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Culture de mort : Idéologie du genre / France : Société

L’idéologie de la déconstruction n’est pas allée au bout de son processus

Le colloque "Européens : transmettre ou disparaître" organisé par l'Institut Iliade aura lieu le samedi 18 mars 2017 à partir de 10h à la Maison de la Chimie, 28 Rue Saint Dominique, 75007 Paris. Inscription.

BNous avons interrogé François Bousquet, qui interviendra sur l'idéologie de la déconstruction :

L'idéologie de la déconstruction est-elle arrivée au bout du désastre ou faut-il redouter encore des ravages ?

Elle n’est en tout cas pas venue au terme de son projet qui est de faire advenir autre chose que de l’humain : du post-humain, du transhumain. Son programme a été ironiquement fixé par Rimbaud dans ses fameuses « Lettres du voyant ». « Je est un autre », dit-il :un peu homme, un peu femme, un peu mutant, un peu trans. Dans l’enseignement, la déconstruction a pris la forme du pédagocrate, arme de destruction massive, et a trouvé dans l’œuvre de Pierre Bourdieu un modèle théorique d’essence terroriste. Bourdieu est un accident majeur pour la pensée française, une sorte de Tchernobyl intellectuel. Résumons : pour Bourdieu, la grande culture n’est jamais que la culture de la classe dominante, ce qu’il appelle « les héritiers », du nom de son livre, qui exercent une violence symbolique sur les dominés. Dans cette optique, la culture savante n’est plus que le marqueur social des classes privilégiées, elle transforme les inégalités sociales en inégalités culturelles. Pour y remédier, on va donc déconstruire, puis détruire, les classiques et les anciennes humanités, qui symbolisent un passé élitiste, et encourager la libre expression des élèves. Cette grille de lecture fonctionne aussi pour la théorie du genre qui cherche à déconstruire le discours dominant « hétérocentré ».

Peut-on reconstruire après cette déconstruction et si oui comment ?

Il faudra du temps. Un cycle historique semble s’achever, mais il n’est pourtant pas allé au bout de son processus de destruction-déconstruction. Il faut bien voir que la crise de l’école n’est jamais que la traduction d’une crise plus générale. C’est une crise de l’autorité (à l’école, une crise du savoir légitime). Or, cette crise épouse le processus de démocratisation à l’œuvre depuis le début des temps modernes. Ce processus répond à une demande d’égalisation et d’émancipation croissante : d’abord, le tiers état, puis les femmes, puis la classe ouvrière, aujourd’hui les enfants et demain les animaux, à qui il est question d’élargir les droits jusque-là réservés aux humains. Problème : à faire d’emblée de l’enfant un citoyen, on le prive du seul moyen d’en devenir un : l’instruction. Nous voilà dans une impasse. Ou bien nous nous y enfermons – c’est le choix des pédagocrates (la réforme n’a pas fonctionné parce qu’il n’y a pas eu assez de réformes) –, ou bien nous en sortons. Ce que font les parents… quand ils ont les moyens de le faire. Raison pour laquelle les écoles privés sous contrat sont prises d’assaut. Mais on n’a fait que contourner le problème. Le mal est profond. Il faut se donner les moyens de déconstruire les déconstructeurs.

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