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L'Eglise : Vie de l'Eglise

L’origine de toute cette crise se situe dans une sécularisation de l’Eglise et dans la réduction du prêtre au rôle de fonctionnaire

L’origine de toute cette crise se situe dans une sécularisation de l’Eglise et dans la réduction du prêtre au rôle de fonctionnaire

Dans un important entretien mené par Maike Hickson pour LifeSiteNews, l’ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le cardinal Gerhard Müller parle avec franchises des problèmes actuels au sein de l’Eglise. Extrait de l’entretien traduit par Jeanne Smits :

[…] Que McCarrick, avec son clan et au moyen d’un réseau homosexuel, ait pu faire des ravages, telle une mafia, au sein de l’Eglise, cela est lié à la sous-estimation de la dépravation morale des actes homosexuels entre adultes. Même si à Rome on a supposément seulement eu connaissance de quelques rumeurs, il fallait enquêter sur l’affaire et vérifier la véracité des accusations, et s’abstenir également de toute promotion épiscopale au très important diocèse de la ville capitale, et s’abstenir de la même manière de le nommer cardinal de la Sainte Eglise romaine. Etant donné qu’en outre on a même acheté le silence de certains – ce qui constitue l’aveu de ses crimes sexuels  à l’égard de jeunes hommes – toute personne raisonnable se demande comment une telle personne ait pu être conseiller du pape pour les nominations épiscopales. Je ne sais pas si cela est vrai, mais  c’est une chose qu’il faut clarifier. Le mercenaire aide à chercher de bons pasteurs pour le troupeau de Dieu : nul ne peut comprendre cela. Dans un tel cas, il faut une explication publique très claire à propos de ces événements et des liens personnels, sans compter la question de savoir quel était le degré de connaissance des autorités ecclesiales impliquées à chaque étape. Une telle explication pourrait très bien inclure la reconnaissance d’une mauvaise évaluation des personnes et des situations.

Avez-vous au cours de ces cinq dernières années été témoin de cas où celui qui était alors le cardinal McCarrick s’est vu attribuer influence importante ou a été chargé de missions spécifiques, soit par le pape, soit par le Vatican ?

Comme je l’ai déjà dit, je n’étais informé de rien. On disait que la Congrégation de la foi était simplement responsable des abus sexuels sur mineurs, mais non des affaires concernant des adultes – comme si les infractions sexuelles commises par un clerc, soit avec un autre clerc ou bien avec un laïc ne constituaint pas également une grave violation de la foi et du caractère sacré des sacrements. J’ai insisté encore et encore pour dire que la conduite homosexuelle des clercs ne peut en aucun cas être tolérée ; et que la moralité sexuelle de l’Eglise ne saurait être relativisée par l’acceptation mondaine de l’homosexualité. Il faut également faire la différence entre la conduite peccamineuse dans un cas individuel, un crime, et une vie vécue dans un état peccamineux continuel.

L’un des problèmes de l’affaire McCarrick est que, en 2005 déjà, et en 2007, il y eut des règlements judiciaires pour certaines de ses victimes, et pourtant l’archidiocèse de Newark – à l’époque sous la conduite de Mgr John J. Meyers – n’en a pas informé le public, ni ses propres prêtres. Il a tu ainsi une information vitale pour ceux qui continuaient de travailler avec McCarrick ou qui lui faisait confiance. Il en a été de même pour le cardinal Joseph Tobin,  lorsqu’il est devenu en janvier 2017 archevêque de Newark. A ma connaissance, ni Myers ni Tobin n’ont  présenté d’excuses pour cette omission ni pour la rupture de la confiance à l’égard de leurs prêtres. Pensez-vous que l’archidiocèse aurait dû rendre publique l’existence de ces règlements judiciaires, spécialement dans la mesure où  en 2002, la charte de Dallas avait exigé davantage de transparence ?

En des temps plus anciens, on partait du principe que de tels cas difficiles pouvaient être réglé de manière silencieuse et discrète. Mais cela permettait aussi au coupable de continuer d’abuser de la confiance de son évêque. Dans la situation actuelle, les catholiques et le public ont un droit moral de voir ces choses rendues publiques. Il ne s’agit pas d’accuser quiconque, mais de tirer les leçons des erreurs.

Un tel problème moral trouvera-t-il jamais une solution par la mise en place de nouvelles directives, ou avons-nous besoin dans l’Eglise d’une conversion plus profonde des cœurs ?

L’origine de toute cette crise se situe dans une sécularisation de l’Eglise et dans la réduction du prêtre au rôle de fonctionnaire. C’est au bout du compte l’athéisme qui s’est répandu au sein de l’Eglise. Conformément à cet esprit mauvais, la Révélation au sujet de la foi et de la morale est en train d’être adaptée au monde sans Dieu afin qu’elle n’interfère plus avec une vie menée selon les convoitises et les besoins de chacun. Seuls 5 % environ des coupables sont considérés comme souffrant de pédophilie pathétique [pathologique ? NDT], alors que la grande majorité des contrevenants ont largement piétiné le Sixième commandement en raison de leur propre immoralité, défiant ainsi de manière blasphématoire la sainte Volonté de Dieu.

Que pensez-vous de l’idée d’établir une nouvelle loi de l’Eglise proposant d’excommunier les prêtres coupables d’abus sexuels ?

L’excommunication est une peine coercitive qui doit être levée immédiatement en cas de repentir du coupable. Dans le cas d’abus sérieux et d’autres offenses à l’égard de la foi et de l’unité de l’Eglise, on peut imposer un renvoi permanent de l’état clérical, c’est-à-dire une interdiction permanente d’agir comme prêtre.

L’ancien code de droit canonique de 1917 définissait des peines précises encourues par le prêtre responsable d’abus, ainsi que par un prêtre activement homosexuel. Ces peines concrètes ont largement disparu du code de 1983 qui est plus vague et qui ne mentionne même plus explicitement les actes homosexuels. Pensez-vous, à la lumière de la grave crise des abus sexuels, que l’Eglise doive revenir à un ensemble plus rigoureux de peines automatiques dans  ce type d’affaires ?

Ce fut une erreur désastreuse. Les contacts sexuels entre personnes du même sexe contredisent complètement et directement le sens et la finalité de la sexualité fondée dans la création. Ils sont l’expression d’un désir et d’un instinct désordonné, et en même temps le signe de la relation brisée entre l’homme et son Créateur depuis la chute de l’homme. Le prêtre célibataire et le prêtre marié de rite oriental doivent être des modèles pour le troupeau et ils doivent aussi donner l’exemple de la rédemption qui englobe également le corps et les passions corporelles. Ce n’est pas la convoitise déchaînée de la satisfaction, mais le don de soi charnel et spirituel dans l’agapè à une personne de l’autre sexe qui constitue le sens et la finalité de la sexualité. Cela conduit à la responsabilité à l’égard de la famille et des enfants que Dieu a donnés. […]

Nous semblons actuellement confrontés à une situation dans l’Eglise où il ne semble même pas y avoir de consensus sur le fait que des prêtres ayant une activité homosexuelle jouent un rôle important dans la crise des abus sexuels. Même certains documents du Vatican continuent de parler de «  pédophilie » ou de « cléricalisme » comme constituant l’essentiel du problème. Le journaliste italien Andrea Tornielli va jusqu’à prétendre que McCarrik n’avaient pas de relations homosexuelles, mais que tout cela consistait plutôt une manière d’exercer son pouvoir sur autrui. En même temps, nous en avons d’autres : tel le P. James Martin SJ, qui parcourt le monde (et qui a même été invité à la rencontre mondiale des familles en Irlande) pour promouvoir l’idée des « catholiques LGBT » et qui prétend même que certains saints étaient probablement homosexuels. Tout cela pour dire qu’il existe aujourd’hui une forte tendance au sein de l’Eglise à minimiser le caractère peccamineux des relations de même sexe. Etes-vous d’accord pour dire cela, et si c’est le cas, comment peut-on et doit-on y remédier ?

Cela fait partie de la crise que de refuser d’en voir les vraies causes et de les occulter à l’aide des termes de propagande du lobby homosexuel. La fornication avec des adolescentes et des adultes est un péché mortel qu’aucune puissance au monde ne peut qualifier de moralement neutre. C’est le travail du diable – contre lequel le pape François met fréquemment en garde – que de déclarer le péché, bon. « Quelques-uns abandonneront la foi, s’attachant à des esprits d’erreur et à des doctrines de démons, par suite de l’hypocrisie d’hommes proférant le mensonge et dont la conscience porte la marque de l’infamie (cautérisée) » (1 Tim. 4, 1 et ss.). Il est en effet absurde que subitement, des autorités ecclésiastiques utilisent les slogans de combat anti-Eglise des jacobins, des nazis et des communistes contre des prêtres sacramentellement ordonnés. Les prêtres ont l’autorité pour proclamer le les Évangiles et administrer les sacrements de la grâce. Si l’un d’entre eux abuse de sa juridiction en vue d’atteindre des buts égoïstes, il n’est pas lui-même clérical de manière exagérée, mais au contraire, il est plutôt anticlérical car il renie le Christ qui veut œuvrer à travers lui. L’abus sexuel de la part de clercs devrait donc être tout au plus qualifié d’anticlérical. Mais il est évident – et cela ne peut être nié que par celui qui veut demeurer aveugle – que les péchés contre le Sixième commandement du décalogue trouvent leurs racines dans des inclinations désordonnées et constituent ainsi des péchés de fornication qui excluent du Royaume de Dieu, du moins tant que l’on ne s’en est pas repenti et qu’on ne les a pas réparés, et tant que n’existe pas la ferme résolution d’éviter de tels péchés à l’avenir. Toute cette tentative d’obscurcissement de ces choses et un mauvais signe de la sécularisation de l’Eglise. On pense comme le monde, et non comme Dieu le veut. […]

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