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Pays : Liban

L’identité arabe du Liban

Dans Présent, Maroun Charbel répond à ceux qui s'interrogent :

"L’entité du Liban et son identité arabe sont désormais menacées. Il faut faire très attention à ce qui se trame et faire échec aux desseins qui, s’ils réussissaient, changeraient le visage du Liban."

Ces deux petites phrases du patriarche des Maronites auront marqué […] d’une lumière crue l’enjeu de ces élections. Le terme «identité arabe» du Liban est un terme que nous n’avons pas eu l’habitude de trouver chez un patriarche maronite. Il est inscrit au second alinéa du préambule de notre loi fondamentale dans sa version de 1990 :

«Le Liban est arabe dans son identité et son appartenance. Il est membre fondateur et actif de la Ligue des Etats arabes…»

L Cet alinéa n’existait pas dans notre première constitution, celle de 1926. A l’époque le texte reflétait le consensus national du Liban moderne qui reposait sur «deux négations» comme l’écrivait, en 1949, l’éditorialiste Georges Naccache. Il ajoutait que "deux négations ne font pas une nation". A l’époque les communautés musulmanes – à leur tête les Sunnites – acceptaient de se reconnaître «libanaises» en renonçant au concept musulman de la oumma, la Nation musulmane qui ignore les frontières des Etats. Et les communautés chrétiennes – à leur tête les Maronites – acceptaient de ne plus se tourner constamment vers l’Occident.

La constitution de 1990 et l’identité arabe du Liban nous ont été imposées par les accords de Taëf qui, eux, nous ont été imposés par les guerres du général Aoun. Il avait alors envoyé le Liban au fond du gouffre et ses hommes au massacre, trouvant lui-même refuge à l’ambassade de France et livrant le pays à la soldatesque syrienne. Les Chrétiens du Liban, exsangues, étaient encore soulagés, dans leur malheur, de se voir imposer l’article 24 qui stipule le partage du pouvoir à part égale (50/50) entre chrétiens et musulmans. […] La représentation des Chrétiens était avant Taëf de 6 députés pour 5 députés musulmans. […] En contrepartie de cette réduction de la représentativité chrétienne et de l’identité arabe inscrite dans le préambule, les Chrétiens du Liban obtenaient le premier alinéa du préambule :

«Le Liban est une Patrie souveraine, libre et indépendante, Patrie définitive pour tous ses fils, unitaire dans son territoire, son peuple et ses institutions, à l’intérieur de ses frontières fixées dans cette Constitution… »

[…] Aujourd’hui c’est ce Liban, son identité qui est en danger. Le fait que le collectif du 14-mars ait gagné les élections n’est pas encore une garantie."

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6 commentaires

  1. Exact. Après chaque défaite militaire des Maronites, le Liban devenait, dans la Constitution, un peu plus arabe. D’un “ni Orient ni Occident” en 1943, nous sommes passés à un Liban “à visage arabe” après la défaite de 1983 (accords de Lausanne), puis à un “Liban arabe” en 1990 après la défaite consécutive à la trahison de Michel Aoun. Mais si l’Etat libanais se dit “arabe”, l’identité culturelle des Maronites ne l’est pas et ne le sera pas. L’identité d’un peuple forgée durant 14 siècle d’histoire ne se change pas par amendement constitutionnel.

  2. Le mot maronite ne prend pas, en bon français, de majuscule, dans la mesure où il ne renvoie ni à un peuple ni à une ethnie…

  3. Je ne savais pas que la condition de Maronite était d’ origine ethnique et pas confessionnelle. On en apprend tous les jours.
    Mais.. Maron, comme tous les premiers chrétiens de cette région, étaient-il sémite (juif et arabe) ou d’ origine perse, voire bantou ou japonais ?..
    Vaste question à laquelle, je suis sur, vous allez éclairer ma modeste lanterne de primaire gaulois.

  4. Chris de Fier:
    Quel est le lien entre l’origine ethnique de Saint Maron et le débat sur le statut sociologique des Maronites?

  5. Les maronites pour être exact…

  6. Abd al Massih:
    Je vous suggère d’aller corriger les documents synodaux et autres textes fondamentaux publiés en français par le patriarcat maronite et le Saint-Siège. Ou de corriger des historiens comme René Ristelhueber. Votre obsession grammaticale ne changera rien au fait que les Maronites constituent un “peuple”. Mais le débat n’est pas là. Il s’agissait de savoir si le Liban est “arabe”. Consultez à ce sujet les résultats de l’étude sur le patrimoine génétique des Libanais (The Henographic Project/National geographic, American University of Beirut) qui révèlent une composition diverses et équilibrée entre Phéniciens, Européens, Arabes et Turkmènes.

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