Partager cet article

L'Eglise : L'Eglise en France

Pierre Pommeret, un prêtre marial pour la Miséricorde Divine

Pierre Pommeret, un prêtre marial pour la Miséricorde Divine

D’Antoine Bordier :

Il vient d’être ordonné prêtre, sous le feuillage verdoyant des platanes plus que centenaires du Domaine de La Castille. Ce dimanche 27 juin, ils sont 6 à avoir été ordonnés prêtres et 3 à être devenus diacres, en vue du sacerdoce. C’est Mgr Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, qui a procédé à leur ordination. Zoom sur l’un d’entre-eux, Pierre Pommeret, bientôt 39 ans.

L’Eglise de France, COVID oblige, procède comme l’année précédente, pour les diocèses concernés, et ils sont de moins en moins nombreux, à plusieurs vagues d’ordinations.

« Cette année, explique Mgr Rey, il y aura dix nouveaux prêtres pour le diocèse. Je viens d’en ordonner 6. Trois seront ordonnés en septembre. Et, il y en aura un dixième, qui sera ordonné au Brésil. La moisson est abondante, mais les ouvriers restent peu nombreux, c’est vrai. Nous faisons tout, ici, pour inverser la tendance baissière qui frappe toute l’Eglise de France et une partie de l’Europe. »

Le temps fastueux de l’Eglise de France qui voyait ses séminaires et ses centres de formations présents dans tous les diocèses (une centaine donc) est bel et bien révolu. En l’espace de 3 générations, depuis les années 50 et avec l’accélération post-soixante huitarde, leur nombre a été divisé par 4. Aujourd’hui, ils sont moins d’une trentaine de centres de formation, la plupart interdiocésains. Ce regroupement interdiocésain est vital. Certains diocèses, il y a peu, sauvegardaient tant bien que mal leur séminaire, alors que ne s’y trouvaient qu’une demi-douzaine de séminaristes. Pire, dans celui de la Sarthe, ou de Montauban, par exemple, il ne restait qu’un ou deux séminaristes. Il y a deux ans, on s’en souvient, le cardinal Jean-Pierre Ricard, lui-même, archevêque de Bordeaux, avait annoncé la fermeture de son séminaire. Elle est effective depuis septembre 2019. En tapant www.seminairedebordeaux.fr, le site est toujours actif, comme si le diocèse allait annoncer sa réouverture. Les pages du site sont belles, on y aperçoit une demi-douzaine de séminaristes, venant de trois diocèses différents. Aujourd’hui, dans toute la France, il y a à peu-près 800 séminaristes en formation. Pour cette année, l’Eglise de France a, déjà, commencé à ordonner une partie des 130 nouveaux prêtres millésimés 2021. C’est un bon cru. Le chiffre est en hausse par rapport aux années précédentes (126 en 2020, 125 en 2019 et 2018). Mais, il reste insuffisant face au nombre de prêtres qui décèdent (près de 800 par an) et face à ceux qui partent à la retraite après 75 ans. En tout, la France compte un peu moins de 11 000 prêtres (ils étaient 15 000 en 2015), dont 4 000 prêtres retraités. Il y a presqu’autant de paroisses, ou de communautés paroissiales, pour 42 000 clochers. Et, le nombre de catholiques pratiquants serait tombé en dessous des 2 millions. Le Covid a amplifié le phénomène baissier. L’Eglise est en crise.

Un prêtre pour notre temps

Cette situation alarmante ne taraude pas le nouveau prêtre, qu’est Pierre Pommeret. Avec ses coreligionnaires, il a gravi, pendant les années de formation à La Castille, une à une les marches qui l’ont amené au sacerdoce. Ce dimanche 27 juin, sous le soleil éclatant du Var, il sort de la chapelle du séminaire, où il a confirmé son engagement au sacerdoce auprès de Mgr Dominique Rey. Il est 16h00, la cérémonie et la Messe d’ordination vont durer plus de deux heures et demi. Une partie de l’allée du château et la prairie attenante ont été transformée en cathédrale de verdure. Un énorme autel trône en-dessous des platanes centenaires qui forment avec leurs branches enfeuillées une voûte naturelle où l’ombre et la lumière se faufilent. Près d’un millier de fidèles, sur les deux mille attendus, attendent que la procession d’une centaine de prêtres et de clercs, entourant les futurs ordonnés, s’élancent aux sons des orgues, des trompettes, des violons et violoncelles. Dans l’assemblée, les parents de Pierre, Eric et Casilda, sont là. Il y a, aussi, ses frères et sœurs, et, leurs familles. C’est un jour de fête pour l’Eglise, la famille, et, peut-être pour la France (?). Le lendemain de son ordination, le lundi 28 juin, à 11h00, Pierre célèbre sa première messe dans la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. Cette basilique est un patrimoine architectural incroyable. C’est le plus grand et le plus majestueux de Provence. Selon la tradition de l’Eglise, le tombeau de Marie-Madeleine s’y trouve. Marie-Madeleine, c’est la plus célèbre des prostituées. Lors de sa conversion, la grande pécheresse est devenue sainte. Purifiée, elle a suivi le Christ jusqu’au pied de la croix. Elle a bénéficié d’une grâce unique : celle d’être la première, toujours selon la tradition, à le voir ressusciter. C’est dans cette basilique, que Pierre a commencé à servir l’Eglise en tant que diacre, avant de devenir prêtre. C’est là qu’il y célèbre sa messe d’adieu, avant de partir vers sa nouvelle affectation, à Toulon. Devant les enfants, élèves de l’école-privée, il parle du Sacré-Cœur, de l’amour de Dieu, de la Miséricorde et de sa nouvelle vie. « Je suis sur un petit nuage, depuis hier », raconte-t-il. Né à Paris, en 1982, il a vécu toute son enfance à Versailles. Il est le second d’une fratrie de six enfants. Il a grandi dans une famille chrétienne.

« Oui, c’est vrai ma famille est très engagée dans l’Eglise, aujourd’hui, mais cela n’a pas toujours été aussi intense. Il y a eu tout un cheminement. Notamment, une conversion profonde de mes parents où leur foi est devenue très vivante. »

A la fin des années 80, ses parents, Eric et Casilda, font une rencontre essentielle, qui va progressivement et profondément changer leur vie : celle avec le Renouveau Charismatique. Pierre grandit, ainsi, dans cet univers familial et s’engage, lui-aussi, dans la Communauté de l’Emmanuel.

Une vocation mûre et profonde marquée par les JMJ

« Adolescent, au sein du groupe Ressuscito, j’ai découvert la puissance de Dieu. » Pierre est ébranlé à plusieurs reprises par des manifestations incroyables, lors de ces soirées de prières à la fois festives, musicales et où le silence, lors de l’adoration eucharistique, vient recouvrir de son fin manteau acoustique cette jeunesse exubérante, bruyante, qui ne demande qu’à s’exprimer. Pierre y expérimente « la puissance de l’Esprit Saint ». Dieu frappe à sa porte dès l’âge de 10 ans.

« Je m’en souviens, comme si c’était hier. C’était à Versailles, à la maison, dans ma chambre. Le Seigneur m’a visité un soir, après un temps de prières. J’ai reçu un message très clair ce soir-là. Le Seigneur m’a fait goûter la puissance de son amour. J’ai, aussi, à ce moment-là, reçu un signe : celui du mystère de la croix. »

Pierre n’en dira pas plus. Pudique et secret, il garde soigneusement dans son cœur, à l’abri des regards indiscrets cette « visitation ». Pour autant, il n’assimile pas cette « visitation » à un appel au sacerdoce. Pendant son adolescence, il vit comme les jeunes de son temps. Entre ange et démon, entre le bon grain et l’ivraie, il vivote. Il fait, également, les 400 coups. Au lycée, il traîne un peu, fait l’élève cabochard. Il obtient, finalement, son bac. Puis, il s’oriente vers le cinéma et entre à l’école Louis-Lumière pour devenir ingénieur du son.

« Il n’était pas question que je rentre au séminaire. Je n’y pensais pas. J’avais des copines et je vivais ma vie d’étudiant, comme les autres. »

Lors des JMJ de Cologne, en Allemagne, en 2005, Pierre fait l’expérience de la Miséricorde et de l’Adoration. Puis, il ressent un appel au célibat.

« Depuis mes 10 ans, l’appel de Dieu a travaillé en moi secrètement. Puis, 13 ans plus tard, cet appel revient avec la conviction que je serai heureux dans l’Eglise. »

Pierre finit ses études et commence sa vie professionnelle. Il rentre chez TF1. La question du sacerdoce le taraude, mais il n’y donne pas corps. Il travaille 4 ans au siège de la chaîne, à Issy-les-Moulineaux. Pendant ce temps-là, il fait la rencontre d’un groupe, l’Alliance mariale, à Paray-le-Monial.

« L’objet de ce mouvement est de travailler à la formation d’apôtres pour les derniers temps, avec l’engagement du chapelet »

Pierre a 25 ans. Ce groupe l’aiguille un peu plus vers la vocation sacerdotale.

La décision et les 3 blancheurs

Il est 15h00, ce Vendredi Saint, 21 avril 2011. A cette heure précise où l’Eglise commémore la mort du Christ sur la croix, Pierre « décide d’entrer au séminaire, et, de consacrer sa vie à Dieu. » Il est en retraite dans l’abbaye bénédictine de Saint Joseph de Clairval, à Flavigny-sur-Ozerain. A l’ombre de saint Benoît et de sa règle « Ora et Labora », prie et travaille, Pierre prend la décision d’aller travailler à la vigne du Seigneur. Mais pour cela, il faut retourner à l’école. « A 28 ans, je rentre au séminaire de La Castille, dans le diocèse de Fréjus-Toulon, là où je serai ordonné. » Il résumé ses 10 années par cette phrase qui en dit long : « Il s’agit de revêtir un homme nouveau ». Il faut comprendre : un homme christique. Ses 10 années sont

« des épreuves permanentes. Pour moi, en tout cas, l’épreuve a été permanente. Et, je recevais, aussi, des grâces. J’avais la conviction, face aux épreuves, que c’était bien là où m’attendait le Seigneur. »

Pierre parle, ensuite, de Don Bosco, de son songe, et, des trois blancheurs.

« Il faut, toujours, rechercher à être obéissant au Saint Père. On est libre, on peut avoir ses idées, mais, on reste obéissant. La deuxième blancheur est celle de la Très Sainte Vierge Marie. C’est notre maman. C’est la mère des prêtres, la mère de l’Eglise. Il faut la prier. Et, puis, la troisième blancheur : l’Eucharistie. L’Eucharistie, c’est le cœur de Jésus qui bat sur la terre. Il faut l’adorer. »

Pierre semble heureux, avec sa barbe noire où pointent déjà quelques blancheurs, dans sa soutane rehaussée d’un col-romain tout blanc, tout neuf. Il y a quelques mois sa barbe ressemblait à celle d’un prêtre orthodoxe ou d’un ermite. Aujourd’hui, ce « bébé-prêtre » porte son regard vers la nouvelle mission qui l’attend. Il porte, aussi, son regard sur l’actualité, sur notre temps, sur notre monde éprouvé. « Dieu nous aime, et, Il nous éprouve. Il attend que nous retournions vers Lui. » Son vœu le plus cher : « La sainteté ! C’est la présence de Dieu en nous. » Son saint préféré est saint François d’Assise.

« C’est un autre Christ. J’aime, aussi, Anne de Guigné, et, le bienheureux Carlo Acutis. Enfin, on ne parle pas beaucoup du bienheureux Edouard Poppe. Mais, il a eu un rayonnement immense sur la jeunesse et la sainteté des prêtres. »

En citant ces quelques saints, le nouveau berger, Pierre Pommeret, façonne un peu sa ligne missionnaire. Il veut être un « apôtre de la Croix, de l’Eucharistie et de la Miséricorde. » Membre de l’Alliance Mariale, il est, déjà, un disciple avec le chapelet qu’il prie tous les jours. La Vierge Marie, la maman des prêtres, veille sur lui.

Textes et photos réalisés par Antoine BORDIER, Consultant et Journaliste Indépendant

Partager cet article

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services