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Notre-Dame pleure « plus que jamais » à La Salette

Notre-Dame pleure « plus que jamais » à La Salette

De notre envoyé spécial Antoine Bordier

« Allez à La Salette, vous comprendrez », avait dit un jour un pèlerin rencontré à la chapelle de la Médaille Miraculeuse. Alors que les catastrophes, climatiques, économiques, familiales, politiques, sanitaires et sociales, deviennent de plus en plus incessantes et touchent l’ensemble de la planète, l’invitation de ce pèlerin a été prise au sérieux. En pleine Année Mariale, à 1800 mètres d’altitude, le message de Notre-Dame de La Salette, non seulement, n’a pas pris une ride, mais il serait prophétique.

Sur le GPS, le sanctuaire de La Salette apparaît. En ce joli mois de juillet ensoleillé, les monts alentours ne le dévoilent qu’au dernier moment. Gap se situe à une quarantaine de kilomètres, plein sud. L’endroit semble avoir été particulièrement choisi, puisqu’il est situé dans un vallon entre deux monts : celui de Gargas, qui culmine à 2208 mètres, et, celui des Rouchoux, à 2117 mètres. Pourquoi la Vierge Marie est-elle apparue ce 19 septembre 1846 à 1800 mètres d’altitude, plutôt qu’en plaine, à Corps, par exemple ? Invitait-elle ses brebis égarées à regarder vers le Ciel, vers Dieu ? Comme son Fils, Jésus, qui se retirait dans la montagne, pour prier à l’écart, Marie ferait de même. Sur le chemin qui mène au sanctuaire, un troupeau de brebis et de moutons barre le passage. Il y en a une centaine. Des agneaux descendent rapidement la pente, comme s’ils faisaient la course. Leur toison est blanchâtre ou brune. Il n’y a pas de berger, ni de chien. Le troupeau semble seul. Au passage, des pèlerins se sont arrêtés et prennent des photos. Ils viennent d’Alsace. « Ils ont l’habitude, dit la femme au pull-rouge. Le berger ne doit pas être loin. » Le passage se libère. Toujours pas de berger. Plus loin, le sanctuaire apparaît, baigné par le soleil.

Cette année 2021 est particulière à plus d’un titre. Le sanctuaire, et, la communauté de la Congrégation des Missionnaires de La Salette, ses branches féminine et masculine, fêtent leurs 175 ans.  Lors d’un repérage, en mai 2020, juste après le déconfinement, le sanctuaire était désert, il n’y avait aucun pèlerin. Depuis, les pèlerins-masqués sont revenus à compte-gouttes. Et, là, en ce bel été, les activités ont repris, comme l’explique le recteur du sanctuaire, le père Antoni Skalba, membre de la Congrégation des Missionnaires de La Salette. Il a quitté ses montagnes natales, près de Zakopane dans le sud-est de la Pologne, pour venir ici.

« Grâce à Dieu, le sanctuaire revit. Même s’ils ne sont pas des milliers, mais des centaines, les pèlerins sont là. Ils viennent en famille. Il y a, aussi, beaucoup de touristes, attirés par la beauté du paysage. Ils découvrent en même temps le message. »

L’apparition

Le recteur parle de la crise actuelle : des violences contre la vie, contre la nature, contre l’humanité, contre la famille, contre l’Eglise. Il parle, aussi, des divisions dans l’Eglise. Il parle de bénédictions et de malédictions à la fois. Il explique

« que le monde rejette de plus en plus Dieu, à cause des catastrophes. Alors que c’est lui-même qui en est le responsable. C’est pour cela que Marie est apparue ici en 1846, le 19 septembre. Les hommes travaillaient sept jours sur sept. Ils ne venaient plus à la Messe le dimanche. Sur les routes mal-entretenues, il y avait des ornières et le foin tombait souvent de leurs charrettes. Ils injuriaient alors le Bon Dieu. Marie se plaint de tout cela, en pleurant, devant deux enfants ignorants : Maximin et Mélanie. Et, aujourd’hui, pensez-vous que les choses se soient améliorées ? Non, c’est pire. Oui, le message de La Salette est plus que jamais d’actualité. »

Près de l’oratoire, qui se situe à gauche de la Basilique et qui sert de confessionnal, le père Michel Faillon attend ses pénitents. A la suite d’une longue maladie, il découvre le sanctuaire en 1974. Il vient de Cambrai, dans le nord de la France. Pendant 30 ans, il passera toutes ses vacances d’été, au service du sanctuaire. En 2003, il entre définitivement dans la communauté. Il connaît par cœur ce 19 septembre 1846. Il raconte. « Ce samedi après-midi, Maximin voit une Dame qu’il prend pour quelqu’un venant du village voisin, de Valjouffrey. Il ne sait pas qui Elle est. Elle est habillée comme une villageoise de l’époque. Avec Mélanie, ils font paître leurs vaches. Ils ont pris peur car Elle leur apparaît dans une boule de lumière. Marie leur dit : avancez mes enfants, n’ayez pas peur. Ils descendent le vallon et se retrouve près de la Dame. Ensuite, Elle pleure et Maximin essaye de La consoler, en disant : ne pleurez plus Madame, on va vous aider. Mélanie voit aussi les larmes qui coulent, pendant quinze à vingt minutes. »

Le message adressé à Maximin

Il est rare de voir la Vierge Marie pleurer. Et, elle pleure devant des enfants. Il y a 20 ans, le spécialiste des apparitions mariales qu’était l’abbé René Laurentin, et, l’abbé Michel Corteville, qui avait rédigé sa thèse sur le sujet, ont publié un ouvrage paru l’année suivante, en 2002 : « Découverte du secret de La Salette ». Dans cet ouvrage, ils publient les messages de la Dame reçus par Maximin et Mélanie.

« Le 19 septembre 1846, nous avons vu une belle Dame. Nous n’avons jamais dit que cette Dame fut la Sainte Vierge, mais nous avons toujours dit que c’était une belle Dame…Voilà ce que cette Dame m’a dit : ‶Si mon peuple continue, ce que je vais vous dire arrivera plus tôt, s’il change un peu, ce sera un peu plus tard. La France a corrompu l’univers, un jour elle sera punie. La foi s’éteindra dans la France : trois parties de la France ne pratiqueront plus de religion, ou presque plus, l’autre la pratiquera sans bien la pratiquer. Puis, après cela, les nations se convertiront, la foi se rallumera partout. Une grande contrée dans le nord de l’Europe, aujourd’hui protestante, se convertira : par l’appui de cette contrée, toutes les autres contrées du monde se convertiront. Avant que tout cela arrive, de grands troubles arriveront, dans l’Eglise, et partout. Puis, après cela, notre Saint-Père le pape sera persécuté. Son successeur sera un pontife que personne n’attend. Puis, après cela, une grande paix arrivera, mais elle ne durera pas longtemps. Un monstre viendra la troubler. Tout ce que je vous dis là arrivera dans l’autre siècle, au plus tard aux deux mille ans. ″

Ce message de Maximin Giraud, a été adressé au pape Pie IX, le 3 juillet 1851.

Le message adressé à Mélanie

L’autre message que la Vierge Marie a communiqué à Mélanie a été adressé au pape le 6 juillet. Il est différent. Il prolonge et se recoupe avec celui de Maximin.

« Mélanie, je vais vous dire quelque chose que vous ne direz à personne : Le temps de la colère de Dieu est arrivé ! Si, lorsque vous aurez dit aux peuples ce que je vous ai dit tout à l’heure, et ce que je vous dirai de dire encore, si, après cela, ils ne se convertissent pas, (si on ne fait pas pénitence, et si on ne cesse de travailler le dimanche, et si on continue de blasphémer le Saint Nom de Dieu), en un mot, si la face de la terre ne change pas, Dieu va se venger contre le peuple ingrat et esclave du démon. Mon Fils va faire éclater sa puissance ! Paris, cette ville souillée de toutes sortes de crimes, périra infailliblement. Marseille sera détruite en peu de temps. Lorsque ces choses arriveront, le désordre sera complet sur la terre. Le monde s’abandonnera à ses passions impies. Le pape sera persécuté de toutes parts : on lui tirera dessus, on voudra le mettre à mort, mais on ne lui pourra rien, le Vicaire de Dieu triomphera encore cette fois[-là]. Les prêtres et les religieuses, et les vrais serviteurs de mon Fils seront persécutés, et plusieurs mourront pour la foi de Jésus-Christ. Une famine règnera en même temps. Après que toutes ces choses seront arrivées, beaucoup de personnes reconnaîtront la main de Dieu sur elles, se convertiront, et feront pénitence de leurs péchés. Un grand roi montera sur le trône, et règnera pendant quelques années. La religion refleurira et s’étendra par toute la terre et la fertilité sera grande, le monde content de ne manquer de rien recommencera ses désordres, abandonnera Dieu, et se livrera à ses passions criminelles. [Parmi] les ministres de Dieu, et les Epouses de Jésus-Christ, il y en a qui se livreront au désordre, et c’est ce qu’il y aura de [plus] terrible. Enfin, un enfer règnera sur la terre. Ce sera alors que l’Antéchrist naîtra d’une religieuse : mais malheur à elle ! Beaucoup de personnes croiront en lui, parce qu’il se dira venu du ciel, malheur à ceux qui le croiront ! Le temps n’est pas éloigné, il ne se passera pas deux fois 50 ans. Mon enfant, vous ne direz pas ce que je viens de vous dire. (Vous ne le direz à personne, vous ne direz pas si vous devez le dire un jour, vous ne direz pas ce que cela regarde), enfin vous ne direz plus rien jusqu’à ce que je vous dise de le dire ! »

Et aujourd’hui ?

Les échos de ces messages se font entendre, dans la nuit étoilée qui avance à grands pas. L’air frais descendant vient caresser les sommets des montagnes alentours. Dans la Basilique, des scouts unitaires de France ont pris place. La cinquantaine de familles présentes allument à son tour ses cierges. Des scouts s’avancent vers le brancard de procession sur le socle duquel est posée la statue de la Vierge de La Salette. Elle est belle. Elle est colorée, de jaune et de blanc, avec un collier de roses sur la poitrine. Elle incline légèrement la tête. Elle pleure. Au-dessus du collier de roses, elle porte un crucifix avec une tenaille et un marteau. La procession s’élance dans la nuit qui s’assombrit, en direction du lieu d’apparition, qui se situe à 100 mètres de la Basilique. Un chapelet est prié. Le recteur est là, accompagné des sœurs et des frères de la communauté. « Tous les soirs, explique-t-il, nous faisons cette procession nocturne. Elle dure une demi-heure. »

Pour fêter les 175 ans de l’apparition de la Vierge Marie à La Salette, le père général de la communauté, Silvano Marisa, a fait le grand déplacement. Basé à Rome, il vient au moins une fois par an à La Salette, chaque 19 septembre.

« Pour nous, ces 175 ans sont très importants, car ils vont permettre de diffuser davantage le message. Le message de Notre-Dame de La Salette est un message d’espérance. Ici, Elle pleure pour toute l’humanité, qui oublie son Fils. Son message est très actuel et très moderne. Aujourd’hui, Elle pleurerait plus qu’en 1846. La Vierge Marie aime particulièrement la France. Avec l’Année Mariale nous redoublons de prières et d’intentions. Et, cette année ne concerne pas que la France. Les festivités ont lieu dans les 32 pays où nous sommes présents. Nous sommes 950 frères, et, 300 sœurs. Et, les vocations sont nombreuses, notamment à Madagascar. »

Des bénévoles et des témoins

Le lendemain matin, je revois le recteur.

« Nous sommes dans un temps où les catastrophes s’accélèrent. Ce sont les signes du temps. Il faut les écouter. La parole de Dieu nous aide à lire ces évènements. Je pense au Deutéronome qui nous parle du cœur de l’homme. La première question, c’est : comment vivons-nous notre baptême ?  Et, l’autre question : que peut faire l’Amour rejeté ? »

Le père évoque l’année Saint Joseph, le père adoptif de Jésus, et le chaste époux de la Vierge Marie. Il parle de son cœur de père, et, de sa tendresse pour la Vierge Marie. Le 19 septembre sera une fête importante. Il évoque des pèlerins qui viendront en masse. Si la pandémie le permet.

Au loin, sur les hauteurs près du cimetière, Prodige Tsimba vient pour la première fois à La Salette. Il trouve l’endroit exceptionnel. « Je suis touché par cette nature, ce message et ce sanctuaire. Je vois les gens souriants, qui semblent libérés d’un certain fardeau. Le paysage est divin. » Prodige n’est pas baptisé, il croit en Dieu. « Je suis chrétien d’éducation. Mais, je suis en recherche. Ce qui ne m’empêche pas de profiter de la bonté divine. » Il croit, aussi, en ces apparitions. Il pose son regard sur le monde : « Il est déboussolé. Nos dirigeants ne sont pas forcément à la hauteur. » A côté de lui, un de ses amis, Negost Yah, qui est encore moins croyant. Il parle, cependant, du « Paradis », en évoquant le paysage qui l’entoure. Clairement, ces deux amis, qui viennent du Cameroun, sont tombés amoureux du sanctuaire.

En redescendant, Colette et Raphaël, font une pause, assis sur un banc. Ils sont tous les deux des bénévoles. Colette vient du Jura. « Je suis devenue bénévole à la suite d’un gros souci familial, qui s’est bien terminé. Je viens pour remercier. ». Colette est bénévole depuis 8 ans. « Chaque année, je viens à La Salette pendant 3 semaines servir la belle Dame. » Raphaël, lui, n’est pas à la retraite. Il vient de Lyon. « Cela fait 6 ans que je suis bénévole. J’ai découvert La Salette, grâce à ma grand-mère quand j’étais enfant. » Tous les deux sont témoins de la déchristianisation qui est en cours. « Nous prions beaucoup pour les familles, car elles sont en danger. »

De retour à Paris, Hélène, qui connaît Notre-Dame de La Salette y a fait plusieurs sauts. Pour elle, « plus que jamais Marie pleure. Son message est toujours d’actualité. »

Reportage réalisé par Antoine Bordier, consultant et journaliste indépendant     Copyright photos Antoine Bordier

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