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L'Eglise : Vie de l'Eglise

“Nous passons trop de temps à parler des structures de l’Église. Cela n’intéresse personne !”

“Nous passons trop de temps à parler des structures de l’Église. Cela n’intéresse personne !”

A l’occasion de la publication de son Catéchisme de la vie spirituelle, le cardinal Sarah a été interrogé par Jean-Marie Guénois dans Le Figaro. Extrait :

J’ai écrit ce livre pendant le confinement. J’étais frappé: on prenait soin de la vie des corps, mais on laissait mourir les âmes. La vie spirituelle est pourtant ce qu’il y a de plus intime en nous, ce que nous avons de plus précieux. C’est notre vie intérieure. Le lieu de notre rencontre avec Dieu. Nier la vie spirituelle, c’est nier ce qui fait notre dignité d’homme ou de femme. Sans vie intérieure, que reste-t-il de grand dans nos vies? Que reste-t-il qui échappe aux lois du marché et de la matière? La vie spirituelle est l’inviolable sanctuaire de notre liberté, le lieu secret où nous cherchons la vérité et l’amour, où nous sommes seuls face au Tout-Autre, face à Dieu.

Pourquoi utilisez-vous la méthode pédagogique du catéchisme, vous auriez pu écrire un traité de la vie spirituelle…

Le catéchisme est un rappel simple des fondamentaux. Je n’ai pas voulu faire un traité de théologie pour les intellectuels et les spécialistes, mais un livre clair, accessible à tous, croyants et incroyants. Je n’ai pas cherché à tout expliquer et justifier, mais simplement à témoigner de l’expérience spirituelle de l’Église.

Vous proposez au lecteur d’aller au «désert», de s’arrêter pour Dieu. Un peu aride, non, après deux années de restrictions pandémiques…

Au contraire! Cette crise a révélé l’incroyable soif spirituelle dont souffrent les cœurs. Les gens aspirent au silence, à la profondeur, à la vie avec Dieu. Savez-vous que, durant le confinement, le mot «prière» était parmi les plus recherchés sur Google? La pandémie a révélé que la superficialité, le déni de la vie intérieure sont les maladies qui causent souffrance et angoisse chez nos contemporains.

Pour autant vous parlez d’une «éclipse de Dieu»?

C’est un paradoxe de notre époque. Alors que les personnes qui cherchent Dieu sont toujours plus nombreuses, le débat public, la scène politique semblent l’exclure toujours davantage. Il est donc temps que l’Église revienne à ce que l’on attend d’elle: parler de Dieu, de l’âme, de l’au-delà, de la mort et surtout de la vie éternelle.

Mais pourquoi structurer votre approche à partir des sept «sacrements» de l’Église catholique? Ils sont précisément fort discutés dans l’Église elle-même, à commencer par l’eucharistie, la confession, le sacerdoce et le mariage…

Pourtant les sacrements sont au cœur de la vie spirituelle. Ils sont des contacts avec Dieu. On en a malheureusement fait des cérémonies purement extérieures. Ils sont en fait les moyens sensibles par lesquels Dieu nous touche, nous guérit, nous nourrit, nous pardonne et nous console. Je crois que, même dans l’Église, beaucoup ignorent la réalité intérieure, spirituelle et mystique des sacrements. On n’y voit que des rites sociaux alors que, dans le signe sacramentel, le mystère se révèle, Dieu lui-même se donne.

Pourquoi insistez-vous à ce point sur la réforme spirituelle de l’Église et sur «la croix» du Christ?

Nous passons trop de temps à parler des structures de l’Église. Cela n’intéresse personne! Ce qui importe, c’est notre vie éternelle, notre vie intérieure d’amitié avec Dieu. L’Église existe pour qu’il y ait des saints. Le reste est secondaire. La vie à la suite du Christ nous ouvre cette vie avec Dieu. Elle passe par la croix. Ce n’est pas du dolorisme. La croix, c’est la plénitude de l’amour manifesté. C’est la victoire de la vie sur la mort et le péché.

Ce message radical est-il recevable pour le plus grand nombre, y compris dans l’Église?

La sainteté n’est pas réservée à une petite élite. Elle est pour tous. Être saint, c’est se laisser aimer par Dieu, suivre le Christ. Chacun peut commencer à sa mesure tous les jours.

Mais les prêtres et les évêques parlent-ils suffisamment de l’enjeu de cette vie spirituelle?

Ils sont parfois tentés de se rendre intéressants aux yeux du monde en parlant de politique ou d’écologie. Mais je crois qu’alors ils n’intéressent personne. On vient voir un prêtre parce qu’on cherche Dieu, pas parce qu’on veut sauver la planète. […]

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