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Bioéthique

Pères, pardonnez-leur…

Pères, pardonnez-leur…

« Maintenant qu’il est loin d’ici
En pensant à tout ça, je me dis
J’aimerais bien qu’il soit près de moi
Papa. »
(Daniel Guichard, Mon vieux)

Aujourd’hui un de mes amis est devenu père, un statut en voie de disparition. Oui, Freud relève-toi, ils sont devenus fous. L’âge d’or de la psychanalyse a laissé son empreinte, notre monde a bien acté qu’il fallait pour se construire « tuer le père ». Seulement pourquoi s’arrêter là ? Ce monde n’est que progrès, ce progrès n’est que destruction. Le père va disparaître sous la nomenclature de fabricants de réalité, sous le vocable anesthésiant de « bioéthique » et les coups de boutoir d’une industrie prétendant fabriquer des humains.

« Mon père, ce héros au sourire si doux » : nous sommes bien éloignés de l’hommage filial qu’exprime Victor Hugo dans La légende des siècles. C’est ce fameux poème, vous savez, cet « Après la bataille » qu’achève le célèbre « Donne-lui tout de même à boire, dit mon père ». Mais de nos pères à nous que restera-t-il, après cette bataille visant à les effacer ?

Que répondra le monde aux enfants perturbés d’avoir été privés au nom de l’égoïsme d’une figure paternelle, masculine, naturelle ? La vie, parfois cruelle, a fait des orphelins. Papa partis trop tôt, ou hommes indignes ayant abandonné leur familles, divorce, maladie, violence ou tromperie, les fléaux ne manquent pas pour frapper une famille. Aux victimes de ces drames s’ajouteront prochainement les fils et filles cobayes, conçus tels des chimères pour des buts chimériques, ignorant qu’il existe des hommes de bien capables de fonder des foyers, de chérir leurs épouses, d’accueillir leurs enfants, de leur tenir la main, de les accompagner. De les aimer.

Le père n’est pas une composante de produit de consommation, un élément dont on ne ferait que prélever l’adn pour fabriquer un être. Son travail, son rôle consiste à incarner dans un premier temps une présence rassurante et protectrice. Il est celui dont le sourire et l’encouragement ravissent et galvanisent. Puis il devient celui qui en douceur éloigne les illusions, équilibre les idéaux et révèle sa propre imperfection. C’est sans doute un peu ça, l’âge adulte : lorsque, quittant l’enfance, on découvre, douloureusement parfois, que son père est humain. C’est sans doute un peu ça, ce que Freud appelait, maladroitement sûrement, « tuer le père ». C’est aussi cela que le monde « bioéthique » prétend abolir, au seul motif que le progrès le permet et que ses partisans le réclament. Pères, pardonnez-leur, ils vous ont reniés.

Aujourd’hui un de mes amis est devenu père. C’est une grande joie pour son épouse, pour lui et pour leur enfant. Aujourd’hui un enfant est devenu fils, le sourire de sa mère fatiguée mais heureuse le contemple, le regard ravi de son père l’admire. Un jour son père lui montrera qu’il n’est qu’un homme, et lui embrassera le tout : le père et l’homme, le « Héros au sourire si doux ».

Pour les futurs orphelins nés de la « bioéthique », qu’adviendra-t-il ? Ils se tourneront vers ce monde, ils regarderont les apprentis-sorciers qui les ont fabriqués et ils diront : « Si nous n’avons plus de père, alors dites-nous qui tuer ? » Et les sorciers trembleront.

Vox confinati

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