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Pays : Etats-Unis

Leur haine de Donald Trump leur font réhabiliter les services de renseignement américains

Leur haine de Donald Trump leur font réhabiliter les services de renseignement américains

Renaud Beauchard relève cet étrange paradoxe dans Le Figaro :

Par la magie de la détestation de Trump, les services de renseignements américains s’offrent le luxe d’une nouvelle virginité. Oubliés les fausses armes de destruction massive en Irak, les enlèvements d’étrangers en dehors des États-Unis et le recours à la torture, les assassinats au moyen de drones, la surveillance massive et sans encadrement judiciaire de la population américaine et de ressortissants étrangers, les écoutes des conversations téléphoniques de dirigeants de pays alliés. Il ne s’agissait là que d’égarements désintéressés au service de la paix dans le monde. Ce qui compte, c’est de restaurer l’innocence de la nation américaine violée par les compromis boueux de Trump, dont le style personnifie la laideur de la politique, une politique toujours associée à la recherche d’un avantage personnel. Que les services secrets des États-Unis s’auto-instituent en tant que gardiens de l’innocence en politique n’est pas le moindre des paradoxes.

C’est là que se trouve le principal intérêt de cette affaire d’impeachment, aboutissement d’un schisme inédit dans l’histoire américaine entre le président des États-Unis et les services de renseignements, et d’un rapprochement fusionnel entre ceux-ci et les médias. Comme l’a documenté l’excellent Matt Taibbi, un des rares francs-tireurs du journalisme «libéral» (de gauche, NDLR), ce schisme s’est produit dès l’élection de Trump et avant même son investiture. Le 7 janvier 2017, les quatre têtes du renseignement américain, John Brennan (CIA), James Clapper (directeur du renseignement national), Mike Rogers (NSA) et James Comey (FBI), sont venues alerter Obama et Trump de l’existence d’un dossier préparé pour le compte de la campagne de Hillary Clinton par un agent britannique, Christopher Steele, dossier entre les mains d’un certain nombre de médias et contenant des informations très compromettantes susceptibles de soumettre Trump à un chantage de la part de la Russie.

Et les quatre hommes d’assurer Obama et Trump que les services de renseignements œuvreraient à ne pas fournir une occasion à ces organes de presse de s’en servir. Cependant, seulement trois jours plus tard, le site d’information Buzzfeed publiait l’intégralité du dossier Steele, inaugurant une période de plus de deux ans riche en théories du complot les plus folles, alimentées par une succession de fuites émanant des services de renseignements et reprises à l’envi par les chaînes d’information en continu et une grande partie de la presse. Des médias dans lequel officient une armée d’anciens responsables du renseignement reconvertis dans le journalisme que, moins d’un an après la rencontre du 7 janvier, sont venus rejoindre Brennan et Clapper en tant que collaborateurs rémunérés de NBC et CNN.

Trump, et une partie des Américains pensaient en avoir fini avec tout cela après l’échec pitoyable de l’enquête de Robert Mueller sur le Russiagate. C’était sans compter sur le zèle des entrepreneurs en chaos à vouloir nous soigner à tout prix de notre atrophie du sens de l’indignation et la patience qui pousse la moitié des États-Unis à tolérer la vulgarité trumpienne pendant un, voire deux mandats.

Quelle que soit l’issue de l’élection de 2020, il est probable que l’histoire retienne l’ironie de la situation. Après un mandat tout entier marqué par une révolte, contre le président élu, d’élites obsédées par la théorie d’une intervention russe dans le jeu électoral en 2016, la présidence Trump voit pour la première fois les services de renseignement américains mettre à profit leur longue expérience de déstabilisation de régimes étrangers pour perturber… le jeu des institutions américaines. Avec pour tout résultat une procédure de destitution vouée à l’échec. Jamais, dira-t-on, une telle montagne n’aura accouché d’une aussi petite souris.

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