alimentaires, vestimentaires et des produits essentiels. Etienne passera 5 mois sur cette terre chrétienne aussi grande que la Bretagne. Retour en France prévu cet été.

Texte et photos réalisés par notre envoyé spécial Antoine BORDIER

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