Partager cet article

L'Eglise : François

“Ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu”

“Ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu”

Dans Valeurs Actuelles, Laurent Dandrieu a traduit la lettre de Mgr Charles Pope, prêtre du diocèse de Washington DC, en réaction au récent motu proprio du pape François “Traditionis Custodes”. Extrait :

[…] Le pape François s’est rarement adressé à aucun autre groupe aussi sévèrement. Envers d’autres, que ce soient les incroyants, les contestataires et les politiciens hostiles, la miséricorde, la compréhension et la tolérance sont de mise. Le pape parle « d’aller aux périphéries » et de compassion pour les pauvres et les égarés. Mais à ceux qui sont attachés à la messe tridentine est réservée cette violente réprimande, sans que presque aucune marge de manœuvre leur soit préservée dans l’Église qu’ils aiment. Il est très choquant et attristant pour moi, en tant que pasteur des âmes, qu’un tel vitriol soit lancé contre le troupeau dont j’ai pris soin depuis longtemps.

En second lieu, le pape impose des exigences impossibles. D’une part, il délègue aux évêques toute décision concernant les emplacements réservés au rite tridentin, mais ensuite il leur lie les mains. Il écrit en effet : « [L’évêque diocésain] désignera un ou plusieurs lieux où les fidèles de ces groupes pourront se réunir pour la célébration eucharistique (pas cependant dans les églises paroissiales et sans l’érection de nouvelles paroisses personnelles). »

Mais si ce n’est pas dans les églises paroissiales, alors où ? Comment un évêque peut-il comprendre, et plus encore appliquer, ce statut ? Il est difficile d’interpréter l’instruction du Pape d’une manière bénigne. Il semble dire aux catholiques de rite tridentin : « Vous n’êtes pas les bienvenus dans nos églises. » Si tel est le cas, c’est un manque flagrant de sollicitude pastorale et d’amour, et c’est véritablement consternant.

Troisièmement, le pape réserve un traitement étrange aux évêques. Tout en renvoyant la mise en œuvre de son texte à l’Ordinaire du lieu, il restreint également leur jugement pastoral de nombreuses manières. Non seulement ils doivent interdire la messe dans les églises paroissiales, mais ils ne peuvent pas non plus conférer aux nouveaux prêtres la faculté de célébrer la messe tridentine sans l’autorisation de Rome (article 4). De plus, ils ne peuvent établir de nouvelles communautés (article 3). Est-ce que cela fait référence à des lieux, des oratoires, des associations ou autre chose ? Il est difficile de comprendre la signification de la chose. Ainsi, les évêques se voient reconnaître l’autorité, mais avec les mains liées, dans un langage confus et des directives presque impossibles à suivre.

Nous devons maintenant nous tourner vers nos évêques et les prier de manifester la sollicitude pastorale qui semble manquer à ce document. On leur a confié une tâche difficile et délicate. Veillez à prier pour eux et essayez de ne pas les braquer en présumant ou prédisant de leur part un comportement hostile mauvais traitements. Beaucoup d’entre eux ont déjà fait preuve de sens pastoral pour éviter la mise en œuvre intempestive et “immédiate” de ce motu proprio.

Chers évêques, en tant que pasteur des âmes, je vous en demande une interprétation douce et bienveillante. Les catholiques traditionnels font partie des brebis de votre troupeau, et ils ont besoin des soins d’un pasteur. Même si le document suggère qu’ils soient relégués aux périphéries, je vous prie de ne pas le faire. Il s’agit d’une part dynamique et croissante du troupeau. Beaucoup de jeunes familles et de jeunes adultes, ainsi que de jeunes prêtres et des personnes plus âgées ont besoin que vous agissiez de façon vraiment pastorale.

Si une plus grande unité est nécessaire, enseignez-nous ce que cela signifie, mais s’il vous plaît, ne nous renvoyez pas dans les périphéries pour y vivre dans le rejet. Certains d’entre nous sont butés, mais la plupart d’entre nous essaient simplement d’être de bons et sincères catholiques et de rester proches du cœur de l’Église. Gardez-nous près de vous et trouvez pour nous de la place dans vos cœurs.

Cher Saint-Père, je vous prie de reconsidérer ce que vous avez écrit et d’entendre la souffrance inutile que vous avez causée. Vous désirez à juste titre l’unité dans l’Église, mais je crains que, par cette décision, vous ne finissiez par provoquer des divisions bien plus graves.

Puisque mon opinion ne compte pour rien, je vous demande de considérer les paroles du grand rabbin Gamaliel, relatées dans les Actes des Apôtres (5:38-39) : « A présent donc, je vous le dis, ne vous occupez pas de ces gens-là, laissez-les. Car si leur action ou leur œuvre vient des hommes, elle se détruira d’elle-même ; mais si vraiment elle vient de Dieu, vous n’arriverez pas à les détruire. Ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu. »

Partager cet article

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services