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Culture

Louis Salleron, un laïc catholique au coeur de la vie de l’Eglise

Louis Salleron, un laïc catholique au coeur de la vie de l’Eglise

Après une imposante biographie consacrée à Dom Aubourg, Sœur Ambroise-Dominique Salleron, dominicaine enseignante à Fanjeaux, publie une non moins conséquente biographie de Louis Salleron, son grand-père. Il est d’ailleurs dommage que cet ouvrage consacré à cet artisan du bien commun ne soit pas plus succinct, car il risque de décourager le lecteur.

Ayant travaillé sur le corporatisme et le syndicalisme, l’économie politique et le catholicisme, Louis Salleron (1905-1992) a voué sa vie au service du bien commun. A partir de sa correspondance, de ses ouvrages et articles publiés notamment dans Fédération qu’il dirige, Itinéraires qu’il fonde avec Jean Madiran, Carrefour dont il est la cheville ouvrière ou encore ceux de La Pensée catholique ou du quotidien L’Aurore, l’auteur dresse une étude minutieuse de l’œuvre injustement laissée sous le boisseau.

Louis Salleron a traité d’agriculture et de corporation dès sa thèse de doctorat, s’est penché sur l’équilibre des rapports sociaux entre patrons et salariés ou ouvriers au sein de l’entreprise, a dispensé des cours d’économie politique à l’Institut catholique de Paris inspirés par la Doctrine sociale de l’Église. Témoin des bouleversements liturgiques et pastoraux de l’après-Concile, il entreprend une résistance tout à la fois patiente et résolue, tant contre les hérésies que contre l’esprit de chapelle au sein du catholicisme.

Père de douze enfants dont trois prêtres, Louis Salleron a le privilège d’avoir une épouse d’élite à ses côtés, toute d’intelligence, de bon sens et de discrétion. Aimant la vie, convive aux traits d’esprit réputés, il s’entoure de relations ou d’amis d’envergure avec lesquels il correspond. Parmi eux : Georges Bernanos, Mgr Jean Rupp, Dom Gaston Aubourg, Gustave Thibon, Marcel De Corte, le général Weygand, le colonel Rémy, le révérend père Bruckberger, Mgr Marcel Lefebvre, Henri Rambaud ou l’amiral Paul Auphan.

En mai 1947, Louis Salleron prononça une conférence pour le Congrès de la Confédération nationale de la famille rurale sur “l’optimum de la Sécurité sociale” :

Evoquant le “beau risque” de Platon, il constatait que, autant “il est normal et souhaitable que l’humanité s’efforce de supprimer le maximum de risques qui l’assaillent”, autant “elle ne peut se fixer l’objectif de les supprimer tous parce que 1°) elle va ainsi contre la loi de la vie ; 2°) elle augmente l’insécurité au lieu de la diminuer”. Et puisque “la vie est risque”, “les grands vivants sont les grands risques” et “la Sécurité ne se trouve que dans la mort”. Aussi, concluait-il avec une ferme vigueur : “Non la Sécurité sociale n’est pas un idéal pour un homme libre. Non, la Sécurité sociale n’est pas un idéal pour une nation vivante”.

En 1965, dans la tourmente post-conciliaire, il lance une chronique qu’il intitule “Le laïc dans l’Eglise”. Il explique :

Le laïc, nous explique-t-on, doit jouer un plus grand rôle dans l’Eglise. Nous sommes “le peuple de Dieu”. Nous avons notre mot à dire. […] Oui, le laïc a son mot à dire. Le laïc ordinaire. Celui qui n’est que le paroissien de sa paroisse, qui ne fait pas partie de l’Action catholique, qui n’est pas “mandaté”. C’est mon cas. C’est le cas de l’immense majorité des fidèles. Ceux-là sont silencieux. Comment parleraient-ils . Où parleraient-ils ? Et, d’ailleurs, que diraient-ils ? Ils ne sont pas théologiens. Ils ne sont pas savants. On leur clouerait toujours le bec, s’ils s’aventuraient à l’ouvrir. Alors, ils se taisent. Ils n’en pensent pas moins. Ils n’en souffrent pas moins. Nous parlerons pour eux. “Comment ! Quelle audace ! Quelle insolence ! Vous prétendez vous faire les interprètes des catholiques français ! Qui vous donne le droit d’affirmer qu’ils pensent comme vous ?” Paix, mes beau messieurs ! Paix !  Nous parlerons pour ceux qui pensent comme nous. Pas pour les autres. Vous voilà rassurés. Quelques dizaines seulement, peut-être. Ou quelques dizaines de milliers. Nous n’en savons rien. […] Nous n’interpellerons pas. Nous informerons. Nous observerons. Nous discuterons; Nous réfléchirons. Trois mots seront notre code : liberté, justice, vérité.”

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