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Bioéthique

Ludovine de La Rochère dénonce l’absence de tout dialogue de la part du gouvernement

Ludovine de La Rochère dénonce l’absence de tout dialogue de la part du gouvernement

Dans Famille chrétienne, suite à son audition à l’Assemblée :

La majorité des députés nous écoutaient avec de nombreux a priori. Lorsque nous parlions, certains râlaient, d’autres contestaient. C’était très désagréable. Ceux qui nous posé des questions nous étaient tous opposés. Certains avaient préparé un petit discours, nous faisant quasiment la leçon ! Ce que nous allions dire, ils le savaient d’avance, pensaient-ils. Jean-Louis Touraine, par exemple, a cru bon de nous dire qu’elle était, selon lui, notre image du père : celle d’un père fouettard, autoritaire, patriarcal. C’était stupéfiant de sottises.

C’était un dialogue de sourds en définitive ?

Nous avons essayé d’entrer dans leur logique, mais elle est pleine de contradictions, totalement coupée du réel. Ils sont dans le déni absolu. Tout ce qui compte pour eux, c’est que l’enfant soit aimé. Que ce dernier ait besoin de repères et de savoir d’où il vient, ils le balayent d’un revers de la main. Ce qui leur importe, c’est le désir de l’adulte. Tout ce que l’on peut dire sur les témoignages nombreux d’enfants privé de père, tout ce que l’on dit de la réalité, ils ne peuvent même pas l’entendre. C’est très frappant. Ils sont dans le concept, dans la pure construction intellectuelle. C’est la volonté qui doit tout façonner, et seul le droit est en mesure de créer le lien entre l’adulte et l’enfant. Il n’y a même plus de père et de mère dans leur logique. Le biologique n’a plus aucune importance pour eux.

Si une grande partie des députés vous sont hostiles, pourquoi venir à ces auditions ?

Depuis deux ans que nous participons au débat, nous avons exposé à maintes reprises les difficultés, les implications et les conséquences de l’extension de la PMA sans jamais avoir aucune réponse. Nous avons donc décidé de prendre cette audition à contre-pied en posant beaucoup de questions aux députés : comment prétendez-vous justifier dans 20, 30 ou 50 ans, d’avoir imposé à des enfants d’être délibérément privés de père ? Comment prétendez-vous garantir que l’enfant ne vivra pas douloureusement l’absence de père pour toute sa vie ? Comment prétendez-vous garantir qu’après la PMA sans père il n’y aura pas la GPA ? Comment prétendez-vous garantir que les couples souffrant d’infertilité ne seront pas victimes de l’extension de la PMA, car les délais d’attente seront rallongés ? Dites-nous quels soins seront sacrifiés pour rembourser une PMA sans motif médical alors que le budget de la Sécu est limité, et même insuffisant ? Comment, avec la pénurie de gamètes et l’explosion de la demande, pouvez-vous garantir qu’il n’y aura pas de marchandisation du corps humain ?

Nos questions étaient très concrètes, mais ils n’y ont pas répondu. Je pense qu’ils n’étaient pas en mesure d’y répondre. Ils étaient d’ailleurs très mécontents car, nous ont-ils dit, dans une audition ce sont eux qui posent habituellement les questions. Mais il était important pour nous que les Français entendent ces questions et constatent le refus de la majorité parlementaire et du gouvernement d’y répondre.

La Manif pour tous appelle à se mobiliser dans la rue le 6 octobre. Manifester, est-ce réellement efficace ? Les manifestations de 2013 n’ont-elles pas échoué ?

Si elles n’ont pas empêché l’adoption de la loi Taubira, les mobilisations immenses de 2012-2013 ont empêché la légalisation de la PMA sans père. Dès 2012, François Hollande avait ce projet en tête. Il a été contraint de le reporter à plusieurs reprises, avant d’y renoncer complètement. Elles ont également empêché le vote du statut du beaux-parents, c’est-à-dire la mise en œuvre de la multiparentalité, et l’adoption du projet de loi sur la famille de Dominique Bertinotti. Elles ont eu une efficacité réelle. D’autre part, un très grand nombre d’initiatives intellectuelles et culturelles sont nées de ces mobilisations. Enfin, on l’oublie souvent, mais la France a fait naître, dans de nombreux pays, des mouvements de défense de la famille. Et pour un certain nombre d’entre eux, cela a permis de s’opposer à des projets de loi inquiétants. […]

Certains sont tentés de se dire « à quoi bon manifester… ». Que leur répondez-vous ?

L’histoire n’est pas écrite d’avance. Un bouleversement dans ce qui est prévu et souhaité par le gouvernement est possible. Si nous sommes immensément nombreux à nous mobiliser, la donne peut changer ! En revanche, si nous baissons les bras, si nous regardons passer les trains en nous disant que, de tout fait, c’est inéluctable ; alors oui, ce sera vraiment inéluctable. En conscience, nous ne pouvons pas laisser passer ce projet qui va volontairement créer des orphelins de père, qui va nous faire entrer dans la marchandisation humaine et dans la logique transhumaniste. C’est le monde de demain, la société de demain, celle de nos enfants et de petits-enfants qui est en train de se dessiner. Nous ne pouvons pas laisser advenir ce monde sans réagir. C’est inimaginable. […]

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