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Culture de mort : Idéologie du genre

Qui a peur de Fabienne Brugère ?

Dans un compte-rendu de lecture, Guillaume d’Alançon, délégué épiscopal pour la famille et pour la vie du diocèse de Bayonne, répond à Fabienne Brugère, disciple de Judith Butler et défenseur de l'idéologie du gender, qui fut invitée à une journée de formation par la Conférence épiscopale, invitation annulée suite à l'action médiatique lancée par Le Salon Beige. Elle vient de publier un ouvrage, dans lequel elle se demande si la peur des philosophes serait devenue un symptôme affectant les catholiques du troisième millénaire :

B"Oui, j’ai peur de la pensée de Karl Marx. Cent millions de morts, et ce n’est pas fini. Oui, j’ai peur de la pensée des maîtres d’Hitler. Oui, j’ai peur du goût exprimé de Fabienne Brugère pour les philosophes du XVIIIème siècle « Ecrasons l’infâme » disait Voltaire en parlant du christianisme. Cette hargne antireligieuse n’a-t-elle pas conduit au génocide perpétré par les républicains de l’an II ? De savantes études ont récemment révélé que Lénine avait étudié la stratégie exterminatrice des colonnes infernales envoyées en Vendée avant de l’utiliser contre son peuple.

Non, je n’ai pas peur de la grande Simone Weil, philosophe de l’attente de la vérité.

Non, je n’ai pas peur d’Aristote, de saint Augustin, de Sainte Edith Stein morte à Auschwitz.

« La religion a à apprendre de la liberté de pensée » pouvons-nous lire. A l’heure de la campagne médiatique appelant à l’interdiction des crèches dans les lieux publics, lancée par les adeptes de la « liberté de pensée », il y a lieu de s’inquiéter du contenu de cet apprentissage… La question de la liberté d’expression mérite bien d’être posée, mais pas forcément sur un mode relativiste. Voici comment je vous la pose Madame Brugère : « Etes-vous assez attachée à la liberté d’expression pour inviter, dans le cadre de vos interventions en milieu universitaire, des personnalités comme Mgr Tony Anatrella, psychosociologue et thérapeute bien connu, ou encore Ludovine de La Rochère, présidente de la Manif pour tous ? » Pour nous, catholiques, la liberté d’expression n’est pas un adage invoqué de manière incantatoire mais une éthique de la liberté inséparable de la recherche de la vérité. Un droit et un devoir qui marchent la main dans la main.

Revenant sur l’annulation de son intervention à la Conférence des évêques de France en mars dernier, Madame Brugère se dit déçue de l’inhospitalité dont elle pense avoir été victime n’étant pas « étiquetée catholique ». Le grand Henri Bergson aurait certainement fait honneur à l’assemblée réunie ce jour-là, et pourtant, que je sache, son nom n’apparaissait pas sur les registres de nos paroisses, à la différence de Brugère qui affirme : « J’ai moi-même reçu une éducation catholique ».

La référence à Vincent Peillon (qui affirmait : « on ne pourra jamais construire un  pays de liberté avec le catholicisme ») et à son projet de cours de morale laïque dévoile le visage liberticide de Brugère. Cette dernière affirme vouloir reprendre « la discussion autour de l’idée de morale laïque proposée par l’ancien ministre de l’éducation Vincent Peillon ». Voici ce que disait ce dernier : « Le but de la morale laïque est d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel …pour « permettre à chaque élève de s’émanciper », car « le but de l’école républicaine a toujours été de produire un individu libre ». Arracher… quelle violence ! Et en vertu de quel droit ? D’un droit issu de l’orgueil de se considérer comme la fine fleur de l’intelligentsia française ? Triste fleur qui ignore de qui elle reçoit sa beauté… Triste fleur qui au soir de sa vie sera fanée et verra s’éloigner les chimères cérébrales d’antan, et n’aura peut-être même plus la conscience assez nette pour regretter ses péchés… Et dire qu’on a pensé un jour pouvoir faire parler Madame Brugère devant un hémicycle de délégués diocésains à la pastorale familiale… Arracher l’enfant, ce mot résonne encore à nos oreilles, arracher l’enfant… Si c’est cela le « prendre soin »…

 

Dans un doucereux mais sévère réquisitoire contre ceux qui veulent « se former », le « philosophe » Brugère récuse à l’Eglise catholique le sens qu’elle donne à l’éducation de l’intelligence. Pour nous chrétiens, « se former » consiste à offrir une colonne vertébrale à l’intelligence humaine en partant de l’Ecriture Sainte et de la Tradition de l’Eglise. N’est-ce pas ce solide référentiel qui a donné à Saint Maximilien Kolbe, Soljenitsyne, ou encore l’abbé Georges Vandensbeusch plus récemment, la force de résister face aux totalitarismes nazi, marxiste et islamique ?

Le désir affiché de Brugère est de faire bouger les lignes sur le thème de l’altérité sexuelle, de « lancer de questionnements sociaux et éthiques » dans la perspective d’approfondir « l’amour du prochain et l’entraide » en revenant sur des thèmes comme l’avortement : « Ce n’est pas parce que vous êtes catholique que vous allez nécessairement être hétérosexuel, être contre l’accès des femmes à l’avortement et contre la théorie du genre ». Le propos est alors bien clair, et Fabienne Brugère n’avait effectivement rien à faire dans l’hémicycle de la Conférence des évêques une certaine journée de mars. Lesquels évêques l’ont bien compris puisque le Conseil permanent a décidé de retirer la malencontreuse invitation.

Une question se pose. Le « care », le « soin de l’autre », a-t-il un sens lorsque le respect du plus faible, du plus petit, du plus fragile, – l’enfant à naître – n’est plus assuré ? La présence de Brugère à une manifestation bordelaise pour l’avortement le 1er février dernier, notamment aux côtés du Parti communiste, constitue une véritable agression à l’endroit de ceux dont la conscience et la psychologie ont été blessées par l’avortement. En 2010, le sondage Ifop commandé par l’Alliance VITA indiquait que « pour 83% des femmes, l’avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre », sans parler des 7 à 8 millions d’enfants qui ont été éliminés en France depuis la sinistre loi Veil. Brugère déplore avoir été traitée en ennemie ; on se demande qui a dégainé le premier, et contre qui ? La réponse est brutale : contre les plus pauvres, les sans-défense, les bébés, ceux à qui on enlève le droit à avoir un père et une mère… La référence au service Famille et société de la Conférence des évêques de France ne suffira pas pour nous convaincre du contraire : « Monique Baujard, (…) qui m’avait contactée, m’a semblé très ouverte à la philosophie contemporaine. »

La pensée déconstructiviste de Brugère rejoint l’absurde d’où elle est partie : « Ils font de Judith Butler une théoricienne du genre car ils ne l’ont pas lue : sinon ils sauraient qu’elle déconstruit en même temps la catégorie du genre. » Judith Butler… destructrice de la « théorie du genre » alors que celle-ci veut apparaître comme la prophétesse de cette construction mentale déconnectée de la réalité ? Le rire est le propre de l’homme est-il écrit quelque part…

Nous conclurons en reprenant, une fois n’est pas coutume, le début d’une proposition de Fabienne Brugère : « Ce qui est intéressant, c’est de se laisser modifier… »

Oui, puisse le Christ modifier, transformer nos cœurs par l’amour et la vérité, afin que les penseurs de la « postmodernité » ne cherchent plus à déconstruire ce qui est, mais découvrent avec réalisme la soif de sagesse qui habite secrètement leur cœur.

Madame Brugère, vous êtes la bienvenue dans l’Eglise, votre Mère, et sachez que malgré tout des frères – et sœurs – vous attendent pour emprunter avec eux la voie de l’Enfant Prodigue. Domine non sum dignus…

« N’ayez pas peur ! » lança Jean-Paul II, le pape philosophe, quelques heures après son élection. Nous connaissons la suite."

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