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L'Eglise : L'Eglise en France

Non, il n’existe pas de droit au blasphème!

Non, il n’existe pas de droit au blasphème!

Un rappel bienvenu de Mgr Cattenoz, archevêque d’Avignon:

Une question me travaille depuis des semaines : le blasphème est-il vraiment un droit en démocratie ? Les caricatures blasphématoires sont-elles un droit en démocratie ? Malgré les affirmations du président de la République, je réponds non à cette question et je voudrais argumenter ma réponse.
En terre d’Islam radical, le blasphème contre le prophète ou le Coran est passible de la peine de mort et dans certains cas par décapitation. Dans l’Église catholique, quand un tabernacle ou un ciboire contenant la présence réelle du Seigneur est profané, les chrétiens célèbrent des messes de réparations et de demande de pardon pour de tels actes de profanation.
Après les attentats de “Charlie Hebdo”, tout le monde était “Charlie” ! Personnellement, j’ai toujours affirmé : “Je ne suis pas Charlie”, tout en condamnant avec force les auteurs de cet attentat barbare et odieux. Il était fondamental de condamner l’attentat, mais il était tout aussi fondamental de me dissocier d’un journal qui fait sa une de caricatures aussi blasphématoires les unes que les autres.
Lorsque “Charlie” a pu reparaître des mois plus tard, la une était toujours scandaleuse et m’a profondément blessé. Elle représentait le pape Benoît XVI sodomisé par le prophète ! Et la presse s’est réjouie de voir ce “journal” renaître de ses cendres. Quelques temps après, j’ai eu l’occasion, lors d’un repas à la préfecture d’Avignon avec le ministre de l’Intérieur de l’époque, et les représentants des cultes de poser au ministre la question suivante : le blasphème semble faire partie des gènes de “Charlie Hebdo”, mais ne pensez-vous pas que la liberté de publier blasphème et caricatures s’arrête là où je blesse gravement mes frères ? Et je lui ai dit combien j’avais été profondément bouleversé de voir ainsi bafouer le pape Benoît et même de voir bafouer le prophète à travers cette caricature. Il m’avait répondu à l’époque qu’au gouvernement, il y avait eu un débat, car un certain nombre de ministres condamnaient une telle caricature au nom même d’une limite à la liberté dans un monde où nous sommes invités à vivre en frères.
Je dois avouer que j’avais pleuré devant une telle caricature qui blessait ma sensibilité de chrétien. Comment des journalistes peuvent-ils agir ainsi au nom d’un pseudo droit à une liberté totale et sans limites de caricaturer jusqu’à l’extrême et de s’en glorifier ? La démocratie ou le laïcisme n’ont rien à voir en cela.
Je croyais – naïvement peut-être – que l’homme était fait pour vivre en société et que la République avait cru bon d’emprunter aux chrétiens le symbole de la “Fraternité” comme emblème de la République ! Si nous sommes appelés à vivre ensemble en frères, la liberté de chacun s’arrête là où je blesse mon frère. Je peux certes entamer le dialogue avec un frère qui ne partage pas mon point de vue, et user de tout mon pouvoir de persuasion, mais déclarer d’emblée que le blasphème et les caricatures, quelles qu’elles soient sont un droit en démocratie, cela n’est pas juste, cela n’est pas vrai.
En même temps, cela ne justifie en aucune façon la décapitation d’un professeur d’histoire qui voulait réfléchir avec ses élèves sur la portée de telles caricatures et sur un tel blasphème remis au goût du jour dans une presse à scandale.
Je dois avouer combien je suis resté sans voix devant les déclarations du président de la République, qui plus est parlant depuis le Liban, face à un tel acte. Il a justifié au nom même de la démocratie la liberté de dire et de publier tout et n’importe quoi, la liberté au blasphème sous toutes ses formes. Je croyais rêver !
Je comprends qu’il soit de bon ton aujourd’hui de se moquer des religions et de les traîner dans la boue, mais les auteurs de tels comportements se rendent-ils compte qu’ils bafouent la liberté dans son vrai sens, son sens profond et authentique ?
Au nom même de la fraternité, base de toute vie en société, je ne peux que redire : la liberté de chacun s’arrête là où je blesse gravement mon frère ! Il s’agit là d’une vérité fondement même de toute vie en société ou alors nous allons vers une dérive totalitaire qui ne dit pas son nom. En même temps, il nous faut condamner avec force les actes de violences et de barbarie qui prétendent répondre à cette conception erronée de la liberté.
+ Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon

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15 commentaires

  1. Oui, le Président de la République attise (à dessein ?) le feu en encourageant la poursuite des caricatures de Mahommet. A la suite d’Emmanuel Valls qui a appelé toute la presse à reproduire ces caricatures.
    Charlie Hebdo est un sale journal. Il est déplorable qu’un enseignant en montre les caricartures dans un de ses cours.
    29 octobre 2020 : 3 morts.
    Au suivants….

  2. Merci pour cette publication.

  3. Le Président de la République a donc reconnu le “droit  au blasphème”.
    Mais qu’est-ce le blasphème ? Selon la définition du dictionnaire le blasphème est une parole qui outrage la divinité, insulte la religion, quelqu’un ou quelque chose de respectable (Petit Larousse)
    Blasphémer c’est donc dire du mal.
    Comment donc prétendre légaliser le mal et en faire un droit ? Dire du mal peut-il être légal ?
    Curieuse époque que la nôtre qui légalise le mal et ainsi donc prétend le justifier au nom de la liberté. Liberté qui n’a plus de limite. Mais, au fond, est-ce vraiment la liberté ?
    La définition du dictionnaire, à laquelle il nous faut revenir, fait le lien entre la divinité (Dieu), la religion (la foi en Dieu), l’homme (le sujet libre) et la culture. Blasphémer Dieu ou la religion ne peut qu’engendrer des conséquences pour l’homme et pour la culture.
    Le texte de la Genèse nous le démontre : « Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance ». (Gn 1, 26). Il y a une profonde et irréductible ressemblance entre Dieu et l’homme. L’homme est à l’image de Dieu. « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon ». (Gn 1, 31).
    Ce qui est bon ne peut, en aucun cas, procéder du mal. Le bon provient toujours du bien. C’est pour le bien de l’homme que l’homme et la femme ont été crées. C’est pour leur bien à tous les deux que l’Univers et tout ce qu’il contient ont été crées. La préoccupation écologique tout comme les enjeux bioéthiques intimement liés les uns aux autres révèlent que la beauté de la Création toute entière est menacée par le mal multiforme et le droit dégénéré.
    Blasphémer Dieu c’est donc blasphémer l’homme et la femme, c’est blasphémer la nature et l’environnement. Blasphémer n’est pas autre chose que tuer l’homme, polluer la nature, détruire les liens étroits qui unissent l’homme et la femme, l’enfant à son père et à sa mère, le fils et la fille à ses ses parents.
    Le commandement suprême auquel il devient urgent d’obéir c’est bien celui-là : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. 
    Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » (Évangile selon Saint Matthieu 12, 30-31). L’amour est du domaine du devoir ou plus exactement du don. Et parce que l’amour est don, il est le seul capable à faire du bien à celui qui le donne mais également à celui qui le reçoit. La vraie liberté s’est de donner sans compter et de faire le bien pour soi et autour de soi.
    Le blasphème est incompatible avec l’amour A nous de choisir en toute liberté.

  4. Le problème n’est pas tant le droit au blasphème que l’incitation par l’Etat de toute une population à s’y livrer activement.

    Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce droit au blasphème ne permet pas de publier ou de faire circuler des caricatures de personnalités de gauche comme madame Taubira en son temps ou madame Obono plus récemment.

    Le droit au blasphème ne concerne pas les icônes de la gauche.

  5. très bonne mise en perspective de la liberté d’expression, et de son outrance, blasphémer pour le plaisir, sans raison véritable : le stade caca-pipi-prout-prout de charlie ; acte gratuit et surtout sans utilité : est-ce pour cela (sans utilité) que les lecteurs se détournent ?
    le bon goût (ça existe toujours ?) devrait simplement mettre un frein à des dérives, mais nous voici, nous Français, entraînés malgré nous dans un débat inutile, nuisible
    Il y a tellement à dire sur l’islam qui ne nous correspond pas, et en utilisant la raison (tiens, je me réfère à Benoit XVI !), que les merdouilles de charlie sont contre productives
    et Macron enfourche cette rossinante !!!

  6. Merci Monseigneur de cet oxygène.
    Ce sont aujourd’hui les laïcistes intégristes qui mettent en danger la vie des seuls catholiques pratiquants.
    Les harangues du sieur Macron apparaissent tout autant décalées qu’irresponsables. On ne joue pas avec le sang de ses concitoyens, surtout à raison de leur foi.

  7. C’est toute la France qui est salie de par le Monde à travers les défécations de cet infect canard !

  8. Merci Monseigneur pour cette mise au point salutaire et même indispensable en ces temps d’extrême confusion. Je me permets de souligner que la fraternité républicaine est l’exact opposé de celle de l’Église : c’est celle des frères maçons initiés en loge, violemment anti catholiques ( liberté-égalité-fraternité ou la mort !). la nôtre est celle des frères en Jésus-Christ, la voie, la vérité et la vie ! L’opposition est flagrante.

  9. Si le droit au blasphème est un droit.
    Les gens intelligents ne blasphèment pas. Car s’ils sont intelligents, ils respectent leur prochain.
    C’est la majorité des humains.
    Mais il y a les autres (les pas intelligents) doit-on les éliminer?
    Et bien non la société est faites comme ça et ne pas les supporter c’est ne pas être intelligents..

  10. Merci à Mgr Cattenoz et à SB

  11. Dans le procès en cours pour l’attentat de Charlie, le directeur actuel de ce “journal” a reconnu que les Catholiques “en prenaient cent fois plus dans la gu****” que les musulmans.
    Mais il sait qu’il ne risque rien. Aucun Catholique ne s’abaisserait à de telles horreurs…

  12. Y-a-t-il des personnes assez courageuses pour lancer une pétition demandant la censure de Charlie Hebdo ?

  13. Il y a une marge entre le fait qu’un individu puisse blasphémer, ce que l’on peut considérer comme une tolérance normale dans la mesure ou une personne n’est pas croyante et le fait d’agresser des millions de croyants par le biais d’un média, article de journal ou pire en blasphémant à “la une”… Cette dernière étant faite pour toucher le plus de monde possible.
    C’est la volonté délibérée de propager le blasphème au plus grand nombre qui devrait être très lourdement sanctionnée tout en laissant la liberté de le faire en privé ou dans des sphères restreintes

  14. « Ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. »
    Je ne peux pas approuver les caricatures de Charlie, même au nom de la sacro-sainte laïcité française.
    On se doit de respecter l’intimité de chacun. La famille et la religion font partie de notre intimité.
    Les politiques qui braillent ne souhaitent certainement pas se retrouver caricaturés avec leur famille et leur proche, de la même façon que Charlie caricature les croyants, le prophète Mahomet, le Christ Jésus, le Pape, les évêques et les prêtres.
    Les odieuses caricatures de Charlie ne justifient aucun meurtre mais sont odieuses, blessantes et inadmissibles.
    Merci à Messeigneurs Cattenoz et Le Gall pour leurs saines réactions.

  15. Oui c’est la trinité musulmane : Allah-Mahomet-Coran
    Le coran et aussi une idole
    Ils nous accusent de polythéisme alors qu’ils ont 3 divinités et qui ne sont pas une !

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