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L'Eglise : Benoît XVI

Quand on en se met à la place de Dieu, tous les autres rapports sont altérés

Le pape a consacré hier sa catéchèse à l’article su Credo
concernant la foi dans le Père « Créateur du ciel et de la terre ». Extraits :

"[…] Mais aujourd’hui, nous pouvons nous demander : à l’époque de la
science et de la technique, parler de la création a-t-il encore un
sens ? Comment devons-nous comprendre les récits de la Genèse ? La Bible
ne veut pas être un manuel de sciences naturelles ; elle veut au
contraire faire comprendre la vérité authentique et profonde des choses.

La vérité fondamentale que nous révèlent les récits de la Genèse est
que le monde n’est pas un ensemble de forces opposées, mais qu’il a son
origine et sa stabilité dans le Logos, dans la raison éternelle
de Dieu, qui continue de soutenir l’univers
. Il y a un dessein sur le
monde, qui naît de cette raison, de l’Esprit créateur. Croire qu’il y a
cela à la base de tout, éclaire tous les aspects de l’existence et donne
le courage d’affronter avec confiance et espérance l’aventure de la
vie. L’Ecriture nous dit donc que l’origine de l’être, du monde, notre
origine n’est pas l’irrationnel et la nécessité, mais la raison, l’amour
et la liberté. D’où l’alternative : ou la priorité à l’irrationnel, à
la nécessité, ou la priorité à la raison, à la liberté, à l’amour. Nous,
nous croyons à cette dernière position. 

[…] Les récits de la création, dans le livre de la Genèse, nous
introduisent aussi dans ce mystérieux univers, nous aidant à connaître
le projet de Dieu sur l’homme. Ils affirment, avant tout, que Dieu a
formé l’homme avec la poussière de la terre (cf. Gn 2,7). Cela signifie
que nous ne sommes pas Dieu, que nous ne nous sommes pas faits tout
seuls
, nous sommes de la terre ; mais cela signifie aussi que nous
venons de la bonne terre, par l’action du Créateur qui est bon. Il faut
ajouter à cela une autre réalité fondamentale : tous les êtres
humains sont poussière, au-delà des distinctions opérées par la culture
et l’histoire, au-delà de toute différence sociale ; nous sommes une
même humanité formée à partir de la même terre de Dieu. Il y a ensuite
un second élément : l’être humain tire son origine de ce que Dieu a
insufflé une haleine de vie dans le corps qu’il avait modelé avec la
terre (Gn 2,7). L’être humain est fait à l’image et à la ressemblance de
Dieu (Gn 1,26-27).

Nous portons donc tous en nous le souffle de vie de Dieu et toute vie
humaine, nous dit la Bible, est sous la protection particulière de
Dieu. Voilà la raison la plus profonde de l’inviolabilité de la dignité
humaine contre toute tentation d’évaluer la personne selon des critères
utilitaristes et de pouvoir
. Le fait d’être à l’image et à la
ressemblance de Dieu, indique enfin que l’homme n’est pas enfermé sur
lui-même mais que sa référence essentielle est en Dieu.

Dans les premiers chapitres du livre de la Genèse, nous trouvons deux
images significatives : le jardin, avec l’arbre de la connaissance du
bien et du mal, et le serpent (cf. 2,15-17; 3,1-5). Le jardin nous dit
que la réalité dans laquelle Dieu a placé l’être humain n’est pas une
forêt sauvage, mais un lieu qui protège, nourrit et soutient ; et
l’homme doit reconnaître le monde non pas comme une propriété que l’on
peut piller et exploiter, mais comme un don du Créateur, un signe de sa
volonté salvifique, un don à cultiver et à préserver, à faire croître et
à développer dans le respect et l’harmonie, en suivant ses rythmes et
sa logique, selon le dessein de Dieu
(cf. Gn 2,8-15).

Le serpent est une figure qui vient des cultes orientaux de la
fécondité, qui ont fasciné Israël et ont constitué une tentation
constante d’abandonner la mystérieuse alliance avec Dieu. A la lumière
de ceci, l’Ecriture sainte présente la tentation que subissent Adam et
Eve comme le cœur de la tentation et du péché. En effet, que dit le
serpent ? Il ne nie pas Dieu mais il insinue une question sournoise :
« Alors, Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin
? » (Gn 3,1). De cette manière, le serpent introduit un soupçon en
faisant croire que l’alliance avec Dieu serait comme une chaîne qui lie,
qui prive de la liberté et des choses les plus belles et les plus
précieuses de la vie. La tentation devient celle de se construire seul
un monde dans lequel vivre, de ne pas accepter les limites propres à la
créature, les limites du bien et du mal, de la moralité ; le fait de
dépendre de l’amour créateur de Dieu est vu comme un poids dont il faut
se libérer. C’est toujours cela le cœur de la tentation.

Mais quand on fausse le rapport avec Dieu par un mensonge, en se
mettant à sa place, tous les autres rapports sont altérés. L’autre
devient alors un rival, une menace
 : Adam, après avoir cédé à la
tentation, accuse immédiatement Eve (cf. Gn 3,12) ; tous deux se cachent
de la vue de ce Dieu avec lequel ils conversaient comme des amis (cf.
3,8-10) ; le monde n’est plus un jardin où vivre dans l’harmonie, mais
un lieu à exploiter et dans lequel se cachent des pièges (cf. 3,14-19) ;
l’envie et la haine envers l’autre entrent dans le cœur de l’homme : un
exemple en est Caïn qui tue son propre frère Abel (4,3-9). En allant à
l’encontre de son Créateur, en réalité, l’homme va à l’encontre de
lui-même, il renie son origine et donc sa vérité ; et le mal entre dans
le monde, avec son pénible engrenage de douleur et de mort
. Et ainsi ce
que Dieu avait créé était bon, et même très bon, mais après cette libre
décision, en faveur du mensonge plutôt que de la vérité, le mal est
entré dans le monde.  

De ces récits de la création, je voudrais mettre en avant un dernier
enseignement : le péché engendre le péché et tous les péchés de
l’histoire sont liés entre eux
. Cet aspect nous amène à parler de ce
qu’on appelle le « péché originel ». Quelle est la signification de
cette réalité, difficile à comprendre ? Je voudrais seulement donner
quelques éléments. Nous devons tout d’abord considérer  qu’aucun homme
n’est enfermé en lui-même, personne ne peut vivre que par soi-même et
pour soi-même ; nous recevons la vie d’un autre et cela, non seulement
au moment de notre naissance, mais tous les jours.
[…]"

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