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«Mon bébé, mon bébé » : la scène censurée de The Kid

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Thomas Debesse vient de créer sa chaîne Youtube nommée « N’oubliez pas de vivre » . Après deux ans de confinements et de privations de liberté, le nom de la chaîne s’est imposé comme le rappel évident que la première chose à rebâtir est notre propre vie. La première vidéo de la série est un commentaire du film de Chaplin The Kid dont c’est le centenaire. La vidéo présente un artisan chrétien (L’Arbre de Vie qui fabrique le Jeu de Misha) dont l’entreprise soutient l’association Magnificat-Accueillir la vie.

Citations de la vidéo :

Sorti en 1921, le film The Kid est entré dans le domaine public, mais j’ai découvert que la version que l’on trouve ordinairement dans le commerce est une réédition d’un nouveau montage datant de 1972 et supprimant trois scènes de la version originale de 1921.

Dans l’une de ces scènes originelles, […] une phrase est prononcée, incomplète : « Comment pourrais-je expier la souffrance que j’ai — », et cette phrase est interrompue par une autre, suspendue elle aussi : « C’est trop tard désormais, à moins que l’enfant — »…

On y voit les souffrances de la mère qui a d’abord abandonné son enfant, et quand elle a regretté son geste, l’enfant était déjà perdu.

Une autre scène montre la mère éprouver l’absence de son enfant. C’est en voyant un autre enfant que le souvenir la surprend, l’ébranle et creuse plus profondément ce manque, comme si elle ne pouvait s’empêcher de tenter d’y reconnaître le fils qu’elle a perdu.

Alors elle crie deux fois, dans le silence du film muet « mon bébé, mon bébé ». Celles et ceux qui se surprennent parfois à tenter de reconnaître parmi les enfants qu’ils croisent un enfant qu’ils n’ont peut-être jamais vu sauront quelle détresse Charlie Chaplin met à nu : au « péché de la maternité » notre monde ne propose désormais qu’un « c’est trop tard désormais », sans l’espoir d’un « à moins que ».

Cette scène a été retirée en 1972, alors que les États-Unis étaient en plein débat sur la légalisation de l’avortement, débats qui menèrent à l’arrêt Roe versus Wade en 1973. En France, la loi Veil fut promulguée en 1975. C’est à dire que ceux qui regardent le film aujourd’hui le regardent sans les scène qui explorent le regret et la souffrance de la perte d’un enfant, et plus mystérieusement, le regret et la souffrance de la perte d’un enfant non-désiré.

Peut-être ces scènes sont-elle plus difficiles aujourd’hui qu’elles ne l’étaient en 1921, car dans le film, l’espoir est possible aux yeux du spectateur, mais cet espoir n’est pas possible dans nos propres vies. Il est toujours possible de se reconnaître dans la femme qui se souvient de l’enfant qu’elle a perdu, mais il n’est plus possible de se reconnaître dans la femme qui retrouve son enfant. Et avec ces scènes de souffrance et de regrets aujourd’hui coupées, le dénouement heureux du film peut se transformer en profond désarroi pour le spectateur, car à une souffrance toujours très actuelle se succède un espoir d’un autre siècle, inaccessible.

[…] Si l’argent peut se payer une mère porteuse, cette maternité est bénie. Mais pour la femme contemporaine qui met tout de même au monde son enfant naturellement conçu, si elle vient à réclamer de l’aide il lui est reproché qu’elle avait toute liberté et tout moyen technique pour ne pas garder son enfant, qu’elle a choisi sa détresse. Si la mère choisit d’élever son enfant alors que ses moyens sont limités, et pire, qu’elle est seule, la mère est considérée comme irresponsable et indigne d’être aidée : elle aurait choisi sa situation, qu’elle assume ! Et dans ce contexte, aider matériellement une femme enceinte devient suspect.

[…] La maternité prend aujourd’hui la forme d’un nouveau péché : le péché de réaliser ce qui est désormais réservé à une mécanique et à un marché.

Tandis que l’Assemblée Nationale vote l’extension du délai d’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines, je me rends compte que le nombre de parents qui pourront se reconnaître dans ce cri silencieux « Mon bébé, mon bébé » ne fera qu’augmenter.

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