Partager cet article

Religions : L'Islam

Mahomet, une « boule d’amour » ? Théologie en mode Michel Audiard

Mahomet, une « boule d’amour » ? Théologie en mode Michel Audiard

Le site mizane.info, « site d’information, d’éclairage et de décryptage consacré à l’islam et au monde musulman » propose une conférence de 28 minutes au titre alléchant : l’islam est-il une religion d’amour ?

Alléchant par ce que traînent quand même à l’esprit ces informations (certainement contraires au vivre-ensemble) sur des Allah Akbar à la pelle, des terroristes comme par hasard musulmans, des haineux qui s’embrigadent à la mosquée, des chrétiens d’Orient (ceux qui n’ont pas encore été chassés) dont le calvaire est toujours renouvelé, des chrétiens brimés dans leurs droits civiques et religieux là où l’islam est majoritaire. Donc, nous allions savoir, grâce à un théologien musulman, M.Mohamed Bajrafil, ce qu’il est en est vraiment.

A vrai dire, l’audition de cette présentation est un peu difficile : le théologien linguiste de surcroît s’ingénie à multiplier –plus qu’à l’accoutumée dans ce genre de prestation- des citations en arabe accompagnées d’un décorticage de mots dont nous ne savons apprécier le sel (celui par exemple de la racine bi-consonnotique [sic] d’un mot arabe…). Et puis, il doit y avoir, supposons-nous, une part liée à une poétique arabo-musulmane parfois déconcertante. Par exemple, M. Bajrafil cite un

« verset dans lequel Allah dit au prophète : « tu ne guides pas qui tu connais ». La plupart des exégètes disent qu’il s’agit là de l’oncle du prophète. L’oncle paternel qui a aimé le prophète, qui l’a protégé, qui lui a donné cette chaleur de la matrice. « Tu ne guides pas qui tu aimes » : le sens déductible de cela, c’est qu’il aimait son oncle ».

Légèrement abscons quand même.

Mais, en bon disciple d’Achille Talon, nous avions décidé de ne pas désespérer, et voici, avant remarques et commentaires, quelques extraits représentatifs de cette conférence :

M.Bajrafil commence par souligner l’importance de la matrice (déjà citée plus haut ; une sorte d’utérus maternel ?) :

« L’homme a été créé dans et pour l’amour. Ce n’est pas un hasard que la chose la plus importante dans la vie de l’homme est la chaleur maternelle. La matrice. La chose la plus importante du capital humain, l’amour…. [dans le Coran figure] 113 fois le terme ou l’expression « au nom de Dieu le clément, le très miséricordieux ». En arabe, clémence et miséricorde sont toutes les deux extraites de la matrice. La matrice sans quoi elle ne viendrait pas à la vie. La matrice indiscutablement le lieu de protection, l’enveloppe la plus importante dans la vie de l’homme… L’islam est aussi une religion d’amour parce que le terme[émis en arabe] revient au minimum à 84 reprises dans le coran. C’est pour parler d’une chose autre que l’amour des hommes. C’est lié à cette notion de matrice, de consanguinité ».

M.Bajrafil continue en nous rassurant : se convertir à l’islam ne signifie pas être obligé de détester ses parents.

« L’amour ou l’islam ne vous demande jamais de faire quelque chose que naturellement nous ne serions pas capables de faire. Or le fait d’aimer quiconque vous veut du bien, le fait de lui tendre la main, le fait de se retrouver attaché à lui est quelque chose de naturel. Et demander à quelqu’un de détester son père, sa mère, son professeur, c’est contre-nature. Cela crée une schizophrénie sans nom. Si vous devenez musulman, l’islam ne vous demande pas de détester vos parents, ne vous demande pas de rompre avec vos amis ».

Puis il déploie quelques généralités bienfaisantes :

« La religion, c’est l’union, le regroupement. Allah dit au prophète : reste auprès des priants. Comme pour dire que la religion,  c’est d’abord une communauté, au sens de foi ; des gens qui partagent une foi commune, vont se retrouver en priant, en jeunant. Mais ce n’est pas de l’ordre de l’exclusion. La foi ne peut pas être quelque chose qui s’impose à vous. La foi est d’abord de l’amour.  Imposer sa foi à quelqu’un est de l’ordre du viol. Les répercussions psychologiques de la notion de viol sont beaucoup plus graves que les natures physiques, et c’est la raison pour laquelle imposer sa foi à quelqu’un est de l’ordre du viol. Et c’est pourquoi on dit il n’y a pas de contrainte en religion. .. Donc,l’islam, chers amis, en tant que foi, en tant que religion, ne peut-être qu’amour. Et là-dessus, il y a tellement de choses à raconter, d’une beauté incomparable ».

Et pour appuyer sa démonstration, il sélectionne « deux récits prophétiques d’une grande beauté (dans les traditions) » :

  • « Dans une expédition, il y a un souci, on a pris des prisonniers. L’un des prisonniers dit : « je ne suis pas de cette cité contre laquelle vous avez combattu. . Je suis venu déclarer ma flamme à une femme. Alors, laissez-moi me déclarer et ensuite, prenez-moi et tuez-moi ». Les compagnons accèdent à cette requête : après, ils l’ont tué. La femme s’est allongée à côté de lui, a poussé deux grands cris et elle est morte également. Le hadith dit que les compagnons ont raconté ça au prophète. Et quelle a été sa réponse ? « n’y avait-il pas parmi vous quelqu’un de miséricordieux pour laisser cet amour se perpétrer [sic]? ». Parce que l’amour est beau », conclut M.Bajrafil.

  • « Le prophète voit sa belle-sœur : C’est recueilli dans plusieurs récits. Quand il la voyait, il se levait et étalait son écharpe pour que la sœur de son amour s’asseoit. Lui-même était une boule d’amour».

M.Bajrafil ajoute même un troisième passage tout aussi exemplaire :

« une autre fois, on a fracassé la tête de Mahomet, il était ensanglanté. On est venu lui dire : ô toi messager de Dieu, prie Dieu contre eux. Et il a répondu : « je n’ai pas été envoyé médisant, maudissant, insultant ». Est-ce qu’on veut un amour au-delà de ça ? »

Enfin, en approchant de sa péroraison, il assène une référence jugée irréfutable pour sa démonstration : il fait référence au Coran dans lequel Allah aurait dit à Mahomet que

« nous ne t’avons envoyé que comme miséricordieux, envoyé aux univers. Nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde ».

Et donc de continuer :

« coraniquement parlant, tout ce qui fera du prophète, tout ce qui déroge à cette définition restrictive, doit être considéré comme un mensonge que l’on met sur le dos du prophète. Tu ne seras envoyé que comme miséricorde : c’est la définition que le Coran a donné au prophète. Une définition d’amour. Et si ça ne cadre pas avec cette définition, on le met de côté [sic]. L’islam est une religion d’amour…. Cette boule d’amour, cet être qui n’est que miséricorde ».

Son envoi final est  « soyez au nom de l’islam des boules d’amour et de miséricorde ».

Faisons donc maintenant quelques remarques :

  • L’islam est une religion d’amour semble ressortir d’une affirmation tautologique, d’autopersuasion : « l’islam ne peut être que de l’amour». Le conférencier dit encore à un autre moment : « Si tu as une dette, c’est envers quelqu’un. J’avais envie de dire « une dette d’amour », quelle belle expression ! »
  • A aucun moment il n’est indiqué qu’Allah est amour. En fait, dans l’exposé, au-delà de cette matrice énigmatique, c’est Mahomet qui est étroitement associé à l’amour. C’est lui la boule d’amour.
  • Boule d’amour, Mahomet est miséricordieux (cf : « n’y avait-il pas parmi vous quelqu’un de miséricordieux pour laisser cet amour se perpétrer ? »). Et quel est l’effet de sa miséricorde ? Epargner la vie, autrement dit ne pas exécuter (comme visiblement Mahomet semble parfaitement l’accepter pour les autres prisonniers sans doute exécutés pareillement dans le passage cité plus haut. Au moins, plus de souci!).
  • En effet, l’islam a ceci de particulier comme religion que la première manifestation de la miséricorde (la seule ?), c’est en fait accepter de ne pas tuer. On connait plus fraternel. A titre d’illustration, nous citerons aussi cet extrait d’un article du philosophe M.R.Brague Le pouvoir en islam:

« Seul Mahomet a osé revendiquer une association au pouvoir divin…. Les miracles par lesquels Mahomet authentifie sa mission sont avant tout des signes de puissance. Ces pouvoirs se concrétisent éventuellement par des destructions. A la différence du Christ des Evangiles rendant la vue aux aveugles et le mouvement aux paralytiques, aucun des prodiges attribués à Mahomet ne consiste en une guérison. Au contraire, sa biographie rapporte qu’il aurait miraculeusement provoqué la mort de ses adversaires en suscitant ou réactivant des blessures ou maladies » (Commentaire n°173 – Printemps 2021).

Et qu’en est-il de cette boule d’amour confrontée à sa biographie (on considèrera que la précision apportée par le  Dictionnaire encyclopédique d’histoire MOURRE « [à Médine] Mahomet pratiqua une véritable politique matrimoniale et, après la mort de Khadidja [sa première épouse], il n’épousa pas moins de douze femmes » ne rentre pas dans le propos de l’exposé) ?

Les quelques précisions qui suivent sont issues d’un site animé par M.Sami Aldeeb. La fiche Wikipedia de M.Sami Aldeeb, juriste suisse et chrétien, précise qu’il a été pendant 30 ans responsable du droit arabe et musulman à l’Institut suisse de droit comparé, mais aussi professeur des Universités en France, auteur d’ouvrages et d’articles sur le droit arabe et musulman. Il a notamment publié en 2008 une édition bilingue du Coran, en arabe et en français restituant le texte en classant les sourates par ordre chronologique selon l’Azhar. Un érudit en quelque sorte.

Dans un article publié sur son site, M.Aldeeb a dressé la « liste non exhaustive des expéditions de Mahomet de 623 [un an après son arrivée à Médine] à 632 [année de sa mort].  Il n’y en a que… 38 (pour certaines d’entre elles, sans réelle bataille. Beaucoup sont des sortes de guérillas locales contre des tribus environnantes, des « polythéistes », des « associateurs » ou des habitants de La Mecque) ! Sur dix ans, cela faitcomme un petit business trimestriel.

Extrayons les informations concernant quelques unes de ces expéditions :

  • « 7èmeexpédition de Nakhla au 7ème mois de l’An II : Mahomet envoie une expédition supposée rapporter des renseignements, mais le groupe attaqua les quatre caravaniers et tua l’un d’entre eux. Cette attaque eut lieu durant un des 4 mois sacrés où les arabes du Hedjaz s’interdisaient de faire la guerre. Pour faire faire face à la réprobation des polythéistes, la réponse de Mahomet vint par l’intermédiaire du verset S2 V217 du Coran qui affirma, entre autres, que l’association est plus grave que le meurtre. Ce verset vient donc légitimer une violation délibérée d’une trêve sacrée et encourager le meurtre de toute personne considérée comme associatrice. Mahomet paya le prix du sang de la victime, remis en liberté les deux prisonniers, mais les textes ne font pas mention de la remise du butin à leurs propriétaires ».

  • « En l’an V, après la bataille du fossé par laquelle les polythéistes de La Mecque se coalisèrent avec les Ghatafan, une tribu située au Nord de Médine dans le Nejd, pour attaquer les musulmans, perdue par les coalisés, Mahomet assiégea durant une vingtaine de jours la tribu juive des Banu Qurayza en lui reprochant de l’avoir trahi alors qu’elle n’avait pas pris part au combat et était restée neutre. Tous les mâles de cette tribu furent égorgés, les femmes et les enfants vendus en tant qu’esclaves».

Cet épisode visiblement peu miséricordieux met fin un peu brutalement à la période d’arrangement négociée par Mahomet avec les tribus juives au début de son installation à Médine.

  • « 27èmeexpédition de Banu Jadhima  : Mahomet envoya Khalid ibn al-Walid afin de convier la tribu Banu Jadhimah à l’Islam. Ils acceptèrent mais une partie d’entre eux fut massacrée seulement pour avoir dit « nous sommes devenus sabéens ». Mis au courant de ce massacre, Mahomet se contenta de dire à Khalid ibn al-Walid : « je suis innocent de ce que tu as fait ». »

  • « 28èmeexpédition de Hunayn et 29ème expedition d’Awtas au 10ème mois de l’an VIII : Mahomet, à la tête de 10 000 musulmans auxquels s’ajoutèrent les 2 000 nouveaux musulmans de la Mecque partit en campagne pour s’opposer à plusieurs tribus polythéistes qui décidèrent de marcher contre les musulmans. Après leur défaite, une partie de ces tribus se réfugia à Taïf à 80 km de La Mecque. A l’occasion de cette bataille, Mahomet cautionna le viol des captives mariées ».

  • « 36èmeexpédition de Khalid ibn al-Walid à Najran (Yémen) vers juin 631 (5ème mois de l’An X) pour convertir la tribu des Banu harith ben ka’b de force s’ils refusent l’islam. En les recevant, Mahomet leur dit :« Si Khalid ibn al-Walid ne m’avait pas écrit que vous aviez embrassé l’islam, j’aurais mis vos têtes sous vos pieds » (épisode cité par plusieurs auteurs) ».

Du même article toujours, parmi les hadiths (faits rapportés de la vie de Mahomet) cités, on peut extraire aussi celui-ci :

« huit hommes ont volé les chamelles du prophète et tuèrent son berger. Après qu’ils furent rattrapés, il donna l’ordre de leur couper les mains et les pieds et de leur crever les yeux avec des clous chauffés pour avoir volé, tué, apostasié et combattu Allah et son messager » (plusieurs hadiths du Sahih Bukhari) ;

ou encore le fait que, durant ces dix années de djihad guerrier, Mahomet aurait conforté l’esclavagisme.

Première conclusion toujours d’actualité : il est nécessaire d’aller aux sources de l’islam pour décortiquer tout argument. Car le premier problème, ce n’est pas un soi-disant islamisme, c’est l’islam comme démontré par les faits et textes cités.

Deuxième conclusion : il est au premier abord sympathique bien sûr d’entendre un théologien souhaiter aux gens qui l’écoutent d’être des boules d’amour et de miséricorde. Le problème réside juste dans le modèle donné. Au surplus, on n’est jamais très sûr du résultat comme le démontre cette autre vidéo d’un jeune imam français qui condamne l’exécution d’un apostat mais seulement si la sentence est injuste.

Enfin, dernier élément de conclusion, les chrétiens passionnés du dialogue dit interreligieux avec l’islam pourraient peut-être méditer cette sorte de différence substantielle entre une religion dans laquelle Dieu est amour et pour laquelle il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Evangile de St Jean, chapitre 15) et une autre religion dans laquelle Dieu est miséricordieux et la plus grande miséricorde qui peut être accordée est d’accepter de ne pas tuer une personne qu’on aura au préalable définie comme son ennemi. Ne peut-on pas penser alors que, quand le Pape et un dignitaire musulman prient ensemble « le Dieu très miséricordieux », il y a comme tromperie sur la marchandise ?

Partager cet article

5 commentaires

  1. Un coup de boule… d’amour peut-être?

  2. Franchement, je suis défavorable à la caricature du Mahomet du Coran. Il y a la raison de bienséance (bien commun) apportée de nouveau par G de Menthière lors de la 2ème ou 3ème conf. de Carême à Notre-Dame 2021. Si l’on relit l’un des canons du concile d’Elvire en 300, on voit bien que les évêques ne veulent pas trop choquer ou provoquer l’entourage païens.
    L’autre raison, – plus solide bien sûr puisqu’elle participe au faisceau de preuves qui mène à vivre de la vérité et à lutter contre le révisionnisme historique -, est liée au Père Noël. Vous savez ce ‘personnage pour enfants’ mondialement connu et qui entoure Noël. Il est récent et de couleur Coca Cola. Au Collège de France ou à la Sorbonne, on travaille encore de manière solide en épigraphie et histoire. Ces savants discrets sont souvent sécularisés ou communistes. Donc souvent païens, carrière oblige souvent ! Les résultats de leurs études pourraient se résumer ainsi : Le Mahomet du Coran n’a jamais existé historiquement, c’est un personnage de fiction impériale. Je conclus qu’il est sot et stupide de caricaturer le père noël des êtres musulmanisés et infantilisés par ce personnage anhistorique, même pas légendaire en fait. Peut-être a-t-il existé un ‘général’ (titre sur pièce de monnaie), redessiné ensuite en faux prophète pour servir d’unifiant-légitimant à un pouvoir politique implanté dans une région à peine pourvue d’une écriture défective ? Tu vois Dieu, qui a à sa disposition le cunéiforme, le grec, la grammaire latine et le Droit latin passer par un galimatias d’arabe oral dans une cité du 6ème siècle ‘inconnu’ et ayant un sanctuaire dans une vallée inondable !

  3. Allah n’est pas Dieu
    Celui qui prône le meurtre et permet le mensonge se dévoile sur sa vrai nature…
    Il est meurtrier depuis le commencement et lorsqu’il profère le mensonge il parle de son propre fond car il est le père du mensonge.

  4. Ô toi Mahomet, mignonne petite boule d’amour…….
    C’est mignon, hein, dit comme ça !

  5. RELIGION
    d’AMOUR de la violence
    de TOLERANCE zéro
    PAIX éternelle

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services