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Europe : identité chrétienne

L’Esprit Européen et le monde des machines

Le titre ci-dessus est celui d’une conférence de Bernanos publiée en 1946. Devant l’actualité de ce texte, j’ai eu envie de vous en faire partager quelques extraits:

"Vous avez déjà entendu dire que je suis un démolisseur, et non un
constructeur. Je me refuse à appeler constructeur, en dépit d’une vague
assonance, les fabricants de constitutions. Lorsque j’aurai trouvé un
constructeur, je m’engage à venir vous le dire à cette place, mais il
se sera probablement déjà désigné lui-même. Pour moi, je ne suis qu’un
témoin, je rends témoignage de ce que je vois. Je vois se construire un
monde où ce n’est pas assez dire, hélas! que l’homme n’y pourra vivre ;
il y pourra vivre mais à la condition d’être de moins en moins homme.


Et d’ailleurs, ce monde ne se construit pas, on voudrait me faire
croire qu’il se construit
. Il ne se construit pas, il donne l’illusion
de se construire parce qu’on y tronque, mutile, retranche tout ce qui
appartenait jadis à l’homme libre, tout ce qu’on avait fait à son usage
et qui pourrait rappeler demain, au robot totalitaire, la dignité qu’il
a perdue, qu’il ne retrouvera plus jamais. A grand renfort de machines
démolisseuses, perforatrices, excavatrices, et d’explosifs
perfectionnés, les démolisseurs déguisés, portant le nom de
constructeurs sur la casquette, sont en train d’organiser; un monde à
l’usage d’un homme qui n’existe pas
.
Les imposteurs ne me demandent pas
de croire que cet homme existe, mais qu’il existera un jour, et ils me
le demandent d’une manière si pressante que je crois déjà sentir le
canon de leur pistolet sur la nuque. Oh! certes, ils ne promettent
nullement cet homme pour demain, ils ne nous promettent pas le bonheur.
Ils n’oseraient faire semblant de ne pas voir ce qui monte à l’horizon.
Ils accordent volontiers que leur homme n’est pas près de naître et
qu’il ne leur ressemblera pas, qu’ils ne peuvent nous en donner qu’une
idée poétique. Ils l’annoncent, voilà tout, ils en sont les
annonciateurs plutôt que les précurseurs.
Avant qu’il existe, avant que
nous soyons sûrs qu’il puisse exister jamais, des millions et des
millions d’hommes, des hommes sans nombre, d’innombrables générations
d’hommes crèveront dans un monde fait pour un autre être. Qu’importe!
Ce qui importe, c’est de rendre tout de suite l’expérience
irréversible, en détruisant l’homme chrétien
. C’est de rendre le monde
de demain aussi inhabitable pour l’homme chrétien que celui de l’époque
glaciaire pour les mammouths.


La civilisation européenne s’écroule et on ne la remplace par rien,
voilà la vérité
. A la place de ces immenses épargnes accumulées de
civilisation, d’humanités, de spiritualité, de sainteté, on offre de
déposer un chèque sans provision, signé d’un nom inconnu, puisqu’il est
celui d’une créature encore à venir. Nous refusons de rendre l’Europe.
Et d’ailleurs on ne nous demande pas de la rendre, on nous demande de
la liquider. Nous refusons de liquider l’Europe. Le temps de liquider
l’Europe n’est pas venu, s’il doit jamais venir. Il est vrai que le
déclin de l’Europe ne date pas d’hier, nous le savons. Mais nous savons
aussi que le déclin de l’Europe a marqué le déclin de la civilisation
universelle
. L’Europe a décliné dans le moment où elle a douté
d’elle-même, de sa vocation et de son droit."

François Tievre

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