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France : Politique en France / France : Société

N’y a-t-il pas une part d’enfantillage à croire que le salut pourrait venir de « bonnes élections » ?

Extrait de l'analyse de Jean-Pierre Maugendre suite au second tour :

Capture d’écran 2017-05-15 à 07.11.34"[…] La candidate du Front national n’est pas parvenue à séduire les classes moyennes qui avaient été le fer de lance des gigantesques manifestations d’opposition à la dénaturation du mariage. Or chacun sait qu’Emmanuel Macron, en légitime fils spirituel de François Hollande, poursuivra l’œuvre entreprise par son prédécesseur de marchandisation du corps humain (promotion de la PMA, de la GPA, etc.) et de destruction de la famille au nom d’un individualisme libertaire dont l’omnipotence du lobby LGBT est la manifestation la plus évidente.

Pardon de rappeler ce truisme, mais on ne rassemble les gens qu’autour de ce qu’ils ont en commun. Or l’essentiel de ce que les classes populaires et les classes moyennes ont en commun n’est pas l’économie. Elles ont en partage une langue, une histoire, un mode de vie, un imaginaire, des mythes fondateurs, les restes sécularisés d’une religion plus que millénaire… Elles sont confrontées aux mêmes inquiétudes sur l’insécurité, la perpétuation de ce qui constitue leur identité, l’islamisation de la France, le « grand remplacement » qui n’est pas un phantasme mais une réalité quotidienne.

Le Front national a fait le choix d’axer sa campagne présidentielle, puis le débat télévisé avec Emmanuel Macron, sur les questions économiques, proposant comme mesure phare la sortie de l’Euro. Or, il est manifeste que quasiment personne ne maîtrise ce sujet, fortement anxiogène, à commencer par sa principale promotrice. En outre, de nombreuses mesures économiques sont apparues comme démagogiques aux classes moyennes. Citons le retour à la retraite à 60 ans, la non remise en cause des régimes spéciaux de retraite, le maintien du statut d’indemnisation des intermittents du spectacle… La raison première de la volonté du Front national de sortir de l’Union européenne et de l’Euro est-elle d’ailleurs foncièrement souverainiste ou n’est-elle pas d’abord la condition de la perpétuation d’un prétendu « modèle social » – que personne ne songe à imiter ! – désormais impossible à financer dans le cadre de l’Union européenne ? Quant aux envolées lyriques sur l’État-stratège, les récents déboires d’Areva devraient incliner à plus de modestie. Patrick Buisson a su, lui, rassembler en 2007 sous la houlette de son candidat, Nicolas Sarkozy, ces deux France car il avait compris que « les mythes religieux et politiques sont le cœur battant de l’histoire, pas l’économie ». Ce qu’est devenue la présidence Sarkozy est une autre histoire.

La vérité n’est pas le contraire de l’erreur

Marine Le Pen a fait le choix dans l’entre deux tours de s’adresser prioritairement à l’électorat de Jean-Luc Mélenchon. C’est son droit le plus strict. C’est le nôtre de penser qu’au-delà de l’erreur stratégique, confirmée par les faits, ce choix confirme aussi une rupture avec le programme traditionnel du Front national tel qu’il était par exemple exposé dans « 300 mesures pour la renaissance de la France » en 1993. Bien sûr les temps ont changé. Mais les maux dont nous souffrons sont-ils fondamentalement différents ? L’heure serait à l’union des patriotes contre les mondialistes. Certes. Cependant nous souhaiterions en savoir un peu plus sur cette patrie. De quoi s’agit-il ? Fénelon écrivait en son temps : « La patrie d’un cochon se trouve partout où il y a du gland ». Ce n’est pas notre conception de la patrie !

Nous ne croyons pas que la vérité soit le contraire de l’erreur. Ce n’est pas parce qu’Emmanuel Macron est sans conteste l’agent de la mondialisation sauvage, de la destruction des identités nationales et le promoteur d’un libertarisme hédoniste que son opposante principale incarnerait automatiquement les vertus contraires. La remarque vaudrait d’ailleurs tout autant pour François Fillon, vieux routier de la politique politicienne, artisan de la ratification du traité de Lisbonne en 2007- contre la volonté exprimée par référendum des Français – premier ministre de Nicolas Sarkozy et donc solidaire de sa politique pendant cinq ans, etc.

Écrivant cela nous ne mettons en cause ni la bonne volonté des uns et des autres ni n’oublions la gravité des maux dont notre pays est frappé. Nous savons que « celui qui veut, dans la société civile, non seulement la justice, mais toute la justice et tout de suite, celui-là n’a pas le sens politique. Il ne comprend pas que la vie de la cité se développe dans le temps et qu’une certaine durée est indispensable pour corriger et améliorer ; surtout il ne comprend pas l’inévitable intrication de bien et de mal à laquelle, de fait, la cité humaine se trouve condamnée, depuis le bannissement définitif du Paradis de justice et d’allégresse. Vouloir détruire immédiatement toute injustice c’est déchaîner des injustices pires. » (R Th Calmel o.p. in Sur nos routes d’exil : les Béatitudes)

Nous observons simplement que le projet de réforme intellectuelle et morale qui est le nôtre n’était, dans la dernière élection, porté par aucun des protagonistes même si incontestablement le projet politique de Marine Le Pen était moins mortifère que celui d’Emmanuel Macron. La Fondation de Service Politique attribuait ainsi à Marine Le Pen la note, moyenne, de 12/20 et à Emmanuel Macron celle, désastreuse, de 4/20.

Les bonnes élections ?

N’y a-t-il pas enfin une part d’enfantillage à croire que le salut pourrait venir de « bonnes élections » ? Les débats de ces derniers mois ont été, c’est la loi du genre, une surenchère de démagogie financière. Chacun a, par anticipation, largement promis de déverser à sa clientèle la manne étatique dont ne dispose malheureusement plus un État en dépôt de bilan virtuel. C’est tromper les Français et ignorer, en ce centenaire des apparitions de Fatima, l’économie de la grâce que de croire que les erreurs et les crimes de ces dernières décennies resteront impunis. « Un peuple couché, pour se relever, doit d’abord se mettre à genoux » nous rappelait il y a déjà bien longtemps le fondateur de l’abbaye bénédictine du Barroux. Le redressement du Portugal à partir de 1926 a été rendu possible par une triple rencontre. Celle d’un homme brillant amoureux de sa patrie, le Dr Salazar, avec tout un peuple -ayant opéré au préalable une véritable conversion, intellectuelle et morale, à la suite des apparitions de Fatima- à l’occasion de circonstances particulières, en l’occurrence le coup d’état du général Carmona mettant fin à des décennies d’anarchie. C’est le langage que nous aimerions entendre de la part de nos évêques au lieu de les observer hurler avec les loups, pour la plupart, contre le racisme présumé du Front national. Demain comme hier, la priorité politique est à la fidélité personnelle à notre patrimoine national et religieux, à la réforme des intelligences et des cœurs, à la transmission de ce que nous avons reçu, dans l’amitié française et l’espérance chrétienne."

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