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L'Eglise : L'Eglise en France

Réponse au père Stalla-Bourdillon

Réponse au père Stalla-Bourdillon

De Cyril Farret d’Astiès, en réponse au père Stalla-Bourdillon qui veut élargir la doctrine, se débarrasser du clergé et des sacrements :

Mon Père,

Je n’avais pas prêté attention à votre tribune publiée début novembre dans La Vie (ex-catholique depuis 1977, par choix éditorial, déjà…) et intitulée « La fin annoncée d’un modèle d’Église ».

Pourtant c’est un monument. Permettez-moi de citer les principaux traits de votre réflexion pour les lecteurs qui ne vous auraient pas lu :

Le monopole de l’Église, dites-vous,

« a disparu. La modernité, épaulée par la laïcité, a complètement rebattu les cartes, (…). La fin d’un modèle d’Église (…) signifie la transformation, ou plutôt la disparition imminente d’une figure familière : une église édifiée autour d’un clergé desservant des paroisses, offrant comme chemin de sanctification, la vie des sacrements. Il est acquis que ce modèle n’a plus d’avenir. (…) Ce déficit structurel (de prêtres) emporte (…) le modèle de vie spirituelle proposé aux fidèles : la sanctification par la fréquentation régulière des sacrements (et) oblige donc dès à présent à un effort (…) pour élargir la doctrine. Peut-on continuer d’enseigner un modèle dont la mise en pratique sera de facto impossible demain ? (…) la vie chrétienne n’est pas exclusivement dépendante de la vie cultuelle (…). La sanctification par la charité, le service des pauvres, la liturgie familiale et l’étude de la parole de Dieu vont dès lors trouver de nouvelles lettres de noblesse. La foi chrétienne s’exprimera dans le sacrement des frères et sœurs, dont l’humanité sauvée dans le Christ redevient le cœur du témoignage. (…) Il faudra aussi déterminer de nouveaux modèles de rencontres (…) qui ne seront plus nécessairement exclusivement la célébration de la messe. La consécration eucharistique n’est pas seulement la consécration du pain et du vin, mais bien la consécration de l’assemblée réunie ; elle fait de cette assemblée le Pain vivant (…) il nous revient de produire un effort de créativité et d’écoute. L’écoute de ce que l’Esprit dit à l’Église et aussi de ce que le monde dit à l’Église (…). »

Mais il faudrait tout citer.

Plutôt que de reprendre point par point vos propositions pour les combattre, permettez-moi d’appeler à la rescousse ici le cardinal Journet qui avait sur l’Église, lui aussi, quelques idées. Mais des idées nullement personnelles, des idées sur l’Église qui étaient celles… de l’Église, c’est-à-dire de Notre Seigneur. Voilà ce qu’écrivait le doux et profond théologien dans un texte de 1924 publié par le Courrier de Genève et intitulé « Pompe romaine et pauvreté évangélique » :

« En retournant dans la lumière invisible, Jésus a laissé visiblement au milieu de nous cette portion de lui sans quoi nous ne pourrions pas vivre surnaturellement : un pouvoir d’affirmer et d’expliquer infailliblement les vérités qui libèrent nos intelligences de leurs limites créées et les purifient de leurs ténèbres (pouvoir de magistère) ; un pouvoir de dispenser aux âmes la grâce absente ou ruinée (pouvoir sacramentel) ; un pouvoir de hiérarchiser les hommes pour les diriger vers leurs fins proprement divines (pouvoir de juridiction). Trois pouvoirs qui sont l’héritage du Christ, mieux encore son esprit et son cœur, la continuité de lui-même en son infaillibilité, en sa présence sanctifiante, en son autorité. Pouvoirs précieux, bienfaisants, vénérables, qu’il ne nous convient pas de laisser tomber dans la poussière, mais d’élever dans le soleil. L’Église qui a le sens du Christ et de ce qui est du Christ, ne cessera d’honorer au cours des siècles les institutions par lesquelles l’esprit et l’amour du Christ habitent en nous. C’est son parfum de Béthanie. »

Ah ! que voilà une pensée radicalement différente de votre thèse relativiste. Voilà ce qu’est l’Église, nova et vetera, épouse du Christ, sans tâche ni ride, malgré que vous et moi en soyons membres !

Votre opinion défaitiste et manipulatrice nous la rejetons de toute notre intelligence et de toute notre foi catholique. Mais si cette Église sans sacerdoce, sans sacrement et à doctrine aléatoire vous attire tellement, je vais vous révéler un grand secret mon Père : cette Église existe déjà et elle s’appelle la Religion réformée. Vous y aurez l’embarras du choix dans la fantaisie religieuse et l’imagination doctrinale : anabaptiste, pentecôtiste, luthérien, calviniste, anglican, méthodiste, adventiste, amish même et que sais-je encore… vous pourriez même fonder le stallabourdillonisme si le cœur vous en dit. Car mon Père, vos hérésies sont déjà de bien vieilles lunes. Hérésies, oui, je l’emploie dans toute son acception (et au pluriel !) en songeant à son étymologie grecque : « action de prendre, choix » ; le mot est démodé et n’est plus trop en usage, je sais, à moi pourtant il parle encore. Dans les années 60, 70 et 80 les mêmes foutaises ont déjà été assénées avec suffisance par des clercs à l’esprit fort qui ont, pour la plupart et pour leur malheur, terminé pères de famille ou bonzes tibétains… Je sais bien qui vous inspire, et ce n’est pas rassurant. Vous vous inscrivez dans l’école de pensée d’un monseigneur Migliore, nonce apostolique en France (https://www.resnovae.fr/une-pastorale-generative/), ou du cardinal Grech, secrétaire général du Synode des évêques, dont la célèbre formule contre les catholiques fidèles reste dans les annales : « analphabétisme spirituel. »

Et si, petit laïc, j’ai l’audace de vous répondre ce n’est pas en raison de l’originalité de vos idées mais de votre notoriété.

C’est bien votre notoriété qui fait du mal à l’Église, pas vos idées recuites.

Car vous n’êtes pas n’importe qui. D’abord vous êtes prêtre et assurément ce n’est pas rien ; et vous le savez bien car tout en prétendant que les prêtres ne serviront plus, vous profitez de l’autorité, de l’assise sociale que vous procure ce caractère indélébile pour asséner doctement vos hérésies. Mais vous n’êtes pas que prêtre (d’autre débitent les même sornettes mais avec moins d’autorité, moins de poids et donc moins de nuisance ; je pense par exemple au père Jean L’Hour). Vous êtes aussi enseignant aux Bernardins qui se veut « un espace de liberté qui invite à croiser les regards pour cheminer dans la compréhension du monde et bâtir un avenir respectueux de l’homme », comme l’indique la page internet de cette institution cuistre et mondaine devenue un haut lieu de prostitution écologique et d’art contemporain. Vous avez été aumônier des parlementaires et vous êtes à présent directeur du Service pour les Professionnels de l’Information, bidule du diocèse de Paris. Vous n’êtes donc vraiment pas n’importe qui, vous ne parlez-pas de n’importe où, vous êtes « autorisé », « adoubé ». Et il est particulièrement affligeant de constater l’impunité dont vous bénéficiez en proférant un tel étalage d’hérésies, quand, dans le même temps, ceux qui veulent simplement prier Dieu avec les mêmes mots et les mêmes gestes que leurs parents, grands-parents, arrière-grands-parents, arrière-arrière… sont seuls montrés du doigt, menacés, moqués, pris de haut, tracassés, méprisés…

Mais cessons de nous plaindre et revenons à nos moutons.

Savez-vous ce que veulent les laïques d’aujourd’hui mon père ? Pour paraphraser le cardinal Siri dans son message pastoral et doctrinal de juillet 1963 intitulé « Idéaux saints et céleste présence dans le monde », ce que veulent les laïcs d’aujourd’hui comme ceux d’hier et de demain ce sont des prêtres qui ne se prennent pas pour des professeurs de yoga ou des experts en coaching personnel, pas plus que des animateurs sociaux (la République française en regorge) ; « le prêtre ils le veulent prêtre » disait le grand archevêque de Gênes. C’est-à-dire des hommes de l’autel et des sacrements, ce qui, figurez-vous, ne les empêche nullement de taper dans le ballon avec quelques galapiats, ni d’organiser des dispensaires ou de visiter les prisonniers comme 2000 ans d’histoire le prouvent. Et ce que les communautés traditionnelles et classiques prouvent aussi c’est que ce modèle éternel qui n’est pas le fruit de leur imagination réputée réactionnaire mais qui est le reflet de la nature même de l’Église fonctionne évidemment aujourd’hui encore en dépit des métavers, du paiement sans contact, du COVID 19 et des voitures autonomes. Transmission et propagation de la foi, pratique sacramentelle, stabilité familiale, vocations, œuvres de miséricorde sont leur signature.

Mais c’est peut-être ce qui vous ennuie ? C’est peut-être ce qui explique l’attitude rabique à l’encontre des catholiques fidèles : ils sont la preuve vivante que vos élucubrations sont des élucubrations. Il faut donc qu’ils disparaissent.

Pour ma part et du fond du cœur je vous souhaite de retourner à Saint Wandrille (que vous avez bien connu je crois) pour y retrouver l’Église, sa liturgie et son silence.

Bon et saint Avent mon père.

Cyril Farret d’Astiès

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