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France : Politique en France

Patrick Buisson : l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen ne peut plus être exclue

Patrick Buisson :  l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen ne peut plus être exclue

Dans un entretien au Point paru aujourd’hui, le spécialiste des sondages électoraux Patrick Buisson déclare :

Une élection présidentielle, c’est la construction d’un agenda politique appuyée par une vaste ingénierie de formatage de l’opinion qui s’apparente à du concassage mental. Il s’agit de transformer le scénario souhaité par une minorité en scénario souhaitable au regard du plus grand nombre. Le duel Macron-Le Pen était jusqu’ici le scénario souhaité parce qu’on l’estimait sans risques, dussent les médias souffrir d’une narration sans suspens et dépourvue de dramaturgie. Sauf qu’aujourd’hui, et à la surprise quasi générale, l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen ne peut plus être exclue. La dernière enquête de l’Ifop lui accorde 45 % des intentions de vote, alors qu’aucune étude ne l’avait donnée à plus de 41 % dans l’entre-deux-tours de 2017. Rappelons que Macron l’a emporté avec un écart de plus de 10 millions de voix et de 32 points. Si l’on en croit l’Ifop, l’écart ne serait plus que de 10 points, soit, à niveau équivalent de suffrages exprimés, un peu plus de 3 millions de voix. Pour annuler cet avantage, il faudrait un déplacement d’un million et demi de suffrages. Autrement dit, une mini- secousse à l’échelle de la géomorphologie électorale.

Marine Le Pen est encore loin du compte…

Il faut inclure l’effet de seuil, qui est d’ordre psychologique. A 40 %, la candidature Le Pen n’intéresse personne, à 45 %, elle suscite des interrogations, à 47 %, elle mettrait en mouvement l’immense armée des ambitieux et des habiles, des carriéristes et des opportunistes. Et c’est là que tout devient possible.

Selon vous, Marine Le Pen a-t-elle les capacités d’être élue ?

Force est de constater que les obstacles objectifs à l’élection de Marine Le Pen sont désormais largement exogènes. Il y a, d’une part, les menaces que ferait peser cette élection sur la paix civile, la crainte de mouvements de rue, plus d’ailleurs du côté de l’extrême gauche que de la communauté musulmane, et, d’autre part, l’interrogation persistante sur les ressources politiques et humaines nécessaires à l’exercice du pouvoir.

L’émergence d’une autre personnalité est-elle envisageable ?

Quand on compare le potentiel idéologique du RN, qui rassemble deux Français sur trois sur les questions de la sécurité, de l’immigration, de l’attitude à l’égard de l’islam ou encore sur ce qu’on appelle plus généralement les valeurs, et son point de culmination électoral, qui n’a jusqu’ici jamais dépassé un tiers des votants, on se dit que le patronyme Le Pen n’est sans doute pas étranger à cette distorsion. Un candidat, ou une candidate, non issu du RN mais soutenu par lui ne se heurterait pas au même plafond de verre. Il aurait, à n’en pas douter, toutes les chances de battre Macron en 2022. […]

Sur cette personnalité externe, Marine Le Pen répond dans un entretien à 20 Minutes :

Vous avez déclaré avoir « envie d’être candidate » en 2022. Est-ce que vous vous êtes posé la question de savoir si ce n’était pas vous le problème ?  D’après Robert Ménard, votre candidature serait « l’assurance pour Monsieur Macron d’être réélu »…

On me ressort toujours la même personne. Il y a Ménard, Ménard, Ménard, Ménard… Dont on a appris pour finir, que le nouveau visage, il l’avait trouvé, c’est celui de sa femme [Emmanuelle Ménard, députée de l’Hérault élue avec le soutien du RN]. Est-ce que c’est sérieux ? Notre fonctionnement est démocratique. Au prochain congrès, nos adhérents éliront le président du mouvement, qui sera notre candidat à la présidentielle. S’il y a quelqu’un de mieux que moi, il gagnera le congrès, je lui céderai la place et je ferai sa campagne. Je n’ai aucun problème avec ça.

Vous n’avez donc pas de doutes personnels sur votre candidature ?

On me pose la question comme si c’était une envie personnelle, comme si je ne pensais qu’à ça. Je sais bien que le chemin ne va pas être parsemé de pétales de roses. Je connais la situation du pays et je pense qu’elle est bien plus grave que ce qu’en perçoivent les Français. Donc est-ce que j’en ai personnellement envie ? Ce n’est pas le sujet, mais j’ai envie de changer les choses, car rien n’a été tenté.

Certains évoquent un plafond de verre, qui vous empêcherait de l’emporter au second tour en 2022…

Aujourd’hui, on n’est pas du tout dans les mêmes circonstances qu’en 2017. La perception d’Emmanuel Macron n’est pas la même. Le côté « moi ou le chaos », qu’il a joué à la présidentielle de 2017, est un peu compliqué à défendre avec ce qui se passe dans les rues tous les samedis. Pour l’instant, c’est lui le chaos, tout le temps, toutes les semaines. Le plafond de verre, ça n’existe pas. C’est ce qu’on nous disait à Hénin-Beaumont, et on a fini par gagner. On a fait une avancée spectaculaire dans les sondages pour 2022, en quelques mois, on a pris 14 points. Il nous en reste 5 à prendre, en deux ans et demi, ça peut être faisable.

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