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France : Politique en France

Réforme des retraites : l’âge du départ est un leurre

Réforme des retraites : l’âge du départ est un leurre

Le système français des retraites par répartition est plombé par l’évolution démographique du pays. Décaler l’âge de départ ne répondra pas au principal problème de notre système, à savoir qu’il y a de moins en moins d’actifs pour financer la retraite des seniors. Le gouvernement veut donc abaisser le nombre des retraités en décalant l’âge de départ à la retraite, ce qui ne fait que reporter le problème. Ajoutons que la prochaine légalisation de l’euthanasie est certainement vue par les cyniques qui nous gouvernent comme l’autre aspect de la solution (finale) au problème des retraites. Et puis il y a ceux qui s’imaginent que l’immigration viendra combler le déficit démographique et rétablir la balance entre actifs et retraités…

Il y a d’autres aspects du système des retraites qui ne sont pas ou peu abordés. D’une part, le fait que l’Etat en ait fait une mission régalienne, fidèle à l’idéologie jacobine qui veut que l’Etat se mêle de tout. Dans Valeurs Actuelles, Frédéric Paya rappelle que Pierre Mathieu-Bodet, ministre des Finances (1874 à 1875), avait dénoncé le hold-up réalisé par un de ses prédécesseurs qui, pour rétablir les comptes de l’État, avait eu la brillante idée de mettre la main sur les caisses de retraites, alors propres à chaque ministère. Depuis cette époque, les retraites des fonctionnaires n’ont jamais été provisionnées et sont directement servies par le budget de l’État qui leur garantit, aujourd’hui, le versement de 75 % du traitement indiciaire. Cette dette, considérée comme du hors bilan et qui n’apparaît donc pas dans les comptes de la France, s’élève actuellement à 2.770 milliards d’euros ; elle repose intégralement sur les épaules des contribuables. Après avoir volé les biens des nobles, ceux de l’Eglise, il fallait s’attaquer aux biens du contribuable. La République gouverne très mal mais elle sait profiter du bien d’autrui pour pallier ses déficiences…

Les retraites des fonctionnaires coutent annuellement 57 milliards d’euros. La Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) est déficitaire car gérée par un État exposé aux revendications politiques.

L’Agirc-Arrco est équilibrée grâce à la bonne entente des partenaires sociaux et n’a pas besoin de recourir à l’endettement pour servir des retraites.

Un autre sujet concerne le dogme de la répartition. Certains plaident pour y ajouter une pincée de capitalisation. De plus en plus de Français épargnent avec des dispositifs individuels (Préfon, PER…). Des entreprises ont mis en place des plans d’épargne (PER obligatoires ou collectifs). Même la fonction publique s’y est mise avec la Retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP), introduite par le gouvernement Fillon en 2003 et opérationnelle depuis le 1er janvier 2005. Dans une de ses études, parue en 2020, Natixis a calculé que si les retraites avaient été gérées par capitalisation,

« un euro de 2019 de cotisation au système de retraite en 1982 en France, correspond aujourd’hui à une richesse de retraite, toujours en euro de 2019, de 1,93 par répartition, et de 21,90 euros par capitalisation, en supposant un investissement moitié en obligations, moitié en actions. » « Le coût d’avoir eu, depuis 40 ans, seulement de la retraite par répartition en France est donc considérable. »

Ce calcul est relativisé par Frédéric Paya :

Lorsqu’on capitalise pour la retraite seuls les premiers versements, ceux du début de carrière, sont placés aussi longtemps. Ceux faits quelques années avant la retraite génèrent moins de plus-values. Une chose semble, en revanche, certaine : la capitalisation serait au global deux à trois fois plus intéressante que la répartition.

Cette proposition de mixer répartition et capitalisation existe déjà, notamment chez les pharmaciens. Pourquoi ne pas l’étendre ?

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2 commentaires

  1. l’äge de départ est un leurre car dans les faits il faut avoir cotisé une nombre de trimestres.
    Mais la plus grande des injustices est que le travail n’est pas valorisé, sans travailler beaucoup touchent les minimas sociaux. C’est une incitation à la paresse, la France n’a pas besoin de cela.

    Les jeunes rentrent de plus en plus tard sur le marché du travail et ont pour beaucoup des parcours chaotiques, ils leur sera difficile d’avoir un carrière complète. Ils partiront à la retraite mais devront continuer à travail.
    Quand aux jeunes rentrés tôt sur le marché du travail, il partiront plus tôt à la retraire, Pour ce point la réforme semble être une avancée.

    Le cas des métiers durs ou pénibles n’est toujours pas d’actualité, agriculteurs, camionneurs , artisans … Non seulement ils ont des revenus minimalistes et en plus ils n’intéressent pas le gouvernent. La mécanisation ne fait pas tout.

  2. L’âge unique de départ à la retraite est une idiotie. Pour les métiers pénibles et usant physiquement, un départ plus tôt que 64 ans proposé, devrait être possible au taux plein. Pour les autres métiers moins pénibles (ne pas oublier que l’espérance de vie est d’environ 80 ans), il devrait être possible de continuer autant qu’on en a envie sans avoir une limite au delà de laquelle tout s’arrête.

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