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Médias : Désinformation

Papauté : la désinformation bat son plein

Extraits d'un excellent article de Philippe Maxence sur l'un de ses blogs, Caelum et Terra :

"Je
ne suis pas vaticaniste et, vu ce qui se passe depuis une semaine (et
même un peu plus) j’en remercie le Ciel. Le métier de vaticaniste n’est
pas facile. Il faut connaître non seulement les rouages de l’Église,
mais aussi les hommes de l’Église. Ceux qui sont à Rome ; ceux qui ont
été à Rome ; ceux qui ne sont pas à Rome ; ceux qui pourraient être à
Rome et, enfin, ceux qui rêvent d’être à Rome. Il faut aussi connaître
la doctrine de l’Église. Au minimum son petit catéchisme, même si
celui-ci a disparu. On se consolera avec le Compendium, mais l’ont-ils lu ? À
part, un très très petit nombre de vaticanistes, personne n’avait prévu
l’élection du cardinal Bergoglio au siège de Pierre. Et moi qui ne suis
pas vaticaniste, je ne l’avais pas prévu non plus.

[…] Non, mais c’est une critique du bal des girouettes auquel nous assistons. Nous
lisons sous la plume de sérieux vaticanistes – ceux qui hier se sont
trompés du tout au tout et qui aujourd’hui n’en font nullement
repentance – ; nous lisons donc que François Ier est le pape de la
simplicité et qu’il est le pape de la rupture.

Pape
de la simplicité ? Est-ce à dire que Benoît XVI n’était ni humble ni
simple ? Est-ce à dire que saint Pie X n’était pas simple ? Est-ce à
dire qu’aucun pape avant le pape actuel ne fut humble et simple ? Il y a
là non seulement un emballement dans le commentaire – car tous ils
disent la même chose – mais un mensonge.
[…]

François
Ier, un pape de rupture ? Ceux qui écrivent de telles choses
comprennent-ils les mots qu’ils utilisent ? En qualifiant ainsi un
pontificat à peine commencé, sur un pontife dont on sait très peu de
choses, mesurent-ils qu’au regard de la doctrine catholique ils
torpillent celui qu’ils veulent encenser ?

La
rupture n’a jamais été catholique puisque l’Église repose justement sur
la transmission et la continuité
. Certes un pape peut donner des
inflexions et des directions nouvelles, mais s’il rompt avec ses
prédécesseurs, d’une certaine manière, il se met hors course. […]

Les
vaticanistes et les prélats qui parlent aujourd’hui nous montrent un
spectacle affligeant. Hier, ils se réclamaient de l’autorité de
Benoît XVI pour légitimer leurs prises de position et leurs actions.
Aujourd’hui, ils n’ont que les mots de rupture, de changement, de
transformation à la bouche. Un vaticaniste oppose même « l’autorité cléricale autoritaire » (sic) d’hier à « l’autorité d’estime »
de celui qui n’a encore pris vraiment aucune décision. Les vaticanistes
sont tellement collés à l’événement qu’ils sont submergés par l’émotion
et incapables du moindre recul. Ils étaient hier pour Benoît XVI ; ils
lui opposent maintenant François Ier. Ils brûlent ce qu’ils ont (trop)
adoré, allant du connu à l’inconnu, drogués par l’effervescence et la
chaleur romaine. Au lieu de maintenir la distance, ils se noient dans
l’événement. Ce bal des girouettes va se terminer par un appel au Samu.

Il
est étonnant de voir leur réaction quand nous osons proclamer notre
attachement à la papauté. Pour les vaticanistes, il s’agit là d’un signe
d’opposition au pape actuel, qu’ils traitent sur le registre de la
dérision et de la psychanalyse de bazar. Or, n’est-ce pas eux qui
glosent dans la pamoison sur le fait que François Ier a déclaré que le
pouvoir est un service ? À vrai dire, le pape n’a fait qu’énoncer la
vision catholique traditionnelle du pouvoir. Faut-il leur rappeler, à
ces grands experts, que le pape a pour titre « serviteur des serviteurs de Dieu ». S’ils l’ignorent qu’ils aillent vérifier dans l’Annuaire pontifical, à la page consacrée au pape.

En
tant que catholiques, nous devons bien sûr être attachés au pape et à
la personne du pape. Non pas parce qu’il s’agit d’un magicien, du super
curé du monde et du personnage le plus charismatique de la planète. Tout
simplement parce qu’il est le vicaire du Christ et le successeur de
Pierre
. Au-delà de ses mérites et de ses défauts, la fonction papale ne
lui appartient pas. Elle est le bien commun de l’Église, qu’il rend
certes visible à sa manière. La véritable humilité consiste à se fondre
en elle et à se laisser épouser par elle. Il faut du temps. Mgr Tardini a
témoigné que Pie XII lui-même – pourtant au service de la curie depuis
le début de sa carrière sacerdotale et ancien secrétaire d’État – a mis
plusieurs semaines avant d’entrer complètement dans son rôle nouveau,
qui dépasse pour une part les forces humaines. Bien qu’il fut préparé à
ce poste, le pape Pacelli aura mis du temps. On comprend mieux ainsi
pourquoi il aura fallu du temps aussi à Benoît XVI hier, et aujourd’hui à
François Ier, pour se laisser investir par la fonction suprême.

La
papauté est trop importante pour être abandonné aux ratiocinations des
vaticanistes, aux feux médiatiques et au bal des girouettes. Après cette
semaine importante pour l’Église, ils seraient temps qu’ils se taisent
et qu’ils entrent en retraite."

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8 commentaires

  1. Il y a aussi l’excellente (comme d’habitude) chronique de Zemmour sur RTL du 19 mars qu’on peut retrouver ici : http://ericzemmour.blogspot.fr/
    Extrait : les média voudraient un pape femme noir lesbienne et toxicomane !

  2. De sages pensées!

  3. Oh que tout cela est bien dit et ceux qui opposent aujourd’hui le pape François à son prédécesseur pourraient bien un jour ravaler leur salive car il se pourrait que son style décontracté se transforme en main de fer dans un gant de velours et remette au pas tous ceux qui prennet tellement de libertés avec la liturgie, l’enseignement de l’Eglise etc

  4. J-M Guénois du Figaro en prend pour son grade. N’est-ce pas lui qui, après avoir encensé Benoît XVI, ne cesse d’évoquer, dithyrambique, un “pontificat de rupture” ?

  5. Effectivement, beaucoup de poncifs pour un pontif!

  6. Quand on cherche “pape rupture” dans Google Actualité, on tombe, à l’heure qu’il est, sur des articles (en ordre d’apparition) :
    – du Télégramme,
    – du Courrier International
    – du Figaro
    – du Quotidien (de la Réunion)
    – de La Libre Belgique
    – de l’Immonde (pardon, Le Monde)
    Quant à la requête “pape humble” ou “pape humilité”, c’est un vrai déluge, tous les médias francophone en ligne y sont.

  7. Je suis plongé dans “Le sel de la terre”, un livre restituant un entretien entre le Cardinal Ratzinger et le journalist Peter Seewald (Flammarion Cerf) A la page 79, Seewald dit : “Vous avez toujours ostensiblement placé la personnalité derrière la mission et non l’inverse. Manifestement, cela correspond aussi à votre conception du devoir, de l’obéissance et du service, ces mêmes concepts qui, au cours des bouleversements culturels sont tombés en discrédit.” Tout est dit !
    Il y a plusieurs raisons pour lesquelles le protestant que je suis aime Benoît XVI, et étrangemment ces raisons sont considérées comme des fautes. J’en citerai deux :
    – Benoît XVI aimait les ors, on dénonçait cela comme de l’orgueil alors qu’il le faisait pour honorer Dieu ; son successeur affiche une simplicité différente, mais il veut aussi honorer Dieu ainsi. Je citerai le futur Benoît XVI à propos de la foi de ses parents : “Sur ce point-là, ils étaient tous les deux d’accord, chacun à leur manière : la religion était pour eux primordiale” (page 48). Peu importent les différences entre Benoît XVI et le Pape François, les deux visent à servir Dieu à leur manière, et avec beaucoup d’humilité, je le crois.
    – La rigueur doctrinale de Benoît XVI le fait passer pour intolérant, arrogant. Les protestants l’ont notamment ainsi perçu. Je n’ai jamais compris cette méprise, car le refus du relativisme est honorable, que l’on soit d’accord ou non sur l’objet de ce refus. Quand je discute avec un catholique, je n’attends pas de lui qu’il se protestantise pour me plaire, correspondre à une attente qu’il me prêterait. Non, je veux qu’il me parle en vrai catholique, qu’il s’admette comme catholique. Seulement à ce moment les échanges peuvent être fructueux. C’était l’attitude de Benoît XVI et elle a été perçue comme arrogante.
    Il y a quelques années, je prenais l’eucharistie dans une aumônerie oecuménique, à la base catholique. Un jour, le prêtre nous a annoncé que le Cardinal Ratzinger avait fait un rappel à ce sujet. Du coup, je ne pouvais plus la prendre… mais ce qui m’a étonné, c’était que, alors que je comprenais tout à fait cette décision, le prêtre et les catholiques (ainsi que les protestants) présents avaient du mal à la saisir. C’est là que j’ai fait la “connaissance” du Cardinal Ratzinger, et cette clarté, cette franchise m’ont séduit. Je n’ai pas pleuré au soi-disant rejet, j’ai fait l’effort de comprendre. Et je n’ai jamais considéré cela comme de l’arrogance.
    Tout au long de son pontificat, Benoît XVI a fait montre d’une réelle et profonde humilité. C’est un homme qui pose des questions, demande conseil, écoute attentivement. C’est un homme à la personnalité réellement attachante pour qui se donne la peine de le voir tel qu’il est. Un homme effacé mais capable de monter au feu pour s’occuper de son église. Ce Pape, je l’ai aimé du début à la fin, et je regrette encore énormément son retrait. Les images d’un homme survolant Rome pour voir encore une fois la Ville éternelle avant de quitter les lumières, un homme s’effaçant devant son ministère, ces images m’ont marqué, comme aura su le faire Benoît XVI tout au long de son service.
    Oui, sa clarté intellectuelle (sans fioritures, d’ailleurs, ce qui témoigne d’une vraie simplicité), son courage, mais aussi son humilité m’ont beaucoup marqué. Il faut vraiment être de mauvaise foi, si ce n’est un autre défaut, pour opposer les deux papes, faisant du premier un homme sans humilité. J’attends d’en rencontrer des gens de ce caractère dans ma vie de tous les jours…

  8. Oups : “étrangement”.

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