Partager cet article

Europe : politique / Pays : Pologne

Polexit ? Solidarnosc manifestera devant le siège de la Cour de Justice de l’UE

D’Olivier Bault dans Présent :

Les pressions de l’UE sur la Pologne sont si fortes que ce pays jusqu’ici « euroenthousiaste » voit naître un débat sur l’opportunité de rester dans le bloc rejoint en 2004. Si bien que le parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski, a tenu à faire une mise au point il y a une dizaine de jours, en publiant un communiqué pour assurer de sa volonté « que la Pologne soit membre de l’Union européenne tout en restant un Etat souverain ». Mais c’est bien là le problème : est-il possible pour un pays comme la Pologne de rester un Etat souverain dans l’UE ?

On se souvient de ces fameuses déclarations des collectivités locales polonaises contre l’idéologie LGBT. Réagissant à des « Déclarations LGBT+ » dans quelques grandes villes gérées par les libéraux, et notamment à Varsovie, des conseils régionaux et municipaux s’étaient engagés devant leurs administrés à ne pas suivre cette voie, c’est-à-dire notamment à respecter le droit des parents à élever leurs enfants selon leurs propres convictions en laissant l’école libre d’endoctrinement LGBT. Aujourd’hui, face au chantage aux fonds européens exercé par la Commission européenne, plusieurs voïvodies (régions) viennent d’annuler ou modifier ces déclarations. L’appel à revenir sur ces déclarations était venu d’un secrétaire d’Etat chargé des fonds européens au sein du gouvernement Morawiecki.

Dans ce contexte, on ne s’attardera pas sur la résolution du 16 septembre du Parlement européen qui faisait suite à celle adoptée deux jours plus tôt et par laquelle le Parlement exigeait que les « mariages gays » soient reconnus dans toute l’UE. La résolution du 16 septembre était plus spécifiquement dirigée contre la Pologne et s’attaquait à toutes sortes de choses, agitant dans tous les sens cet état de droit que les empiétements des institutions bruxelloises sur les compétences réservées aux Etats membres violent sans arrêt. On ne compte plus le nombre de résolutions de ce type contre la Pologne et la Hongrie au PE et l’on n’y fait même plus vraiment attention.

En revanche, il est difficile pour les Polonais de ne pas faire attention à l’ordonnance provisoire adoptée par la vice-présidente espagnole de la CJUE dans une affaire l’opposant à la Tchéquie. Attaquée pour les effets sur la nappe phréatique et l’état de l’air du côté tchèque de la frontière d’une mine de lignite à ciel ouvert en Basse-Silésie, la mine de Turów, la Pologne s’est vu intimer par ce juge en mai l’ordre d’arrêter son exploitation en attendant le jugement sur le fond. Le problème, c’est que cette mine alimente une centrale électrique couvrant entre 5 et 7 % de la consommation électrique polonaise ! Varsovie n’a donc bien sûr pas obtempéré, et le même juge, siégeant toujours en audience à juge unique comme c’est le cas pour l’adoption des mesures conservatoires, a donc décrété le 20 septembre une astreinte journalière de 500 000 euros que devra payer la Pologne tant que la mine de Turów restera en exploitation.

Le célèbre syndicat Solidarité a posé, après cette décision prise par un juge de la CJUE, la question du sens de l’appartenance à l’UE alors que les factures d’électricité des Polonais explosent déjà à cause des énormes fluctuations sur le marché des droits d’émission de CO2 mis en place par l’UE. Dans le cadre de la coalition gouvernementale Droite unie conduite par le PiS, plusieurs personnalités ont également posé la question du bilan financier de moins en moins favorable de cette appartenance à l’UE.

Pour couronner le tout, le plan de relance polonais est toujours en attente du feu vert de la Commission européenne. Or, certains membres de la Commission, tel l’Italien Paolo Gentiloni, chargé de l’économie, ont clairement laissé entendre que ce refus de débloquer les fonds du plan de relance « Next Generation UE » alloués à la Pologne était directement lié à la saisine du Tribunal constitutionnel par le Premier ministre Mateusz Morawiecki à propos de la compétence de la CJUE pour s’ingérer dans l’organisation du système judiciaire polonais.

Le 22 octobre, Solidarnosc manifestera devant le siège de la CJUE à Luxembourg. Tout un symbole !

Partager cet article

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services