Partager cet article

France : Société

Les jeunes catholiques ont besoin de pasteurs qui ne soient pas tièdes

Voici un extrait de l'entretien donné par l'abbé Grosjean à La Vie, qui a provoqué l'ire des chrétiens progressistes. Extrait :

"Selon vous, comment l’intérêt pour le politique évolue-t-il chez les jeunes catholiques ces dernières années ?

Deux choses me frappent. La première est la forte mobilisation pour la famille. Beaucoup de jeunes catholiques se sentent responsables d’un modèle où la famille est comprise et respectée avec la complémentarité père-mère, où la vie est accueillie et respectée dans toutes ses dimensions. Cet héritage dont ils sont porteurs les engage. Ils savent que s'ils ne s’impliquent pas pour défendre le modèle de société auquel ils sont attachés, il peut disparaître. Moi, je vois ces jeunes comme une « minorité créative », dont parlait Benoît XVI. Ils ont compris que l’Histoire pourrait se faire sans eux. Maintenant, ils veulent faire l’Histoire. Je pense aux Veilleurs. Ils ont montré que quelques-uns peuvent faire trembler un pouvoir politique et médiatique et interpeller toute la société. Sans tomber dans l’extrémisme ou la violence.

Deuxièmement, je trouve les jeunes assez libres par rapport aux systèmes partisans. Ils n'aiment pas la logique des partis et ils sont imperméables aux petits arrangements politiciens. Ils ont une attente de figures qui sauront les comprendre et auprès desquelles ils sont prêts à s'engager. En cela, ils sont différents de leurs aînés.

[…] L’esprit partisan s’estompe ainsi. Encore une fois, les jeunes catholiques donnent la prime à la cohérence et à la conviction. Pour cette raison, le PS pose parfois problème car le courant libertaire en son sein est de plus en plus fort. Des chrétiens de gauche le disent eux-mêmes. Par ailleurs, le courant libéral-libertaire dépasse lui aussi le clivage gauche-droite.

Vous êtes donc optimiste ?

Je suis plein d’espérance. La situation est stimulante. L’Histoire se fait avec des minorités créatives. Cette idée de Benoît XVI n’a jamais été aussi vrai pour nous catholiques en France. L’enjeu est immense. Les jeunes sont libres et décomplexés. Si l’Eglise sait être au rendez-vous pour enthousiasmer ces jeunes, ils sauront s’engager.

Sur le plan de la pratique religieuse, quelle est la culture de ces jeunes ? Plutôt classiques, tradis, charismatiques ?

Nos jeunes ne sont pas prisonniers de nos schémas ecclésiaux dans lesquels nous perdons parfois notre temps. Ils se baladent entre tradis et charismatiques. Leurs attachements transcendent les clivages. J'ai pu constater que ce sont les mêmes jeunes qui vont à la messe tradi de Chartres, à la messe charismatique à Paray et à celle de Hautecombe du Chemin Neuf et à la messe classique à Lourdes. Ils sont libres. Le vrai clivage n’est pas entre tradis et charismatiques, mais entre ceux qui prennent le tournant du christianisme identifié et décomplexé et ceux qui restent dans l’Eglise des années 80 où il faut s’excuser d’être chrétien.

Certains catholiques ont peur de ces jeunes si engagés, si tranchés.

Là, il faut être clair. Les catholiques pratiquants qui pensent que leur engagement est basé sur leur foi sont ceux qui sont descendus dans la rue l’année dernière. Beaucoup d’évêques, comme le cardinal Barbarin, ont su descendre avec eux et s’adresser à eux, tout en les aidant à discerner. Il est vrai que certains évêques, comme par exemple Mgr Simon, étaient sur la réserve, critiquant ces manifestants. En ce qui concerne mon évêque de Versailles, Mgr Éric Aumonier, il a constaté que ces jeunes sont ardents dans leurs convictions et généreux dans leur mobilisation. Il a souhaité leur parler, non pour les brider, mais pour servir leur engagement.

Au fond, on ne fait que suivre l’exemple des différents papes, de Jean-Paul II à François. Le rôle de l’Eglise est de savoir aider ces jeunes laïcs à prendre conscience de leur mission et à les accompagner. Ils sont demandeurs. Ils feront sans ceux qui ont peur d’eux ou qui pensent qu’ils sont trop ceci ou trop cela.

[…] Ils assument un christianisme décomplexé, engagé, qui veut peser. Ils veulent reprendre la main et peser dans les débats. Bien sûr, je vois aussi leur impétuosité, leur ardeur, leur imprudence. Mais au lieu de leur dire ce qu’il faut faire, il faut peut-être se demander où souffle l’Esprit, comme dit le Concile, et essayer de comprendre les signes des temps. Ils ont besoin de pasteurs qui ne sont pas tièdes, qui savent parler à leur générosité et à leur désir de s’engager. Ils cherchent des pères et des chefs qui les font grandir, qui leur disent : « vas-y, sois vrai, forme-toi, n'aie pas peur. » […]"

Partager cet article

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services