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Pays : Afghanistan

Réflexions sur l’Afghanistan (1/2)

Lu dans le dernier numéro de la Nouvelle Revue d'Histoire (NRH) consacré au conflit afghan, sous la plume d'un haut responsable du ministère de la Défense, s'exprimant sous anonymat :

Nrh "(…) Pour les Européens, à l'exception du Royaume-Uni qui a un rapport ancien avec l'Afghanistan, leur présence dans la coalition ne saurait trouver d'autres raisons qu'une allégeance pure et simple aux Etats-Unis. L'Europe (…) n'est pas un acteur stratégique du conflit. Elle se limite à fournir des supplétifs sous drapeau OTAN. Et que penser de ces dirigeants politiques français qui, incapables de juguler l'insécurité et la talibanisation sur le sol national, prétendent que notre sécurité collective se jouerait dans la vallée de l'Hindou-Kouch ?

Dans leur impuissance à penser une stratégie, les Américains se sont mis à rêver sur des vieux manuels de contre-guérilla. Le plus cocasse est qu'ils sont même venus à penser que les Français avaient presque gagné la guerre d'Algérie et qu'on pourrait donc gagner la guerre d'Afghanistan par imitation. C'est une idée qui flatte certains hauts gradés français, leur donnant l'impression de ne pas suivre servilement l'Amérique (…)"  

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2 commentaires

  1. Situation de 10 ans en arrière :
    Peu de choses semblent avoir vraiment changé.
    A Bazarak, dans la vallée du Panjshir (Afghanistan), le 11 juin 2000, deux députés français (Messieurs Jean-Michel Boucheron et Richard Cazenave), un parlementaire européen (le général Philippe Morillon), un sénateur belge (Monsieur Josy Dubié) et Bertrand Gallet ont questionné Ahmad Shah Massoud. Les parlementaires européens assis autour d’une table posent leurs questions au cdt Massoud. Après l’entretien, ils offrent des cadeaux à Massoud: Morillon explique avoir acheter un livre sur le Cadre Noir à Saumur, Cazenave offre un livre du Parlement Européen et un livre sur de Gaulle et l’appel du 18 juin. Massoud remercie en français.Détail de l’interview : Massoud : “La guerre qui sévit actuellement en Afghanistan n’est pas seulement un conflit interne. Il est surtout dû à une ingérence de pays étrangers ennemis, en particulier le Pakistan.”A la question de Philippe Morillon “Quelle est selon vous la solution militaire ?”, Massoud répond : “J’ai dit plusieurs fois que la solution n’est pas militaire. Il faut prendre des décisions dans une réunion politique.” Le député belge : “Pourquoi êtes vous contre les talibans ? Votre islma est différent du leur ?”, Massoud : “Les talibans ne sont pas islamiques. Ils sont très durs. Nous voulons un islma moderne, bon pour les pays occidentaux”.A la question de Richard Cazenave : “L’Afghanistan est un pays reconnu comme pourvoyeur de drogue et de terroristes. Qu’en pensez-vous ?”, le Cdt Massoud répond : “Nous sommes d’accord même si c’est malheureux. La principale raison de cet état de fait repose sur la responsabilité du Pakistan qui soutient Hekhmatiar et les talibans et les européens qui soutiennent les pakistanais”. Jean Michel Boucheron : “Que feriez-vous de Ben Laden si vous étiez au pouvoir ?”, Massoud : “Nous ne voulons pas que l’Afghanistan devienne une base du terrorisme.”A la question sur l’organisation d’élections libres en Afghanistan sous contrôle d’organismes internationaux, Massoud affirme que la seule façon d’arrêter la guerre dans son pays, est d’organiser des élections libres sous contrôle des Nations Unies s’il le faut. Richard Cazenave : “Etes-vous pour l’égalité des droits pour les femmes, le droit de vote, leur égibilité et le droit à l’éducation ?”, Massoud : “Oui, dans une démocratie, elles auront le droit de vote, d’être éligibles et le droit à l’éducation.”A la question du problème d’une unité nationale afghane entre les différentes ethnies, Massoud dit insister sur l’union non seulement entre moudjahidines mais entre ethnies. “Dans le nouveau gouvernement, plusieurs ethnies sont représentées”.Philippe Morillon : “La communauté internationale est absente en Afghanistan. Qu’en attendez-vous ?”. Massoud : “Il n’y a pas de doute à constater que la communauté internationale a oublié l’Afghanistan depuis longtemps. C’est malheureux .Il faut que les nations Unies stoppent les ingérences du Pakistan dans notre pays.” A la question : “Le système de partis issus de la Résistance est un échec. L’Afghanistan a besoin d’un leader. Est-ce vous ?”, Massoud répond : “Pour sauver la vie de mon peuple et de l’Afghanistan, je suis prêt à prendre n’importe quel poste.”Avec Philippe Morillon, Massoud évoque un accord d’échange de prisonniers avec l’Arabie Saoudite qui ne donne que des noms de prisonniers pakistanais et non afghans. Il a dit vouloir échanger des prisonniers afghans contre d’autres prisonniers afghans et vouloir négocier avec les gouvernements pour les prisonniers étrangers. “Ben Laden est leur héros” affirme Morillon qui a rencontré des prisonniers talibans. Massoud relève “Ils ont dit ça ?”. Morillon : “Oui, des chinois, pakistanais et birmans”.Philippe Morillon : “Quelle sont vos propositions pour désamorcer le conflit à l’intérieur ?”, Massoud : “Organiser des élections comme nous l’avons proposé aux talibans qui refusent car ils disent être majoritaires sur le territoire. Après les élections, moi je rendrai les armes, les talibans n’accepteront jamais.”

  2. Les Américains doivent avoir une drôle de conception de l’imitation…
    Parce que la contre-guérilla, c’est simple. Dure mais simple. Mais c’est pratiquement aux antipodes de ce qui est pratiquée an Afghanistan.
    Tant qu’on trouvera normale d’aller dégommer un pseudo tireur avec un missile à un million de dollar, ou de le bombarder avec un Rafale, il n’y a aucune chance de faire avancer les choses là-bas.
    Hors tout système d’assimilation qui est la base d’une contre-guérilla, la recette est bien connue depuis la guerre d’Algérie :
    – il faut du monde (500 000 hommes en Algérie, 100 000 en Afghanistan…)
    – il faut des troupes de terrain et projetables
    – il faut des durs pour crapahuter
    – il faut du renseignement
    – malheureusement, il faut accepter la casse : le zéro mort est incompatible avec le ratissage et l’étrillage : le ratio en Algérie tournait autours de un pour vingt…
    Bref, ce n’est pas en envoyant une compagnie se « balader » pendant deux jours puis camper dans une forteresse que la guerre se gagnera. Ni en les appuyant par des Rafales !
    L’Afghanistan aujourd’hui est déjà une guerre perdue : 9 ans d’incompétences… sans compter le problème d’homogénéiser autant d’hommes de cultures différentes (et je ne parle que des occidentaux).
    Ça fait juste du bien à certains officiers qui vont faire tranquillement un stage pour leur future École de Guerre…
    Le seul intérêt que j’y vois est que nos hommes de terrain s’aguérissent là-bas (sans compter le sur-entrainement donné avant) et ce sera bien quand le 9-3 demandera son indépendance…
    Une question au ministre des armées : pourquoi faut-il un an de préparation à un régiment PROFESSIONNEL de l’armée de terre pour atteindre le niveau opérationnel pour partir en Afghanistan ?
    Si demain on est attaqué, on demande une pause d’un an à nos attaquants pour qu’on s’entraine un peu avant ?
    À quoi sert notre armée aujourd’hui si des professionnels ne sont pas prêts ?

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