Partager cet article

France : Politique en France

M.Macron, un néant ? Un mannequin de plastique ? Un automate ? Et si c’était encore plus grave que ça ?

M.Macron, un néant ? Un mannequin de plastique ? Un automate ? Et si c’était encore plus grave que ça ?

M.Zemmour a, paraît-il, été très violent à l’égard de M.Macron, lors de son discours à Villepinte. Citons-le (à 1h18’) :

« Personne ne sait qui il est car il est personne. Derrière le masque de la parfaite intelligence technocratique, derrière la montagne d’idées superficielles, derrière les slogans contradictoires, derrière le en même temps synonyme de désordre, et le quoi qu’il en coûte synonyme de ruine, il n’y a personne. Il n’y a rien… Macron est à lui seul le grand vide. En 2017, la France a élu le néant et est tombé dedans. Nous laisserons dans sa vitrine ce mannequin de plastique, cet automate qui erre dans les labyrinthes de miroirs, ce masque sans visage qui défigure le nôtre. Nous laisserons cet adolescent se chercher éternellement. Oui, laissons-le avec son obsession pour lui-même ».

Violence verbale ? Mais si ce qu’il décrit est vrai ? Pour nous qui avons déjà traité le Président de la république de faussaire, d’agent de corrosion nationale, de verbigérateur, rien de bien nouveau. A vrai dire, le plus difficile est de trouver le qualificatif capable d’embrasser en un mot tout ce que M.Macron contient de faux voire de pervers. Sauf à se référer à la qualification de Talleyrand faite par Napoléon, qui semble grossière mais assez juste. Et il faut reconnaître que la soiemacronienne est tout à la fois abondante et chatoyante. L’actualité en donne encore une illustration parfaite.

M.Macron déambulant ces jours derniers dans les rues agréables de Vichy en a profité, lors d’un entretien avec France  Bleu,  pour répondre indirectement indirecte à M.Zemmour ; avec toute la cautèle sournoise, façon bienveillance, qu’il sait prendre avec tellement d’efficacité. Son côté soyeux. Il a dit :

« Vichy nous renvoie également à une histoire. Et je pense qu’à cet égard il faut juste se dire que cette histoire, nous l’avons vécue, elle est écrite par des historiennes et des historiens [sic]. Et c’est une bonne chose de s’y tenir. Et je pense que l’histoire, nous gagnons à la respecter, à l’apprendre, à permettre à nos historiennes et nos historiens [re-sic] sur la base de traces, de documents, de construire une vérité historiographique ; et gardons-nous de la manipuler, de l’agiter, de la revoir ».

Premier élément étonnant, M.Macron laisse entendre qu’après le travail des zistorienneuzédézistoriens, il y aurait accréditation d’une sorte d’histoire officielle, close, achevée, indépassable. Une vérité historique irréfragable. Au moment même où une zistorienne chercheuse au CNRS expliquait à sa façon :

«être historien, c’est donner de la signification au passé et en proposer une vision. Une fonction de l’historien est de distinguer le vrai du faux, mais aussi le légitime de l’illégitime, les coupables des non-coupables».

Comme cette chercheuse de coupables est spécialiste de la Guerre d’Algérie, tout est bien dans le meilleur des mondes macroniens…

Deuxième élément tout aussi étonnant : M.Macron ne se laisserait, lui, jamais aller à agiter, ni à revoir, ni à manipuler l’histoire ? Essayons d’approfondir.

L’histoire est à l’évidence une obsession macronienne. Nous recommandons à cet égard la lecture d’un article publié dès novembre 2018 par le zistorien Marc-Olivier Baruch (EHESS), intitulé : Emmanuel Macron et l’histoire (de France). Dès le début de l’article (et après deux ans seulement de présidence Macron), l’auteur remarquait sa dilection à discourir (« Emmanuel Macron est un président qui non seulement parle souvent mais parle aussi longuement ») ainsi que « la diversité des sujets – comme si toute prise de parole, ou presque, donnait à Emmanuel Macron matière à distiller sa vision de l’histoire ». Pour quelqu’un qui se flatte de ne pas agiter l’histoire, c’est bizarre.

M.Baruch distingue même quatre épisodes à consonnance historique dans le déroulement de la campagne électorale de M.Macron :

« C’est d’abord, en juillet 2015, un entretien avec Éric Fottorino, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le 1. Le jeune ministre – à tous les sens du terme, il n’est entré au gouvernement qu’en août 2014 – y développe déjà sa conception du pouvoir présidentiel : « La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. On le voit bien avec l’interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pourtant, ce qu’on attend du président de la République c’est qu’il occupe cette fonction. Tout s’est construit sur ce malentendu ». Commentaire de M.Baruch : « Comment ne pas être frappé, à la lecture de ces quelques phrases, par leur exagération manifeste ? ».

Le deuxième épisode se situe le 8 mai 2016 à Orléans. « Invité d’honneur des 587e fêtes johanniques, Emmanuel Macron ne parle que de lui en évoquant Jeanne d’Arc, qui « n’était qu’un rêve fou [et] s’impose comme une évidence ». ». Après avoir parlé de lui, M.Macron parle de la République et trouble M.Baruch :

« Et au fond, qu’est-ce qui fait que ce 8 mai à Orléans est si singulier ? C’est parce que, fidèles à notre histoire, fidèles à cette histoire, le désir de justice, l’énergie du peuple, la volonté de rassemblement, le triptyque de Jeanne d’Arc, c’est celui qui scelle notre République. Ce fil qui nous relie à Jeanne, en passant par Michelet, Jaurès, Gambetta ou Péguy, c’est celui de l’esprit républicain. Car notre République ne commence pas avec la République, elle commence bien avant. Elle s’ancre dans cette histoire millénaire avec laquelle nous devons avoir renoué, du sacre de Reims à la fête de la Fédération, comme le disait Marc Bloch. Jeanne d’Arc est beaucoup plus qu’elle-même ou que son époque. Elle contribue à forger cette identité française. Cette identité, c’est une langue, c’est un territoire, c’est une nation, c’est aussi le fruit de notre passé, car elle est faite de celui-ci. ».

Toute la soie macronienne se déploie déjà à l’envi ! Mais M.Baruch  ne s’y laisse pas prendre :

« Mais comment écrire raisonnablement comme le fait Emmanuel Macron que « la République ne commence pas avec la République, elle commence bien avant [et] s’ancre dans cette histoire millénaire avec laquelle nous devons avoir renoué » ? »

Le troisième épisode relève de la lecture par M.Baruch du livre-programme écrit par M.Macron, Révolution (publié à l’automne 2016, XO). Au chapitre « Ce que nous sommes », Emmanuel Macron définit à grands traits ce que sont, à ses yeux, la France et les Français. Pour définir sa « France de toujours », l’auteur ne recule pas devant l’emphase :

« Je ne me lasserai jamais de contempler l’âme immobile et fugitive de la France. C’est le temps fait géographie. C’est un héritage antérieur à la mémoire consciente, et le goût d’un avenir qui resterait fidèle aux espoirs du passé. Pays faits de mots, de terres, de roches et de mers. C’est cela la France. Mais pas uniquement. ».

La conclusion du livre commence par la phrase : « Chacun d’entre nous est le fruit de son histoire ». Et aussi (petit florilège de citations extraites par M.Baruch) :

« Notre pays a la force d’avancer, il a l’histoire et le peuple pour le faire ; Oui, la France est une volonté. La France ne se recrée pas chaque jour à partir de rien. Cette volonté s’appuie sur l’héritage de notre histoire qui structure nos réponses aux nouveaux défis ; Notre histoire et notre culture [NDLR : tiens, une « culture » ?], tout ce que les générations précédentes ont à nous transmettre, constituent notre socle commun ; Certes, les temps sont durs et l’histoire est tragique ; Sauf à nous perdre, nous ne pouvons pas prendre, dans ces temps si difficiles, une autre voie que la nôtre [NDLR : petit exercice recommandé : relisez soigneusement la phrase précédente…]. La richesse que nous avons à défendre, c’est la marque de la France, sa vertu, son message dans l’histoire ».

La France est donc une marque ! Comme Amazon ou Apple ?

Et ailleurs dans son livre, M.Macron de définir encore la France (il adore ça) :

« C’est un projet ouvert, qui a toujours su accueillir l’autre et les plus faibles, dont Jeanne d’Arc faisait partie. C’est un projet fou, au fond, forgé sur une culture, et recherchant l’universel, exigeant et généreux. C’est cela notre identité, ce n’est rien d’autre. C’est cela notre espoir, au fond. Cela n’a rien d’évident, mais c’est nous ».

Après la marque, la France comme un projet. Finalement, l’ambition de M.Macron pourrait être managériale, au profit d’une start-up nation.

M.Baruch, pour bien souligner l’obsession de M.Macron pour l’histoire, rapporte encore cette citation de l’auteur : « L’histoire instruit toujours : je pense souvent à ce que la République de Venise a dû vivre en 1453 lorsque Constantinople est tombée aux mains des Turcs ». A considérer la situation française, cela demanderait peut-être l’appui d’un psychanalyste…

Pour terminer sur ce livre, M.Baruch cite encore M.Macron :

« [Ma] décision de [me] présenter aux plus hautes charges de la République est le fruit d’une conviction intime et profonde, d’un sens de l’Histoire… Je veux que mon pays redresse la tête et, pour cela, retrouve le fil de notre Histoire millénaire : ce projet fou d’émancipation des personnes et de la société ».

Encore un projet fou direz-vous. On se demande ce qui est le plus fou, en fait.

Le quatrième épisode relaté par l’auteur de l’article est un ensemble de propos macroniens sur l’histoire et son enseignement développés le 9 mars 2017 sur France Culture face à Emmanuel Laurentin, en participant à l’émission La Fabrique de l’histoire[tout un symbole !].

Lors de cette émission qui a lieu en pleine campagne électorale, l’animateur rappelle à M.Macron les propos qu’il vient de tenir à Alger, le 15 février 2017 qualifiant la colonisation de crime contre l’humanité (mais bien sûr, on ne manipule pas l’histoire…) pendant la campagne électorale et s’interroge [déjà] sur l’incohérence de ce propos avec ceux que M.Macron avait donné quelques mois plutôt, en novembre 2016, dans Le Point, quand il avait évoqué « les éléments de civilisation et les éléments de barbaries que composaient la colonisation, et aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes ». Et M.Laurentin de demander :

« On s’est dit : comment peut-on tenir ensemble ces deux discours ? ».

M.Macron répond :

« Je pense qu’on ne peut pas parler de bienfaits de la colonisation, ça on le sait bien c’est une revendication extrêmement classique de celles et ceux qui veulent revenir sur ce passé et le revisiter. Mais, je reconnais qu’en même temps il y a eu des femmes et des hommes qui dans le cadre de la colonisation ont eu un rôle, une humanité, ont fait des choses. De l’autre côté, le discours que j’ai tenu a essayé à chaque fois de rappeler la complexité des expériences et des mémoires de cette période. Des faits qui se sont passés à l’époque relèvent du crime contre l’humanité. Quand je tiens ce discours, je ne dis à aucun moment que toutes celles et ceux qui ont eu à voir avec la colonisation sont des criminels contre l’humanité ».

Un crime sans criminel, la classe !

M.Macron dévie ensuite toujours sur France Culture dans tout un passage sur un mot qui aura été l’un des marqueurs obsessionnels de son quinquennat : les « mémoires » :

« En même temps, il y a d’autres mémoires. Il y a la mémoire des harkis trahis par la France… Il y a la mémoire des pieds noirs…. Il y a la mémoire des appelés, des anciens combattants. … Vous avez ensuite les Françaises et les Français issus de l’immigration, ou binationaux, qui sont des millions, venus d’Algérie, qui disent : on n’a jamais reconnu ma part d’histoire et de mémoire. Parce que la France a décidé de rester dans le refoulé après cette période, nous avons bloqué tout cela. Nous devons pacifier cette histoire et avoir une politique de reconnaissance des mémoires dans leur complexité, y compris dans ce qu’elles ont parfois d’irréconciliable entre elles ».

Mémoire, réconciliation de mémoires irréconciliables, autant d’obsessions macroniennes qui justifieraient peut-être là encore un petit traitement psychanalytique, et qui, en tout cas, rendent son affirmation de ne pas agiter l’histoire, de ne pas la revoir, de ne pas la manipuler, totalement incohérente. Et d’ailleurs se demande M.Baruch :

« Faut-il vraiment faire de la réconciliation des mémoires le point de fuite de l’histoire nationale ? ».

Sortons de l’article de M.Baruch et regardons d’autres traces des incohérences (certains diront mensonges) macroniennes :

– M.Macron, qui ne manipule pas l’histoire, est allé à Oradour-sur-Glane le 28 avril 2017 entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2017 et avant d’affronter Mme Le Pen.

M.Macron qui n’agite pas l’histoire a pourtant commandé au Camerounais Achille Mbembe, théoricien du post-colonialisme, une contribution (présentée le 5/10/201) pour refonder les rapports entre la France et l’Afrique . Dans cette contribution, étonnamment…, l’auteur arrive à la conclusion que la France doit reconnaître ses racines africaines.

M.Macron qui ne veut pas revoir l’histoire a pourtant commandé un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie  au zistorien Benjamin Stora : demander à M.Stora un rapport sur la colonisation en Algérie, c’est comme confier les clés du comité d’éthique au Dr Delfraissy : M.Macron (qui ne souhaite pas manipuler l’histoire…) en obtient toujours ce qu’il souhaite. C’est le 20 janvier 2021 que M.Macron a réceptionné cette commande. Il a, à cette occasion, a souligné sa volonté de poursuivre le travail de mémoire, de vérité et de réconciliation engagé au cours des dernières années dans notre pays et dans ses liens avec l’Algérie.

Parmi les recommandations du rapport figurait la reconnaissance par la France de l’assassinat d’Ali Boumendjel, avocat et dirigeant politique du nationalisme algérien. C’est chose faite dès le 2 mars 2021 par M.Macron qui n’agite jamais l’histoire :

 « Aujourd’hui, le Président de la République a reçu au Palais de l’Elysée quatre des petits-enfants d’Ali Boumendjel pour leur dire, au nom de la France, ce que Malika Boumendjel aurait voulu entendre : Ali Boumendjel ne s’est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné ».

Le Président a

« également dit sa volonté de poursuivre le travail engagé depuis plusieurs années pour recueillir les témoignages et encourager le travail des historiens par l’ouverture des archives, afin de donner à toutes les familles des disparus, des deux côtés de la Méditerranée, les moyens de connaître la vérité. … C’est pour eux désormais, pour la jeunesse française et algérienne, qu’il nous faut avancer sur la voie de la vérité, la seule qui puisse conduire à la réconciliation des mémoires ».

M.Macron qui ne souhaite pas manipuler l’histoire et qui a déclaré le 20 septembre 2021 lors d’un discours aux harkis « Je ne jugerai pas devant vous aujourd’hui le choix des dirigeants d’alors, ce n’est pas le rôle d’un président de la République »,  a en même temps commémoré les 60 ans de la manifestation du 17 octobre 1961 en se « rendant sur les lieux  de mémoire » et en reconnaissant des crimes inexcusables à l’égard d’Algériens.

« M.Macron  a reconnu les faits : les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République ».

M.Macron qui n’agite pas l’histoire a organisé une politique de restitution d’œuvres d’art d’origine africaine au Bénin (pour la petite histoire, il semblerait qu’au-dit Bénin, 90 % des actions culturelles sont financées par… la France).

M.Macron, qui ne manipule pas l’histoire, a, le 11 mars 2020, célébré (!) la 1ère journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme et annoncé dans la foulée la création du Musée-mémorial du terrorisme en confiant une mission de préfiguration au zistorien Henry Rousso. Le 11 mars 2021, rebelote. Encore une occasion pour M.Macron de discourir:

« le devoir de la France est de rappeler que les femmes et les hommes qui ont été visés par des attaques terroristes demeurent au cœur de notre fraternité nationale et de notre souvenir, d’honorer leur mémoire et de faire vivre leurs histoires et leurs engagements ».

Et la mémoire des victimes étant une occupation apparemment florissante, deux mois plus tard, le 11 mai 2021, le même Président, lors d’une autre cérémonie officielle, annonce qu’il a retenu une implantation du Musée-mémorial à Suresnes :

« La symbolique du site répond à la volonté de créer à la fois un lieu de résilience et de résistance » [sic].

M.Macron, qui ne veut pas revoir l’histoire, a, le 5 avril 2019, demandé au zistorien Vincent Duclert, de présider une commission de recherche sur « Le rôle et l’engagement de la France au Rwanda entre 1990 et 1994 ». Le rapport a été remis à M.Macron le 26 mars 2021. Ce rapport (qui pointait les « responsabilités accablantes » de la France) a nourri le discours (encore un) que M.Macron a prononcé le 27 mai 2021 au Mémorial du génocide perpétré contre les Tutsis. M.Macron, qui affirme qu’il ne faut pas revoir l’histoire, y explique :

« La France a un rôle, une histoire et une responsabilité politique au Rwanda. Et elle a un devoir : celui de regarder l’histoire en face et de reconnaître la part de souffrance qu’elle a infligée au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de vérité ».

S’ensuivent tous les éléments pointant les responsabilités françaises, parce qu’on sait que M.Macron, au-delà de son goût pour les côtés négatifs de l’histoire de France, a aussi, et pour une raison inconnue du rédacteur de cette note, l’obsession d’être bien vu (aimé ?) par M.Kagamé :

« En me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, ce jour, je viens reconnaître l’ampleur de nos responsabilités. C’est ainsi poursuivre l’œuvre de connaissance et de vérité que seule permet la rigueur du travail de la recherche et des historiens…. Reconnaître ce passé, notre responsabilité, est un geste sans contrepartie. Exigence envers nous-même et pour nous-même. Dette envers les victimes après tant de silences passés. Don envers les vivants dont nous pouvons, s’ils l’acceptent, encore apaiser la douleur. Ce parcours de reconnaissance, à travers nos dettes, nos dons, nous offre l’espoir de sortir de cette nuit et de cheminer à nouveau ensemble. Sur ce chemin, seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent peut-être pardonner, nous faire le don de nous pardonner ».

M.Macron qui ne veut surtout pas agiter l’histoire a commandé un (autre) rapport à une commission présidée par le zistorien Pascal Blanchard pour proposer des noms de personnalités issues de la diversité pour constituer une sorte de portefeuilles de noms à usage des maires pour baptêmes de rues. L’objectif principal de ce rapport avait été énoncé par Emmanuel Macron au site Brut :

« il déplorait qu’une partie de notre histoire ne soit pas représentée et affirmait qu’une partie de notre jeunesse cherchait des héros qui lui ressemblent ».

M.Macron qui laisse aux zistorienneuzéôzistoriens le soin d’étudier l’histoire a dit le 18 avril 2021 dans l’émission « Face the Nation » sur CBS : « nous devons déconstruire notre propre histoire » (ou plutôt : « « We have in a certain way to deconstruct our own history »)

M.Macron, qui n’agite pas l’histoire, a présidé le 10 mai 2021 la cérémonie pour la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, suite à l’adoption de la loi dite Taubira du 21 mai 2001, celle qui exclue soigneusement les traites intra-africaines en particulier. A cette occasion du 20ème anniversaire de cette loi, « un extrait du discours de Christiane Taubira, prononcé à l’Assemblée nationale en 1999, a été lu ». Sans doute un exemple de cette vérité historique que les politiques peuvent en toute certitude endosser.

On aura compris que l’incohérence est la chose que le Président de la république partage le mieux avec lui-même. On ajoutera quelques instantanés illustratifs et tout récents, qui dénotent comme une sorte d’accélération encore –si c’est possible- de la production d’incohérences :

  • Le 2 septembre 2021, dans un même mouvement, M.Macron rend hommage au professeur S.Paty et exhibe la photo de McFly et Carlito.
  • Le 16 septembre 2021, pour bien montrer l’importance qu’il accorde à l’histoire, M.Macron a inauguré l’Arc de Triomphe empaqueté. Il avait, avec enthousiasme, approuvé ce projet sur un

« monument symbolique de l’histoire de France et de Paris : l’Arc de Triomphe sera empaqueté dans 25 000m2 de tissu recyclable en polypropylène argent bleuté, et ceinturé avec 3 000m de corde recyclable en polypropylène rouge».

  • Le 20 septembre 2021, M.Macron, au détour de son discours à l’occasion de la réception consacrée à la mémoire des harkis et annonçant un texte de loi de reconnaissance et de réparation, arrive à juxtaposer à quelques phrases d’écart les deux positions suivantes pourtant totalement antagonistes :

« Je le disais, ce texte n’a pas vocation à dire ce qu’est l’histoire, ce n’est pas le travail d’un texte de loi» et « Ce qui est vrai, c’est qu’il y a une singularité pour ce qui est des Harkis. C’est l’abandon militaire et c’est ensuite l’abandon et la maltraitance des familles sur notre sol. Ça, c’est une spécificité. Et donc, la reconnaissance de ces deux faits, qui sont des caractéristiques historiquement établies qui sont des singularités de la question harki doivent être mises dans cette loi ».

  • Le 1er décembre 2021, M.Macron laisse la représentation française à l’ONU voter une résolution définissant les lieux saints de Jérusalem comme une entité exclusivement musulmane.
  • Le 9 décembre 2021, lors de sa conférence de presse et à propos du référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie qui a lieu le 12 décembre, le Président de la république (garant de l’intégrité du territoire au titre de l’article 5 de la Constitution) a affirmé : « Le rôle du Président n’est pas d’être dans un camp». Voilà qui est clair : pour M.Macron, la France, ce projet fou, est un camp comme un autre.

Voilà quelques éléments du paysage. C’est vraiment grave, docteur ?

Partager cet article

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services