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France : Société

Retraites : le dogme de la répartition

De Michel de Poncins :

"Des faits nouveaux sont intervenus
sur le front des
retraites.   La
grande parlotte nationale
annonçée par le gouvernement est bien en route. Des 
promesses sont formulées. Tous les moyens
seront mis sur la table pour sauver la répartition ; 
celle-ci est considérée comme le nec plus
ultra dans le domaine des retraites car elle est supposée reposer sur
un
contrat entre les générations
. S'ajoute la chimère de l'égalité.
Constatons que
ce magma idéologique fut partagé par d'anciens gouvernements ainsi que
l'habitude des parlottes ne débouchant sur rien de vraiment nouveau
sinon des
rapiéçages.

L'existence d'un prétendu contrat est
un gros mensonge
. Un
contrat implique une signature après négocation. Rien de tel ici. Il y
eût au
sortir de la guerre une action de force étatique obligeant les salariés
à
verser des cotisations dans des caisses spéciales, contre la promesse
de
toucher un jour une pension ; dans la suite, le système fut étendu à
d'autres
catégories que les salariés. L'éxécution de la promesse elle-même
dépend du bon
vouloir changeant des gouvernements qui sont, pour leur part, soumis
aux
élections. S'ajoute la floraison des régimes spéciaux dont le nombre et
la
complication sont difficiles à cerner. 

La répartition contrairement à la
capitalisation est
tributaire de la démographie
. De ce fait, le pouvoir n'a aucun mal à
sonner la
trompette d'alarme pour un avenir relativement proche et chacun y va de
ses
statistiques plus ou moins pessimistes.  

Le pouvoir, alors, pianotte sur tous
les paramètres comme
les précédents gouvernements l'ont fait : durée de cotisation, impôts,
âge de
départ, charges des entreprises, CSG ; chaque note de la gamme suscite
des
hurlements. Les partenaires sociaux
savent bien, toutefois, que le système est à bout de souffle et qu'il
faudra
passer à la casserole. Le seul espoir est, après la parlotte, de passer
la
patate chaude à d'autres.  

Dans ce paysage, il est une
nouveauté, c'est la pénibilité
que le pouvoir veut prendre en compte. Il dénombre dix causes de
pénibilité et
songe même à l'ouverture pour chacun d'un compte de pénibilité. Nous
voici avec
la promesse de beaux contentieux car
personne ne pourra fixer juridiquement 
les degrés de pénibilité réels
.

Un fait nouveau est récemment
intervenu. Un journaliste des
médias officiels a oser poser à un syndicaliste, Jean-Claude Mailly, la
question dangereuse : la capitalisation ne pourrait-elle pas être
envisagée au
moins à titre partiel ? Le syndicaliste l'a balayé en disant : trop
tard.
Ce trop tard n'est pas vrai. La
répartition détruit la
richesse au fur et à mesure qu'elle se crée puisque l'argent est
distribué
aussitôt que récolté
. La capitalisation crée la richesse par les
investissements auxquels se livrent les gestionnaires soit directement,
soit
par des  fonds de
pension.  Il est
évidemment nécessaire que les épargnes
contractuelles bénéficient du même statut fiscal et social que les
cotisations
dans la répartition. En refusant la capitalisation, nous arrivons à une
situation aberrante  :
les grandes
entreprises du CAC 40 sont soumises au bon vouloir des fonds de pension
de
Californie ou d'ailleurs.

Des expériences de passage à la
capitalisation ont été
menées dans plusieurs pays. Celui du Chili est intéressant. Le passage
reposait
sur le volontariat et fut largement suivi.
L'influence bénéfique sur le
PIB fut
telle que l'on put sans dommage payer les pensions de ceux qui étaient
restés
dans le système ancien.  

Les syndicats détestent la
capitalisation et adorent la  répartition.
Cela se comprend car le dernier
système leur donne
perpétuellement du
grain à moudre. Avec la capitalisation, ils pourraient certes
intervenir mais
dans un esprit constructif ce qui n'est guère leur habitude. Le pouvoir actuel étant
ficelé par les
syndicats va donc probablement passer à côté de sa chance. Reste l'opposition. Elle pourrait
reconnaître son erreur du
passé et annoncer la capitalisation en cas de retour aux affaires. Ce
serait
l'Aggiornamento. Avec une communication adaptée ce pourrait être un
argument
électoral massif.

Y-a-il une opposition ou des fantômes? La question est posée."

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8 commentaires

  1. C’est débile!
    Regardez aux Etats-Unis la catastrophe que sont les Hedges-Fund. Ils spéculaient et détruisaient des marchés et maintenant avec la crise, ils sont en train de faire faillite, les retraités ayant capitalisé se retrouvant avec une retraite == 0 !!
    Seuls ceux qui ont la capacité/le temps de gérer leur capital en sortent gagnant, soit encore une minorité de privilégiés.

  2. Les hedges funds ne sont pas les fonds de capitalisation retraite : ce sont des fonds hyper spéculatifs, facilement identifiables par les gestionnaires des caisses de retraites privées.
    Aux USA, les fonctionnaires ont des retraites par capitalisation : malgré la crise financière, ils continuent de percevoir leurs retraites.
    Il y a eu des cas de faillites de fonds de retraite d’entreprises comme ENRON, qui avaient commis l’erreur de placer un trop grand pourcentage de leurs fonds dans leur entreprise, avec un aléas trop important, si l’entreprise fait faillite.
    L’idéal serait le système japonais (et je crois anglais), qui avec des modalités différentes, oblige à une cotisation à une retraite publique obligatoire, générale et minimale, et laisse ensuite chacun libre de cotiser par capitalisation, selon son a, et revenus, et selon qu’on soit fourmi ou cigale.

  3. Ce que j’aime bien avec De Poncins, c’est qu’il ne justifie jamais ses affirmations. Transférer la richesse la détruit? systématiquement ou seulement dans ce cas?
    Et la transition vers le privé, on la fait comment? on supprime les retraites actuelles? on ou fait double cotisation?
    Simon

  4. capitalisation par volontariat? peut être une bonne idée mais l’esprit français égalitariste y verrait un “avantage” une “liberté” pour certains , ce qu’il déteste; et par conséquent on ne bougera pas
    Pourvu que pendant notre descente qui s’accélère il y ai des esprit assez audacieux pour envisager un vrai avenir pour notre pays; basé sur les vérités qu’il faut dénoncer , car si nous avons ce gouvernement aux commandes c’est parce qu’on a promis à des idiots qu’on leur rendrait justice en taxant les “sals riches” ; tant que ce raisonnement sera le seul , rien ne changera
    en tous les cas les sals riches sont sans doute partis car la ponction ne suffit plus

  5. La capitalisation ? Mais il faut s’attendre à ce que dans les mois à venir, les bourses dégringolent ! Donc une très mauvaise idée !
    Il faut par contre supprimer les retraites complètes données aux enseignants ou ceux de la cour des comptes qui se sont mis à faire de la politique.
    Si Hollande n’est pas resté longtemps à la cour des comptes, il recevra pourtant le jour de sa retraite, autant qu’un autre qui y serait resté toute sa vie ! Enorme injustice !
    Mais Hollande ne va tout de même pas scier sa branche ! Déjà il ne paye pas l’impôt sur la fortune alors qu’il vit avec une fille de banquière ! N’allez pas lui demander d’être comme les autres Français ! Les syndicalistes l’ont bien compris ! Alors pourquoi pas vous ?
    Hollande fait la part des choses entre ce qu’il dit et ce qu’il fait ! Faites en autant !

  6. N’oublions pas que l’UMP promet n’importe quoi et trahit toujours ensuite .
    Piocher les idées au FN pour l’empecher d’avoir accès aux medias et une fois au pouvoir continuer la seule politique du PS,
    c’est cela l’UMP depuis toujours et les promesses genre karsher n’engage à rien
    alors que la facture de 500 milliards de dettes supplémentaires laissées aux contribuables est la seule réalité comme héritage avec l’UMP !

  7. Le système est vérolé en ce moment, à cause des intendants et non en vérité, dans le principe, dans la possible droiture à réaliser. Le principe de la répartition est chrétien, le saviez-vous ? Le premier à y avoir pensé, c’est Saint Vincent de Paul et d’ailleurs l’Église a pratiqué dès les Apôtres ce partage et elle vit au temporel par ce partage. Les abbayes catholiques reversent l’excédent pour ceux qui sont en déficit. La capitalisation est toujours possible pour ceux qui le peuvent et sous de multiples formes, et personne ne leur enlève cette possibilité. Si vous relisiez quel était le sort des petits après la Révolution jusqu’aux premières lois du début du 20 ème siècle, vous réviseriez votre analyse. Quand la France était catholique, avant 1789, l’Église faisait faisait beaucoup de bien et la société était différente : on s’entraidait dans les familles, dans les corps de métiers, mais maintenant ?

  8. La retraite par répartition, c’est surtout des tas de places sur un tas d’or pour des tas de syndicalistes au nom de la gestion paritaire décidée après guerre dans un bel élan de reconstruction nationale, comme les mutuelles et la SECU! Voilà pourquoi ils se battent vraiment, car ils ne représentent qu’une faible partie de la population (8%?). Bien assis sur des postes auxquels ils n’auraient jamais pu prétendre avec leurs seules compétences personnelles, ils sont ainsi condamnés à soutenir discrètement un Etat, et des réglementations qu’ils sont supposés combattre au nom du peuple…Et voilà pourquoi cette Nomenklatura à la Française immobilise toute réforme sur ce qui les nourrit… Voilà aussi pourquoi, faute de vraies compétences, ces organismes ne génèrent que d’abyssaux frais de fonctionnement et ruinent la France sans fournir au peuple le service pour lesquels ils ont été créés.A quand le dégrisement du peuple?

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