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Lettre de Mgr Schneider aux juges lors du procès de Jean-Pierre Maugendre

Lettre de Mgr Schneider aux juges lors du procès de Jean-Pierre Maugendre

Déclaration de Mgr Schneider

Au sujet du procès du 18 octobre concernant Jean-Pierre Maugendre.

Monsieur le président !

Un déplacement apostolique aux USA m’empêche d’être physiquement présent à l’audience de ce jour, ce que je regrette beaucoup. Jean-Pierre Maugendre est poursuivi pour « provocation à la discrimination à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle » par l’association Stop homophobie. M. Maugendre est accusé d’avoir publié sur le site de l’association Renaissance catholique un texte dont je suis un des signataires avec le Cardinal Burke, patron de l’Ordre de Malte, le Cardinal Pujats, archevêque émérite de Riga, et les évêques Peta, archevêque de sainte Marie en Astana et Lenga, archevêque émérite de Karaganda. Il est bien évident que les signataires de cet article intitulé : « L’Eglise du Dieu vivant. La colonne et l’appui de la vérité » sont les premiers responsables moraux de cette publication qui reprenait elle-même une déclaration du 3 juin 2003 de la Congrégation pour la doctrine de la foi intitulée : « Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles ». Ce document était alors signé du cardinal Ratzinger devenu, depuis, pape sous le nom de Benoît XVI.

Notons d’abord qu’au sens strict, l’Eglise qui est « Jésus-Christ répandu et communiqué » selon la belle expression de votre évêque français Bossuet, n’est pas maîtresse de son enseignement. Sa mission est de transmettre l’enseignement du Christ qui lui a été légué par la Sainte Tradition. L’Eglise ne peut pas plus modifier le dépôt de la foi que celui de la morale. Cela lui est, ontologiquement, impossible. L’Eglise catholique n’est pas celle de Pierre, Paul ou Jacques mais celle du Christ. Or l’Eglise a toujours enseigné, depuis sa fondation, il y a 2000 ans, conformément à la loi naturelle que Dieu a inscrit dans le cœur de tous les hommes qu’ils soient croyants ou non, que le mariage était « un état de vie dans lequel s’effectue la communion de personnes qui engage l’exercice des facultés sexuelles » (Considérations n 3), Dieu ayant voulu « conférer à l’union de l’homme et de la femme une participation spéciale à son œuvre créatrice » (Considérations n 3). Ainsi « la complémentarité des sexes et la fécondité appartiennent à l’institution même du mariage » (Considérations n 3). Aussi le Catéchisme de l’Eglise Catholique (n2357) enseigne que les actes homosexuels « ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas ». Ces actes d’homosexualité, intrinsèquement désordonnés sont condamnés à de multiples reprises dans l’Ecriture, en particulier dans les épîtres de Saint Paul : Rm 1,24-27 « Les hommes ayant abandonné le commerce naturel avec les femmes se sont consumés de désirs les uns pour les autres, ayant d’homme à homme des relations honteuses et recevant ainsi en eux-mêmes le juste salaire de leur égarement » ; 1 Cor 6,10 « Ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les diffamateurs, ni les rapaces n’hériteront du Royaume de Dieu » ; 1 Tm 1,10 « Les impudiques, les infâmes, les marchands d’esclaves, les menteurs, les parjures, etc. ». Ni vous ni moi n’y pouvons rien, cet enseignement ne changera pas, car c’est celui du Christ dont l’Eglise est la gardienne et non la maîtresse.

Il convient cependant de préciser que, comme toujours, l’Eglise distingue le péché et le pécheur. Si l’inclination homosexuelle est « objectivement désordonnée » (CEC n2358) il convient néanmoins d’accueillir les homosexuels, comme toute personne, avec « respect, compassion, délicatesse » (CEC n1358) sans cependant favoriser par la loi de tels comportements. La responsabilité de la puissance publique n’est pas d’avaliser ou valoriser les sentiments des personnes mais de servir le bien commun qui est fondamentalement la paix, la prospérité et la pérennité des sociétés. « Les lois civiles sont des principes structurants de la vie de l’homme au sein de la société pour le bien ou pour le mal » (Considérations n 6). Or les unions homosexuelles « ne sont pas en mesure d’assurer de manière adéquate, la procréation et la survivance de l’espèce humaine » (Considérations n 7). C’est pourtant de cela que l’Etat est responsable et non des sentiments des personnes entre elles.

En reproduisant le texte incriminé, M Maugendre n’a fait que répondre à la demande qui clôt les considérations de la Congrégation pour la doctrine de la foi : « Tous les fidèles sont tenus à s’opposer à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles » (Considérations n 10). La surprise, et peut-être le scandale est qu’il y ait, en réalité, au regard des griefs de l’association Stop Homophobie si peu de prévenus dans ce tribunal. C’est l’Eglise qui devrait être présente devant votre tribunal. Il est à craindre que les plaignants n’aient pas parfaitement saisi le sens de la conclusion du document romain : « L’Eglise enseigne que le respect envers les personnes homosexuelles ne peut en aucune façon conduire à l’approbation du comportement homosexuel ou à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles. Le bien commun exige que les lois reconnaissent, favorisent et protègent l’union matrimoniale comme base de la famille, cellule primordiale de la société » (Considérations n11). Il est en réalité à craindre que les plaignants l’aient parfaitement compris mais cherchent à faire déclarer hors- la-loi le simple rappel de l’enseignement bimillénaire de l’Eglise.

Enfin, j’ai entendu avec intérêt votre ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, déclarer le 26 juin dernier sur KTO, à l’occasion de la cérémonie républicaine pour la paix et la fraternité en hommage au père Hamel, assassiné cinq ans auparavant par des terroristes islamistes, s’adressant à Mgr Lebrun, archevêque de Rouen : « Vous avez la liberté de contester les lois, Monseigneur, de vous battre pour qu’elles changent ». C’est ce que fait M. Maugendre et nous lui en sommes, au nom de l’Eglise et en tant que successeur des Apôtres, reconnaissant.

Je vous remercie.

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