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France : Société

Scandale Mitterrand : le tabou de la faute

Extrait de l'analyse de l'abbé Guillaume de Tanoüarn :

"Drôle d'époque qui ne croit à rien, qui permet tout mais qui se veut morale. […] Reconnaissons-le : pour beaucoup, Frédéric Mitterrand est ici, volens nolens, l'arbre qui cache la forêt. Une occasion de s'indigner pour éviter d'avoir à s'accuser. Rien d'autre. […]

Mais le Ministre lui-même semble un peu perdu lorsqu'il s'agit pour lui de qualifier des actes qu'il est présumé avoir commis, et dont il nous dit d'une part qu'il les condamne ("Je condamne le tourisme sexuel") et d'autre part qu'il s'agit "d'une erreur peut-être, d'un crime non, d'une faute même pas". Doit-on dire qu'il condamne son erreur sans reconnaître sa faute ? La sémantique est impitoyable pour ceux qui l'utilisent de manière approximative, que cette approximation soit due à une émotion qu'en l'occurrence on peut comprendre ou qu'on doive l'attribuer à une profonde perte de repère.

Il me semble en tout cas, si on les prend en rigueur de termes, et sans préjuger en rien du for interne de la personne, en se bornant à l'expression publique qu'elle en donne, que ces "aveux" d'erreur d'une simple erreur nous montrent certes dans M. Mitterrand un touriste repenti mais pas un touriste repentant. C'est me semble-t-il l'ambiguïté de sa mise au point télévisée comme de son livre d'ailleurs sans doute.

Le rejet viscéral de l'héritage judéo-chrétien, dans une certaine élite mondialisée, se manifeste ici très clairement – dans le refus farouche à parler de faute. On concède l'erreur, on refuse la faute. La perspective chrétienne est aux antipodes. Un chrétien aura toujours du mal à se résigner à ne voir dans le mal qu'une erreur, parce que voir dans le mal simplement une erreur – et non une faute – c'est se priver de l'amour qui est pourtant seul vraiment réparateur.

L'erreur est intellectuelle (un mauvais jugement sur le bien et le mal peut en être l'origine) ou même simplement rationnelle (dans ce cas, on a des erreurs de calcul: tel acte m'empêche d'accéder à telle carrière: erreur). En revanche, la faute est spirituelle, elle appelle à la rescousse l'Esprit de Dieu. Elle permet d'entendre ce qu'a entendu Marie Madeleine: "Il lui sera beaucoup pardonné parce qu'elle a beaucoup aimé". La démarche du chrétien consiste justement, dans cette perspective, à examiner la part de faute (la part réparable par l'amour) qui est contenue dans ses transgressions."

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17 commentaires

  1. Lorsque le FN prend l’initiative de mettre sur la place publique les écrits pour le moins troubles de Frédéric Mitterand, il était sûr que ce dernier adopterait la position de victime “honorable”.
    Il eut fallu que l’attaque vint d’ailleurs.
    Mais qui en avait le courage et l’audace ,en dehors des associations de la protection de l’enfance.
    C’est pour cela qu’apres quelques remous, tout rentrera dans l’ordre et ce qui apparaissait il y a encore peu une horreur se banalisera même dans l’opinion publique.

  2. excellentissime !!!!
    l’éducation à la Conscience est en péril …….

  3. “l’héritage judéo-chrétien”
    C’est un mythe. Nous sommes chrétiens, nos racines sont gréco-latines. Notre religion est fondée sur le Christ, et non sur le Talmud et le judaïsme.
    [Et Jésus n’était pas Juif ? Lisez ceci :
    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2009/10/le-véritable-et-définitif-yom-kippour-est-le-sacrifice-du-christ.html
    MJ]

  4. La proximité des dérives sexuelles est terrifiante, elles ont pour cause le même dérèglement de l’affectivité humaine qui entraine tous ces désordres.
    Dans le cadre d’affaires criminelles, les cas de pédophilie sont très souvent en lien avec les pratiques homosexuelles des délinquants. C’est cela que l’on tente de nous faire oublier en ce moment. Pourtant les faits sont obstinés, surtout quand la pratique est culturelle.
    La banalisation de l’homosexualité et les tentatives d’inversion de valeur par rapport au mariage naturel sont diaboliques.
    On peut donc craindre le pire si le scandale actuel ne conduit pas à sauver l’honneur par un biais ou un autre.
    Retenez votre souffle.

  5. IL me semblait que BERLUSCONI était un futur saint que les médias français ont jugé hativement ! le probléme c’est que le fossé est énorme entre cette classe au pouvoir pour laquelle tout est excusable et le citoyen de base juste bon à payer des amendes pour de petits “délits”:donner à manger aux pigeons ,fumer,rouler à peine au dessus de la vitesse autorisée etc …

  6. Frédéric Mitterrand est dans des sables mouvant : plus il bouge plus il s’enfonce… Les actions d’Hortefeux dans le domaine de la lutte contre la pédophilie apparaissent désormais hypocrites et dérisoires.

  7. On peut ajouter une autre observation : le fait de s’épancher publiquement, comme l’a fait Frédéric M. dans on roman, qui semble le dispenser de qualifier ses actes.
    On refuse de parler de “faute” , mais seulement d'”erreur”. Quand à son exhibition ( renommée “sincérité) , quoique dénuée de repentir, elle tient lieu d’absolution …

  8. Gorr :
    Pour en finir avec les judéo-christianisme :
    un chrétien n’est certes pas “judéo-chrétien”, comme l’enfant d’un couple bi-national serait franco-anglais : moitié juif, moitié chrétien. Cependant, son christianisme contient une identité juive, il l’absorbe, en quelque sorte, mais il en a bien une. La Nouvelle alliance en suppose une antérieure.
    G. de Tanoüarn, en employant ce terme, a sans doute voulu exposer un rejet contemporain, non seulement du christianisme, mais encore de la part de l’identité juive qui, pour lui est restée extérieure, partage quand même certains principes avec lui, dont la condamnation de l’homosexualité et de l’avortement.

  9. [Et Jésus n’était pas Juif ? Lisez ceci :
    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2009/10/le-véritable-et-définitif-yom-kippour-est-le-sacrifice-du-christ.html
    MJ]
    Dire que Jésus est juif, oui, mais l’assimiler avec les juifs d’aujourd’hui, non. On peut dire qu’il a un juif biblique et des juifs talmudiques.
    [Mais qui fait cet amalgame avec les Juifs talmudiques ? MJ]
    Le terme judéo-christianisme est presque un pléonasme, parce que le christianisme en soi est juif, le véritable Israël. Plus juif que les juifs ! Pourquoi donc répéter une même chose ? Christianisme suffit ! Je suis d’ailleurs assez étonné que l’abbé Guillaume de Tanoüarn utilise ce terme :
    http://ab2t.blogspot.com/2008/07/une-mission-sur-yeshayahou-leibowitz.html
    Donner l’ascendance au judaïsme talmudique sur le christianisme est une erreur, il faut plutôt dire que le judaïsme comme le christianisme ont une source commune, comme le dit très bien Benoît XVI. Le terme “frères aînés” n’est pas approprié, surtout quand on sait la nuance qu’à donner le pape Jean Paul II dans cette phrase dite que l’on s’est empressé d’absolutiser.

  10. Le mot faute que récusait hier soir Monsieur Frédéric Mitterrand n’était pas, me semble-t-il la faute au sens spirituel comme l’évoque Monsieur l’Abbé de Tanoüarn , mais la faute au sens judiciaire.
    S’il avait reconnu la faute attendue par une meute de preux justiciers qui cotoyaient aimablement pourtant l’auteur du livre, “une mauvaise vie” depuis plus de 5 ans, il est bien évident que les parties civiles , le doigt sur la gachette n’auraient pas tarder à se constituer.
    En l’occurrence, Monsieur Mitterrand parle au nom de “César” et non au non de Dieu.
    Je persiste à penser que l’homme est sincère et courageux,et qu’il tient à faire d’un mal qu’il avoue, fût-ce implicitement , un bien.
    Et c’est manifestement cela qui lui vaut “l’embarras” voire les attaques sournoises de gens que les scandales touchant l’humanité n’étouffent guère d’ordinaire et qui n’ont pas trouvé anormale la violence quasiment institutionnalisée par le Conseil d’Etat autorisant cette année le recherche sur les embryons.
    Voià pourquoi je ne mêlerai en aucun cas ma voix à cette répugnante curée de ceux sincères pour les uns , cyniques pour les autres,qui croient avoir trouvé le bouc émissaire rêvé:
    ” dans la mesure où l’on pas pas dézingué le Tonton, si on se faisait le neveu”.
    C’est assez porté dans certains milieux qui n’aiment pas que la morale fasse une intrusion en politique, surtout sur un type de terrain assez mouvant chez nombre de tenants et aboutissants du Système.

  11. [Mais qui fait cet amalgame avec les Juifs talmudiques ? MJ]
    Si vous prenez une personne dans la rue, malheureusement le terme judéo de judéo-chrétien sera considéré comme le fait du judaïsme tel qu’il est de nos jours, c’est à dire talmudique, tout en sachant que la majorité des européens non-juifs ne connaissent pas du tout le judaïsme ni même ce qu’est le Talmud, ils ne voient pas toute la Halaha, la juridiction que cette religion prescrit.
    Tout le monde sait très bien que les fondements de la civilisation européenne ne sont pas basés sur les 613 commandements par exemple.
    Ce terme est impropre parce qu’il n’est pas compris dans le sens uniquement chrétien, mais il est accepté de fait de l’ignorance du judaïsme rabbinique (on se dit qu’en gros le judaïsme se repose sur l’Ancien Testament et basta, qu’à part ne pas reconnaître Jésus y a pas trop de différences, ce qui fait que le judaïsme peut être fusionné avec le christianisme dans un terme).
    Cela veut dire qu’ils incluent le judaïsme tel qu’ils croient le penser dans le terme judéo-chrétien, tout en sachant que s’ils connaissaient vraiment le judaïsme, ils ne l’intégreraient pas avec le mot de christianisme.
    [Et bien non, il n’y a que vous qui le prenez dans son sens talmudique. MJ]

  12. [Et bien non, il n’y a que vous qui le prenez dans son sens talmudique. MJ]
    Je n’ai pas dit que je le prenais dans son sens talmudique, je sais très bien ce que veut dire judéo-chrétien.
    Demandez à n’importe quelle personne dans la rue et vous verrez que les gens vont sortir ce que j’ai expliqué, tout le monde n’est pas éclairé comme les gens du Salon Beige, tout le monde n’a pas de culture chrétienne, je vous parle de la majorité des gens de notre pays (comme je suis également effrayé par le nombres de gens qui ne savent pas ce qu’est la Trinité !)
    Je dis simplement que ce terme est appliqué par ignorance, parce que les gens pensent bel et bien “judaïsme talmudique et christianisme” et non pas seulement christianisme quand on parle de judéo-christianisme, tout en sachant qu’ils ne connaissent pas le judaïsme actuel et que par là, associer le judaïsme et le christianisme ne leur pose pas de souci parce qu’ils pensent que c’est à peu près la même chose, or cela n’est pas le cas.
    [Alors parce que les gens sont ignorants, il faut se taire ? Alors ne aprlons plus de l’avortement, les gens ignorent que c’est un crime. Faisons comme les Franc-maçons : méprisons le peuple ignorant.
    Conversation terminée car hors-sujet.
    MJ]

  13. Très bonne analyse, très intéressante

  14. Frédéric Mitterrand ne se repend de rien. Il est ahuri qu’après quelques jours il se soit produit une réaction autre que d’approuver Polanski comme il l’a fait pour un confrère de vice.
    Il n’a pas encore recouvré sa verve parce qu’il est encore sous le coup de la surprise. Mais ça ne va pas durer, surtout avec le soutien de la plus haute autorité du pays.
    Il ne regrette pas sa vie de touriste, il se mord les doigts d’avoir soutenu Polanski alors qu’on ne lui demandait rien. Il se reproche un mauvais coup médiatique, il ne regrette aucunement sa faute.

  15. « Si quelqu’un devait faire chuter un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attache au cou une meule de moulin et qu’on le fasse couler au plus profond de la mer. » Matthieu 18/6
    M. l’abbé de Tanoüarn me semble légèrement en retrait par rapport au Christ.
    Ceux qui ne savent pas lire vont dire : alors vous voulez assassiner Mitterrand ? Non Le Christ dit : IL VAUDRAIT MIEUX. Est-ce pire ?
    Saint Georges

  16. Relisez l’évangile (Luc 7,36-50, mieux vaut lire le v. 47 en grec): Dieu lui a beaucoup pardonné, la pécheresse a beaucoup aimé, et non l’inverse.
    Comme si le pardon de Dieu n’était donné qu’à celui qui aime suffisamment !
    “Celui à qui on pardonne peu, montre peu d’amour.” Celui a qui on pardonne beaucoup, aime beaucoup.
    Le pardon permet la repentance puis l’amour, et non l’inverse.

  17. @ Désiré
    Refuser le mot”judéo-chrétien” employé par M. l’Abbé de Tannouarn revient à refuser le mot gréco-latin, appliqué aux sources ”laïques” et historiques de notre civilisation chrétienne. Le Pape est le Pontife, le latin est romain, l’aristotélisme thomiste est grec, etc…..: les filiations sont des accomplissements et des dépassements, et non des régressions, sauf si on se situe dans le rejet de nos racines.

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