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France : Politique en France

Les soldats de Macron doivent être des mercenaires sans cervelle. Ce n’est pas vraiment le profil du général Lecointre

Extraits du portrait du général Lecointre, issu des troupes de marine, par Samuel Pruvot dans Famille chrétienne :

Unknown-17"La nomination de François Lecointre en tant que nouveau chef d’État-major des armées fut une surprise. Mais pas un accident. Elle intervient au terme d’une crise inédite entre le Président de la République et son prédécesseur, le général de Villiers. Sans doute que le général Lecointre, catholique pratiquant, y voit aussi la main de la Providence… Celui qui prend aujourd’hui ses fonctions, à l’âge de 55 ans, ne faisait certes pas partie du réservoir traditionnel des chefs d’État-major. Mais sa présence, le 20 juillet, aux côtés d’Emmanuel Macron et de la ministre des Armées, Florence Parly, sur la base aérienne 125 d’Istres (Bouches-du-Rhône) ne doit vraiment rien au hasard. Chef de cabinet du Premier ministre (sous Manuel Valls, Bernard Cazeneuve et Édouard Philippe), on avait pu déjà apprécier ses talents dans les plus hautes sphères de l’Etat.

Cela dit, François Lecointre n’est pas du genre arriviste. Il est plus proche des « héros » – pour reprendre l’expression du porte-parole du gouvernement – que du carriériste. Un « héros » vraiment ? Pour une fois, le vocabulaire des communicants n’est pas exagéré. Il fait notamment référence à un fait d’armes du jeune capitaine du 3e régiment d’infanterie de marine, en 1995, à Sarajevo. Ce dernier arrive à reprendre aux Serbes le pont de Verbania, après plusieurs heures de combats. Il permet la libération d’une dizaine d’otages, dont de nombreux casques bleus. « Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être au-dessus des hommes, il faut être avec eux », déclarait à l’époque François Lecointre en citant Montesquieu… Ce mélange de courage, de classe et de culture imprime un style. Le capitaine est rappelé à Paris pour être décoré. C’est pour lui une véritable torture que de lâcher ses hommes en pleine guerre. Quitter les blessés et les morts…  Son biotope ne se trouve manifestement pas dans les palais de la République mais bien sur les théâtres d’opération avec la FORPRONU, à Sarajevo, ou avec l’opération Turquoise, au Rwanda.

Il faut dire que François Lecointre a derrière lui des aïeux qui ont l’étoffe des héros. Son grand-père officier refuse de s’enfuir pendant la débâcle de juin 1940. Travaillant dans une usine d’armement pour l’occupant, il sabote les armes. Dénoncé, il sera inquiété par la Gestapo. Blessé dans les combats de la Libération, il recevra un éclat d’obus au cœur et sera sauvé in-extremis. Héroïsme aussi de son oncle. Ce jeune saint-cyrien meurt au combat pendant la guerre d’Algérie. Un village en feu, des soldats obligés de battre en retraite et un oncle qui fait passer tous les autres avant lui… quitte à mourir brûlé vif.  La France, le don de soi, la mort ; tout cela fait partie de son paysage naturel. Son père, un officier sous-marinier, lui a donné le goût de la Marine. Il a vécu à Cherbourg, à Toulon et à Lorient.

Pour être un militaire dans l’âme, François Lecointre est aux antipodes de la brute épaisse. C’est plutôt un doux, un être cultivé et drôle. Il est le seul, dans la fratrie, à relever la tradition militaire mais il sait pourquoi.  Père de quatre filles, il trouve dans son foyer un refuge imprenable. Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage… Ce féru de littérature incarne à sa façon virile le poème de Joachim du Bellay. « Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village / Fumer la cheminée, et en quelle saison / Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, / Qui m’est une province, et beaucoup davantage ? » La culture, chez lui, est une nourriture vitale. François Lecointre aime Stendhal et Giono. Il admire aussi Bourdelle et ses sculptures. Quand il a un peu de temps libre, il part en quête de meubles anciens ou de gravures. Il n’est pas loin de penser, avec Dostoïevski, que « La beauté sauvera le monde » si les militaires n’y arrivent pas seuls ! Mais plus que tout, François Lecointre aime jardiner. Il adore aller et venir seul dans son parc pour planter le bon arbre, au bon endroit. Il dit souvent à ses proches que s’il n’était pas devenu militaire, il serait jardinier !

Le jardin du pouvoir est rempli de ronces. Le général Lecointre le sait. Et alors ? À propos du sacrifice de sa vie pour sa patrie, il pourrait citer Kipling : « Il importe peu à un soldat d’être tombé dans une escarmouche ou sur le champ de bataille de Waterloo. »Ce qui importe, selon le général Lecointre, c’est le prix d’une vie capable de se sacrifier pour la France. […]"

Pas facile pour lui de passer après la crise entre le CEMA et le Président. Surtout que ce dernier a osé déclarer :

"Il aura non pas un budget à défendre, parce que ce n'est pas le rôle du chef d'état-major, c'est le rôle de la (sic) ministre des Armées. Il aura des troupes à conduire, des opérations à mener, une stratégie, des capacités à défendre et à proposer au chef des armées qui est le président de la République. C'est comme ça que la République fonctionne bien. Voilà."

Il faudra que l'on m'explique comment on peut à la fois (en même temps…) ne pas défendre un budget et défendre des capacités… Au-delà de la contradiction, Emmanuel Macron a une conception typiquement technocrate : faire des militaires des techniciens du combat aux ordres des civils. D'où le transfert de toutes les tâches administratives requises jusque dans les unités à des non-militaires. Les soldats de Macron doivent être des mercenaires sans cervelle. Ce n'est pas vraiment le profil du général Lecointre.

Selon Le Figaro, le gouvernement envisage de «dégeler» une partie des crédits de la Défense, mis en réserve début 2017. Cette enveloppe s'élève à ce jour à 1,9 milliard d'euros. Est-ce une victoire du général de Villiers ? Sa démission aura au moins permis à la presse de se pencher sur l'équipement défectueux de l'armée française. France Info a réalisé un reportage en titrant que "l'armée française est à bout de souffle". Un sous-officier déclare ainsi :

"Je suis de la nouvelle génération, j'ai huit ans de service. Il faut savoir que mon grand-père travaillait sur le même véhicule il y a trente ans."

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