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Liberté d'expression

Pas de liberté de conscience pour les pharmaciens

Témoignage d'une pharmacienne licenciée :

"Je suis pharmacien d’officine. J’ai eu mon diplôme il y a deux ans et j’exerce depuis ce temps-là en officine. Les études de pharmacie constituent une étape importante et tout au long du cursus universitaire, on vous apprend à vous défaire à l’entrée de l’officine de votre « blouse », celle de vos convictions et de votre conscience, et à la reprendre en repartant.

Mais plus ma conscience se formait et se rectifiait en éclairant toutes ces questions relatives à la vie, plus nombreux devenaient les conflits intérieurs lors de la vente des médicaments contraceptifs, abortifs (contraception d’urgence, stérilets, etc..) de même que pour les médicaments pour les PMA (fécondation in vitro).

C’est lors de l’Université de la Vie organisée par Alliance Vita en janvier 2013 que cette « cocotte-minute » intérieure a littéralement explosé. J’ai alors décidé de m’entretenir avec mon employeur de mon malaise face à tous ces médicaments qui touchent à la vie. Et grande surprise, j’ai découvert que lui-même avait remarqué mon drame intérieur qui se manifestait extérieurement sans que je le réalise. Il a donc voulu savoir le pourquoi de ce mal être. Nous avons pu alors discuter librement et je lui ai dit tout simplement que tous les soirs je rentrais chez moi en me disant que j’avais encore travaillé contre ma conscience et qu’au lieu de servir la vie, en choisissant ce métier je la détruisais! C’est alors qu’il m’a proposé d’échanger avec lui ou d’autres collègues les demandes et prescriptions concernant ces produits et aussitôt il appela mon collègue pour l’en informer. Je ne peux vous décrire la joie et le soulagement que cela fut pour moi. Je pouvais désormais aller travailler en paix et avec grand sourire.

Et cela dura sans problème jusqu’au mois de juillet 2013. Bien évidemment il y eut des incompréhensions de la part de certains collègues mais aucune résistance. Le fonctionnement était « simple » : lorsque j’avais ces demandes, je répondais « je vous laisse voir avec mon collègue ». En juillet dernier, il a été question que je change de pharmacie, (notons que cette pharmacie appartient à un groupement informel avec d’autres pharmacies), pour aller dans une autre du groupement. C’est après le changement que les choses ont commencé à se compliquer dans la mesure où le nouveau titulaire ne comprenait pas mon refus et n’envisageait pas une possible substitution d’exécutant.

J’ai travaillé dans cette pharmacie deux jours au cours desquels je n’ai eu aucune de ces demandes puis je suis partie en vacances. Cela m’a donné l’occasion de réfléchir et de mûrir ma position. De retour, j’ai réitéré ma demande et redis mon incapacité à délivrer les produits qui détruisent la vie, les contraceptifs ne rentrant pas dans cette catégorie. Et là il a accepté! Joie, et fête à nouveau!! Seulement ce fut de courte durée et il revint me voir avec un courrier d’avertissement me disant qu’une patiente s’était plainte qu’en tant que pharmacien je n’avais pas voulu lui délivrer la pilule du lendemain. A cette date ce n’était pas possible puisque j’avais substitué avec lui-même des demandes de stérilets mais pas de pilule du lendemain : il ne pouvait donc y avoir de plainte possible de la part d’une patiente. C’est alors qu’il m’a présenté le courrier comme permettant une protection vis à vis de l’Ordre des Pharmaciens : dans le cas où ils recevaient un courrier de l’Ordre, ils pourraient alors rétorquer être au courant de l’incident. Ce qui était totalement faux et constituait en réalité la première étape d’une procédure de licenciement. Douze jours après, je suis de nouveau convoquée et cette fois-ci pour une mise à pied conservatoire de deux semaines, parce qu’une cliente leur aurait envoyé un courrier de menace de plainte à l’Ordre parce que j’ai demandé à une collègue préparatrice de répondre à la demande de pilule du lendemain au lieu que ce soit moi qui la serve.

Et depuis je suis dans cette procédure, toujours en attente de leur décision finale, sachant qu’ils m’avaient expressément manifesté leur désir de mettre fin à la collaboration. Ce qu’ils ont matérialisé en embauchant une personne qui commençait le jour de ma mise à pied. Il ne me reste plus qu’à chercher des officines où les employeurs, sans forcément partager ma position (l’idéal c’est que cela leur fasse prendre conscience sur la réalité de l’atteinte à la vie!!) me laissent travailler selon ma conscience. Chose pas forcément simple!"

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