Médecine du désir : « Quel monde voulons-nous pour demain ? »

Le débat sur la PMA est-il possible dans le cadre des états généraux? Témoignage d'un lecteur du Salon beige, déçu après une soirée sur la PMA organisée par l'espace éthique local, qui reflète un sentiment mitigé partagé par beaucoup : raison de plus pour aller s'exprimer sur le site des états généraux de la bioéthique, ou bien manifester devant les évènements abritant ces pseudo débats, banderolles à l'appui, pour exprimer médiatiquement notre refus de la PMA et empêcher que les états généraux ne servent de caution populaire à ce projet. 

Le 1er mars je me suis rendu à la Mairie du 8ème arrondissement de Lyon, pour un débat sur la PMA organisé par l'Espace Éthique Rhône Alpes. S'intégrant à une série d'événements baptisée « Quel monde voulons-nous pour demain », la conférence s'intitulait « PMA : vers une nouvelle conception de l'humanité ? »

Un professeur en médecine animait les débats, sorte de Monsieur Loyal bonhomme invoquant la toute puissance du législateur dès lors que pointait une incohérence. Un médecin, s'honorant d' « avoir fait toute sa carrière dans la PMA », nous a ensuite expliqué que, pour qu'il y ait « projet parental », il suffisait qu'on soit prêt à importer l'embryon dans une matrice. Puis une autoproclamée philosophe nous a dit que, selon la sagesse kantienne, le foetus n'était pas une personne, puisque celui-ci étant un sujet ne pouvait être auteur de ses propres lois. Enfin, une avocate à la voix fébrile nous a rassurés, affirmant que le cadre légal protégeait la PMA de tout eugénisme. Le problème était que, dix minutes avant, Docteur Folamour nous avait bien rappelé que les donneurs de sperme devaient être des porteurs sains, sans antécédent génétique.

S'ensuivit un débat, courtois et contradictoire. Les uns opposèrent aux propos entendus la souveraineté des droits de l'enfant, les dangers d'une parenté endommagée, la douleur que susciterait une filiation dissimulée. Les autres s'offusquèrent : on ne comprenait pas leur souffrance, ils avaient bien droit à l'engendrement puisqu'ils étaient des infertiles sociaux. La discussion s'envenima, tout opposant à la PMA devint affreux homophobe.

Personne ne s'étant mis d'accord, je décidai de rentrer chez moi. En chemin, je me demandai ce qu'allait devenir cette médecine du désir qui n'était plus celle du soin. Et puis j'aurais bien voulu savoir où allait nous mener cet égalitarisme comptable qui accordait la même chose à chacun. Et que seraient ces enfants de parents aux pulsions infantiles ? Consommateurs à leur tour de l'engendrement programmé, encadré, et bientôt tarifé ? Une conviction me prit, qui finit par m'apaiser : ce monde individualiste, solitaire et mercantile, je n'en voulais pas pour demain. Ni même pour aujourd'hui.

En photo : le député Touraine conclu la conférence débat sur la Pma sous l’œil bienveillant du Pr Chapuis.