Partager cet article

Religions : L'Islam

Père Boulad : « Le petit pays qu’est la Hongrie peut faire basculer l’Europe, et j’ai l’intention de m’y investir ! »

Le père Henri Boulad est né à Alexandrie en 1931. Il est issu par son père d’une famille syrienne chrétienne qui vivait à Damas depuis des siècles et qui a dû fuir vers l’Egypte lors de massacres perpétués contre les chrétiens en 1860 au cours desquels 20.000 chrétiens ont été tués. En 1950, Henri Boulad entre à l’âge de 19 ans au noviciat des jésuites à Bikfaya au Liban. De 1952 à 1957, il vit en France ou il fait une formation littéraire à Laval puis en philosophie à Chantilly, au cours de laquelle il découvre Teilhard de Chardin. Après un cycle d'études théologiques de 1959 à 1963 au Liban, il est ordonné prêtre en 1963. En 1965, il obtient un doctorat en psychologie à l'université de Chicago. Revenu dans son pays en 1967, il devient supérieur religieux des jésuites d'Alexandrie, puis provincial des jésuites du Proche-Orient, et enseigne la théologie au Caire. Il est fortement engagé au service des déshérités, chrétiens et musulmans. En 1982 puis une nouvelle fois en 1996, il est décoré par la France pour son œuvre éducative et son engagement auprès des plus démunis. Cet engagement se poursuit jusqu’à aujourd’hui avec notamment son implication dans Caritas.

Au mois de mars 2017, le père Henri Boulad a passé deux semaines en Hongrie où il a donné deux retraites spirituelles et plusieurs conférences sur différents sujets. A l’occasion de ce séjour, il a reçu la nationalité hongroise et a rencontré le premier ministre hongrois Victor Orban.

Dans cet entretien, le père Henri Boulad explique ses motivations pour avoir demandé la nationalité hongroise, donne sa vision de l’Europe et de l’Islam, et adresse un message aux chrétiens européens et aux Français.

DSC03548Propos recueillis par Philippe Pellet [1]

Vous venez d’acquérir la nationalité hongroise. Quelles ont été vos motivations ?

Tout a commencé le mois dernier par une visite du vice premier ministre hongrois pour me remettre de la part du premier ministre Victor Orban une décoration et une invitation à venir en Hongrie. Lors de cette visite, le vice premier ministre m’a demandé si j’avais un désir quelconque, l’idée m’est alors venue de demander la nationalité hongroise… Il faut savoir que depuis des années – je me rend fréquemment en Hongrie depuis 1992 – j’aime le peuple hongrois par sa profondeur, son enracinement chrétiens, sa conviction et son attachement à des valeurs humaines. Les Hongrois m’apprécient aussi, la Hongrie est le pays où le plus grand nombre de mes livres ont été traduits.

Je trouve que Victor Orban est très courageux par sa position pour sauver l’héritage de son pays et de l’Europe face à cette immigration folle vers l’Europe. Comment se fait-il que l’ensemble des pays européens soient dans une toute autre direction ? Les raisons sont surtout idéologiques – cela n’a rien à voir avec l’Evangile ni l’accueil de l’étranger – idéologie libérale qui consiste à tout accepter et qui dissout toutes les identités par le multiculturalisme et la mondialisation. La Hongrie n’est pas tombée dans ce piège.

Je ne savais que Victor Orban me connaissait et avait lu mes livres. Lorsque nous nous sommes rencontrés le 16 mars dernier, Il m’a dit : travaillons ensemble, on peut faire quelque chose ensemble. Jamais je n’avais pensé à cela. Je me suis donc dit : une porte s’ouvre, c’est providentiel. Victor Orban et moi partageons la même vision, nous pouvons ensemble imaginer une autre Europe et réfléchir à quelle stratégie mettre en place pour l’orienter dans une autre direction que celle où elle est en train de sombrer. Je crois que ce petit pays de 10 millions d’habitants qu’est la Hongrie peut faire basculer l’Europe, et il est en train de la faire basculer, et j’ai l’intention de m’y investir !

Quel sentiment cela vous procure-t-il d’être devenu hongrois ?

Ce n’est pas uniquement d’ordre sentimental, c’est beaucoup plus profond. Car au-delà de l’obstacle de la langue que je ne connais pas et que je connaîtrai sans doute jamais, il y a une communion des valeurs, un sentiment que nous sommes sur la même longueur d’onde, que nous pensons la même chose. Je dirai donc que cette nationalité concrétise ma sympathie et empathie spontanée avec le peuple hongrois dans lequel je sens une sincérité profonde, une honnêteté.

Je ne crois pas au hasard, je crois à la Providence. Le fait que Victor Orban m’ait envoyé jusqu’à Alexandrie son vice premier ministre pour m’inviter, c’est un signe de Dieu, je le prends comme tel. Et tant que le Seigneur me donne un peu de santé et une tête qui fonctionne assez bien, je veux m’investir ! Il n’y a pas une minute à perdre, nous sommes devant des enjeux énormes. Et donc c’est au-delà du sentiment, c’est pour moi une obligation, un devoir, c’est un signe donné par Dieu qui me dit : engage-toi, j’ai besoin de toi. Moi qui ne suis rien, qui vient d’Egypte, qui ne connait pas la langue, et bien pourquoi pas. Puisque le Seigneur m’ouvre une porte, j’entre !

A suivre

[1] Philippe Pellet est franco/hongrois, marié et père de cinq enfants, installé en Hongrie depuis 2005 après avoir vécu en France.

Partager cet article

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services