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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Mgr Schneider : La violence et l’injustice du récent document du Saint-Siège auront un contre-effet. La tradition liturgique sera encore plus aimée et chérie

Mgr Schneider : La violence et l’injustice du récent document du Saint-Siège auront un contre-effet. La tradition liturgique sera encore plus aimée et chérie

Extraits d’un entretien de Mgr Schneider donné à Diane Montagna de The Remnant le 22 décembre :

[…] Les nouvelles directives trahissent une  » inflexibilité hostile « , pour reprendre une expression que le pape François a parfois employée pour mettre en garde les évêques (voir par exemple le Discours pour la conclusion de la troisième Assemblée générale extraordinaire du Synode des évêques, 18 octobre 2014). Nous avons affaire à un texte d’une inflexibilité inouïe et d’une uniformité rigide qui rappelle certaines sentences de l’Inquisition ou certaines réponses aux « dubia » des temps passés, qui se caractérisaient par un légalisme liturgique boursouflé. D’une manière froidement bureaucratique, ces nouvelles directives imposent des normes si impitoyables et discriminatoires sur la vie de tant de jeunes catholiques – prêtres et laïcs fidèles – qu’il ne serait pas surprenant qu’ils aient l’impression d’être torturés spirituellement, au ralenti.

Pour tout observateur objectif, le message clair que ces nouvelles directives envoient aux catholiques attachés à la liturgie traditionnelle est le suivant : « Avec votre expérience religieuse, vous n’êtes pas les bienvenus dans l’Église ! Votre expérience de la liturgie traditionnelle est fausse et inauthentique, vous vivez dans l’auto-illusion ! Il n’y a pas de pluralité liturgique dans l’Église aujourd’hui, car il n’y a qu’une seule expression unique de la lex orandi, et c’est la liturgie réformée. Il n’y a qu’une seule loi, et selon cette loi, vous devez mourir, c’est-à-dire que vous devez vous couper de la liturgie de vos ancêtres et des saints ! ».

Les auteurs de ces nouvelles directives ont manifestement oublié le principe suivant énoncé par le Concile Vatican II : « Même dans la liturgie, l’Église ne veut pas imposer une uniformité rigide dans les matières qui n’impliquent pas la foi ou le bien de toute la communauté » (Sacrosanctum Concilium, 37). Les nouvelles directives annulent ce que le pape François a dit :  » Le discernement… est un processus créatif qui ne se limite pas à l’application de schémas. Il est un antidote à la rigidité, car les mêmes solutions ne sont pas valables partout. » (Discours aux évêques ordonnés au cours de l’année écoulée, 14 septembre 2017).

De nombreux évêques catholiques ont donné une interprétation libre et assouplie de Traditionis Custodes. Les nouvelles directives suggèrent fortement que le Saint-Siège serre maintenant la vis pour s’assurer que les évêques se conforment à la « direction » indiquée par la Congrégation pour le culte divin. Quel est votre message à vos frères évêques ?

J’encourage mes frères évêques à être véritablement des bergers et à faire preuve de « charité créatrice » envers leurs fidèles, qui ont grandi dans l’ancien rite romain ou qui ont fait une rencontre décisive avec Dieu grâce à cette forme de liturgie de l’Église. En effet, le pape François a souvent demandé aux évêques de faire preuve de créativité pastorale à l’égard des personnes qui sont marginalisées et dont les aspirations religieuses sont mal jugées. De nombreux fidèles attachés à l’ancienne forme liturgique romaine, notamment les plus jeunes, sont loin de s’engager dans des polémiques ecclésiastiques et liturgiques concernant Vatican II et le Novus Ordo. Par conséquent, en tant que véritables bergers, les évêques devraient trouver des solutions créatives afin que ces fidèles ne soient pas ghettoïsés et traités comme des catholiques de seconde zone. Les évêques pourraient appliquer le principe moral de l’épikeia, selon lequel une loi n’est pas observée, en tout ou en partie, au nom d’un bien supérieur.

[…] Les évêques ont le droit de résister avec révérence et prudence à ces mesures, car elles nuisent clairement au bien de toute l’Église, en abolissant presque entièrement une expérience liturgique millénaire qui s’est avérée fructueuse. L’effacement pur et simple du grand trésor de rites liturgiques contenus dans le Pontificale Romanum, y compris les rites théologiquement et liturgiquement riches des Ordres majeurs et mineurs, le rite de la Confirmation et les diverses consécrations (comme celles des autels, des églises et des vierges), accumulés par l’Église romaine non pas sur seulement cinquante ans, comme c’est le cas des rites liturgiques réformés, mais sur un millénaire, est préjudiciable à l’Église tout entière. Ceux qui détiennent actuellement l’autorité à Rome – dont le mandat est relativement court par rapport aux deux mille ans d’histoire de l’Église – ne peuvent pas se comporter comme s’ils étaient les propriétaires exclusifs d’un trésor liturgique millénaire de l’Église. De plus, une majorité considérable de catholiques exemplaires, attachés à la liturgie traditionnelle, et qui ne manquent en rien de fidélité au pape actuel et à leurs propres évêques, sont ouvertement calomniés et discriminés. Les évêques – et en premier lieu les membres du sacré Collège des Cardinaux – devraient exprimer leurs préoccupations au Pape, en l’alertant sur le grand préjudice et l’injustice flagrante qui sont commis contre un groupe considérable de bons catholiques. […]

Comment résoudre ce problème ? Que doit-il se passer pour que ces guerres liturgiques, dont les catholiques traditionnels disent qu’elles ont été à nouveau enflammées par ces derniers documents, prennent fin ?

Nous devons garder à l’esprit que les actes violents ne durent pas longtemps. La violence et l’injustice faites à un groupe considérable de fils et de filles modèles de l’Église, par le récent document du Saint-Siège, auront un contre-effet. La tradition liturgique sera encore plus aimée et chérie. Certains prêtres et fidèles seront contraints à une vie de « messes de catacombes ». Mais ils ne doivent pas se décourager ni s’aigrir. La Divine Providence a permis cette épreuve douloureuse, dans laquelle nous voyons les autorités du Saint-Siège persécuter les bons catholiques qui sont attachés au trésor liturgique millénaire de l’Église romaine. Ils doivent continuer à aimer le Pape et leurs évêques et augmenter leurs prières et leurs actes de réparation et de pénitence, en implorant humblement Dieu pour qu’Il ouvre les yeux du Pape et des évêques et fasse naître en eux l’estime et l’amour pour le trésor de ces anciennes traditions liturgiques. Que le Pape François et beaucoup d’autres évêques se souviennent de la joie des jours de leur enfance et de leur jeunesse, lorsqu’ils ont entendu, ou prononcé eux-mêmes, ces mots émouvants et toujours jeunes : « Introibo ad altare Dei, ad Deum qui laetificat iuventutem meam !« , c’est-à-dire « J’irai jusqu’à l’autel de Dieu, du Dieu qui réjouit ma jeunesse ! ». Nous espérons fermement qu’un jour, le Pontife romain lui-même prononcera à nouveau ces mots au pied de l’autel de la basilique Saint-Pierre de Rome.

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