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France : Société

Persécution sanitaire

Persécution sanitaire

Je vous livre ce témoignage reçu d’un lecteur :

20h30. Après ma journée de travail au cabinet, je sors marcher quelques minutes pour apaiser toutes les tensions accumulées dans la journée… et pour prier.

Je croise Manon*, une connaissance qui habite à deux rues de chez moi. La conversation s’engage :

« Bonsoir Manon, ça va ?

Non, ça ne va pas. Ça ne va pas. Ils m’ont enlevé Inès et Véronique. »

Inès et Véronique, ce sont deux femmes hébergées en famille d’accueil chez Manon et Thomas. Inès est arrivée il y a 3 ans, depuis l’hôpital psychiatrique du coin. Elle a 26 ans. Elle ne parlait pas en arrivant, elle était prostrée toute la journée. La MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) avait conclu pour elle à une orientation de vie en FAM (foyer d’accueil médicalisé). Après 3 ans passés chez Manon et Thomas, Inès parle, chante ; il faut la motiver pour tout, mais elle a fait de gros progrès. Elle fait partie de la famille, elle connaît la maison par cœur, et les enfants de Thomas et Manon. Véronique est arrivée il y a 15 jours. La cinquantaine, elle a sombré dans l’alcool après avoir eu des déboires conjugaux. Une femme marquée par la vie, qui vient vivre le quotidien d’une famille toute simple… et quitter ainsi les quatre murs de l’hôpital psychiatrique.

« Ils nous les ont enlevées, parce qu’on n’a pas voulu se faire vacciner contre le Covid. Hier soir une infirmière m’appelle :  ̎ Je ne devrais pas vous appeler, mais sachez qu’on vient d’avoir une réunion de service ; ils vont venir chercher Inès et Véronique ce soir, comme vous n’êtes pas vaccinés ̎. Je suis en panique. Comment est-ce possible ? Je ne m’y attendais pas. Je ne suis pas soignante, je ne suis pas concernée par l’obligation vaccinale de ce 15 septembre. Je ne mets jamais les pieds à l’hôpital ; d’ailleurs l’hôpital ne m’a jamais donné de formation pour être famille d’accueil. Et les personnes que j’héberge, je les reçois chez moi, en lieu privé ! J’appelle mon mari :  ̎ Qu’est-ce qu’on fait ? – Tu les emmènes avec toi, allez-vous balader ; il n’est pas question qu’elles partent comme ça en une minute ! Et imagine le choc pour elles… et je dis à l’infirmière que ce n’est pas la peine de venir les chercher ce soir, elles ne sont pas à la maison. ̎ On avait bien reçu une lettre recommandée avec AR en début de semaine, nous parlant de la vaccination, mais on avait répondu par une lettre R/AR qu’on n’était pas soignants, et qu’on n’était pas concernés par l’obligation vaccinale. On espérait une discussion, une réponse à notre lettre… Ce matin, rebelote ; l’ambulancier nous appelle :  ̎ Préparez leurs affaires, on vient les chercher.  ̎ Préparer leurs affaires, en 30 minutes ? Alors qu’Inès a passé 3 ans chez nous ? Mon mari prend le combiné :  ̎ Je ne vous les laisse pas si vous n’avez pas d’ordre de mission ; elles sont sous notre responsabilité, on ne les laisse pas à n’importe qui sans ordre de mission.  ̎ Dans la journée, il appelle le directeur de l’hôpital, qui ne l’écoute pas et lui raccroche au nez. Toute la journée, la mort dans l’âme, je les ai préparées au départ. Il faut motiver Inès, qui rechigne pour tout faire. Et lui dire, les larmes aux yeux, sans les lui laisser voir :  ̎ Mais tu verras, tu auras une super vie, sans doute ; ce n’est pas le chemin que tu pensais, on pensait t’accompagner jusqu’à ce que tu aies trouvé un endroit où passer ta vie… Mais ça sera différent…  ̎ Il faut soutenir le regard de Véronique, qui nous en veut parce qu’on n’est pas vaccinés, et qu’à cause de cela, elle doit repartir à l’hôpital… Et ce soir, à contre-cœur, les voir repartir dans l’ambulance. Inès chante :  ̎ Chacun sa route, chacun son chemin  ̎… Je viens de perdre mon travail, et du même coup deux femmes fragiles voient s’écrouler ce qu’elles construisaient tout juste… »

Je quitte Manon en colère, triste, démunie. Tant de souffrances… tant de déchirements. Et comme toujours, ce sont les plus petits qui font les frais des remous de notre société. Je rentre chez moi soucieuse. Le clocher de l’église sonne 21h. En passant, je regarde le crucifix de fer forgé : « Ô Crux Ave, spes unica »… Le Juste a souffert l’injustice pour tous les autres justes ;« Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes… » (Is 53, 11)

Je suis médecin ; je ne vous écris pas pour vous donner mon avis sur ce fameux vaccin. Je n’écris pas au nom de Manon et Thomas, qui ne m’ont rien demandé. Je vous partage, le cœur serré, les injustices de notre monde ; je parle au nom de ces petits dont nous sommes tous responsables, « maltraité[s], il[s] s’humilie[nt], il[s] n’ouvre[nt] pas la bouche » (Is 53, 7), ces petits que je vois chaque jour dans mon cabinet, et qui souffrent, qui ont peur, ces petits qui sont perdus.

« Ô Crux Ave, spes unica »… Voilà la grande espérance, comme une ancre à laquelle je m’accroche chaque jour.

*Pour des raisons de confidentialité, les prénoms ont été changés.

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