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France : Politique en France

Les hommes politiques classés à droite sont moins «à droite» que leur base électorale

Le groupe de réflexion « A droite » plaide dans Le Figaro pour une reconstruction décomplexée et conforme aux idées portées par les électeurs :

"Voici trop longtemps que la droite est trahie par certains de ses cadres, lesquels, depuis au moins le mi-temps du quinquennat Sarkozy, semblent honteux d'être «à droite». Voici trop longtemps que les cadres de la droite prônent une «droite ouverte, pas sectaire» (Alain Juppé), brocardent la «droitisation» (Nathalie-Kosciuzko-Morizet) et la «radicalisation» (Alain Juppé) de leur électorat, fustigent les «dérives droitières» (Jean-Christophe Lagarde) de leurs collègues et ne se revendiquent désormais de «droite» que pour ajouter qu'ils sont «constructifs» (Thierry Solère), préparant ainsi la victoire puis l'hégémonie politique et intellectuelle du mouvement d'Emmanuel Macron.

«Tant pis si la droite n'est pas une alternative incontournable au macronisme» déclarait il y a quelques jours Franck Riester sur les antennes d'Europe 1: cette assertion en forme de reddition ne semble pas présente dans les seules têtes des «constructifs, UDI et indépendants» mais hante l'ensemble de la droite politique, à commencer par les 75 députés LR qui se sont abstenus lors du vote de confiance au gouvernement Philippe. Disons-le clairement: les cadres de la droite ne semblent plus percevoir ce qui les distingue de la majorité présidentielle, au point que la droite politique semble tout proche de passer l'arme à gauche.

Cette droite politique se méfie de la «droite des idées» comme de son ombre, au point de reprendre contre cette dernière le vocabulaire polémique de la gauche. Il semble en effet entendu dans l'esprit d'un bon nombre d'élus de droite que la gauche et le centre revêtent une supériorité intellectuelle et morale, comme si la droite était un poison politique, inévitable à faible dose, mais dont il faut prévenir une trop forte concentration dans le corps social. La suspicion à l'égard de toute tentative de décomplexer la droite en témoigne: elle ne serait admissible dans le débat public que dans une version affadie, inhibée. Cette suspicion à l'égard de la droite se redouble d'une méfiance à l'égard du peuple et de ses opinions droitières: le préjugé est tenace selon lequel la droite flatterait les mauvais penchants du peuple, susciterait chez lui de mauvais sentiments, à l'inverse de la gauche, qui ferait naître chez lui ce qu'il y a de meilleur, en l'obligeant à la générosité et à l'ouverture.

Pourtant, depuis quelques années, la «droite des idées» avait su imposer dans les médias des thèmes mobilisateurs pour l'électorat: affirmation de l'identité nationale, défense de la liberté personnelle et de son corollaire, l'éthique de responsabilité, affirmation des limites qui doivent circonscrire l'action politique (frontières nationales, écologie humaine), lutte contre l'insécurité physique, sociale et culturelle, réarmement moral face au terrorisme islamiste. Le dernier sondage Ipsos sur les «Fractures françaises» ne fait que confirmer la prégnance de plusieurs de ces thèmes dans l'esprit des Français. Las, la droite politique a préféré faire campagne sur des thèmes plus nobles à son sens: réduction du déficit public, maîtrise de la dette, suppression de l'ISF, promotion de la high-tech, rétrécissant ainsi le débat politique aux seules perspectives économiques, sans apporter de réponse au défi de civilisation, passant sous silence les attentes de son électorat.

Pour les élites politiques et médiatiques, le conservatisme des gens ordinaires – cette volonté de conserver ce qu'ils ont reçu en héritage moral et ce qu'ils ont gagné par leur travail – est une aberration intellectuelle. Dans leurs esprits nourris d'abstraites idéologies, leur rôle est de guider le peuple, de modérer ses instincts, d'être son avant-garde. Eh quoi! les gens n'auraient donc pas pour ambition de «changer la vie»? Ne seraient-ils pas réceptifs aux progrès des droits des minorités, à la déconstruction de leur roman national, à l'édification d'une «société plurielle» et sans frontières? Ne sont-ils pas sensibles aux utopies sociales? Pourquoi ne souhaitent-ils pas construire une société différente? L'idéalisme progressiste issu de la pensée révolutionnaire constitue l'arrière-pensée de la plupart de nos élites et de nos élus: c'est d'ailleurs en cela qu'Emmanuel Macron a raison de revendiquer à la fois une inspiration de gauche, un certain libéralisme et une aspiration à la «révolution», titre de son ouvrage programmatique. Il s'agit d'ériger le changement en moteur de l'Histoire selon une logique de la table rase au service de l'émancipation qui structure toute conception révolutionnaire. Au contraire, la persistance d'un attachement naturel à la continuité historique, aux racines et à la tradition, le refus d'une vision intempérante du progrès, constituent le fonds constant de la droite qui oppose à l'idéalisme du progrès (le «progressisme») un réalisme de la préservation.

Les hommes politiques classés à droite, par le double effet de leur position d'avant-garde et de la mécanique «sinistrogyre» (Albert Thibaudet) qui régit la vie politique française, sont quasi-inéluctablement moins «à droite» que leur base électorale, ce qui ne manque pas de créer un sinistre décalage. Ce décalage semble aujourd'hui avoir atteint son paroxysme, au point que la droite politique n'a plus le choix: ou elle se réarme intellectuellement, ou elle passe l'arme à gauche. Si la droite des idées campe ferme sur ses positions, que la droite politique retrouve une doctrine, une identité et une vision, au lieu de se soumettre aux ordres moraux des élites politiques et médiatiques, elle pourra en revanche être le foyer de l'alternative. À la veille d'une recomposition politique et idéologique d'ampleur, la droite ne sortirait du clivage qu'à son détriment, pour se fondre dans un consensus social-démocrate, mondialiste et libertaire qui assécherait le débat public sans répondre aux attentes de ses électeurs, notamment dans la France périphérique. […]"

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7 commentaires

  1. quand 60 % des électeurs s’abstiennent les politiques FN compris devraient se remettre en question!
    quand à Macron, pire que Hollande, il fait de la figuration! qui gouverne?

  2. Il ne peut y avoir de droite tant que celle-ci est, comme la gauche, entièrement livrée aux “idéaux” de la franc-maconnerie. Les valeurs que porte la vraie droite sont en contradiction totale avec les objectifs des loges. Tant que les appareils des partis seront aux mains des maçons, la droite politique ne sera qu’un mirage, un leurre destiné à abuser les braves gens, les enjoignant à voter pour des fripouilles et des affairistes qui n’auront d’autre priorité que de faire le contraire de ce pour quoi ils auront été élus.

  3. On se fout de ces guguss de droite oude gauche, c’est DIEU qu’il faut recentrer en France.

  4. les médias de “droite” comme LeFigaro sont encore moins à droite que les politiciens dits de “droite”, qui ne sont pas de droite de toute façon.

  5. Je confirme .
    Effectivement les dirigeants politiques Français ne pensent pas, ne raisonnent pas ,et n’agissent pas en tant que leaders de droite de conviction.
    On peut comparer ces individus à des feuilles qui tombent des arbres et qui virevoltent au gré du vent.
    Absolument aucune colonne vertébrale.
    l’immense majorité ne se bat pas pour la France ,mais pour ” sa gamelle ”
    Pitoyable!!
    Ils plient et capitulent depuis 45 ans .
    Au début face aux promoteurs acharnés de l’UERSS , cette structure qui nous fait tant de mal, et depuis 1983 face aux “ultra – libéraux /libertaires ”
    Le tout dernier exemple est bien cette clique de députés LR qui sont partis suivre le mouvement : les “constructifs ” se désignent-ils ainsi !!!!
    “En France il y a deux gauches ,dont l’une s’appelle la droite ”
    M Druon
    On ne peut mieux dire .
    Mais ceci dit ,il faut bien reconnaître et avouer que ces inconsistants patentés sont bien aidés dans leurs louvoiements par une partie importante de Français.
    Le seul vote utile aux dernières élections était le vote FN / DLF ……….malgré les imperfections de sa présidente ,c’es évident.
    Or, les retraités ont voté pour Macron à 78% !!
    Ces personnes là ont préféré leurs sous à leurs enfants ,petits enfants et au pays ,alors que ce dernier s’effondre.
    Eux aussi n’ont pas le patriotisme chevillé au corps.
    Après moi le déluge ,se disent-ils !!!!
    C’est hautement honorable une telle attitude !!
    ” La faiblesse de nos réactions favorise le comportement barbare chez nos élites .
    Elles n’ont plus peur de nous ”
    Agora Vox
    A un point tel que notre Pdt bien aimé traite les gens – enfin ceux qui n’ont pas réussi à ses yeux – des “gens de rien ”
    Aucun dirigeant ,civil ou militaire ne peut diriger ou commander un pays ou bien une troupe s’il n’éprouve pas ,ne ressent pas en lui-même la plus petite parcelle d’estime ,voire d’amour pour ceux qu’il dirige.
    Il nous méprise .
    Après tout ,on a les dirigeants qu’on mérite.
    C’est à désespérer de ses compatriotes.
    Mais après tout , les Français n’ont-ils pas encore assez soufferts.
    Rassurez-vous ,ça va pas tarder à venir !!!

  6. À Alpin : Vous écrivez : « … les retraités ont voté pour Macron à 78% !!
    Ces personnes là ont préféré leurs sous à leurs enfants ,petits enfants et au pays ,alors que ce dernier s’effondre. »
    ———————–
    Cela n’est pas exact car Macron a annoncé qu’il prendrait l’argent épargné (prétendument stagnant) là où il est, en particulier chez les RETRAITÉS, même si ces derniers n’aspirent qu’à terminer leur vie sur terre paisiblement et aider leurs descendants et leurs proches.
    CSG, imposition, charges sur les rentes (retraites, …), les propriétés, tout ce qui est « immobilier » en général, report des baisses d’impôts et taxes, obligation de travaux, … jusqu’à ce qu’ils n’aient d’autre choix que de se faire expulser. Quand on est « en marche », on constate une certaine logique très prévisible !
    À part les 1% de très riches, les retraités qui ont voté Macron sont soit des naïfs, soit des imbéciles : Ils n’ont plus qu’à payer avec leur retraite gelée ! Ils l’ont bien cherché.
    « Ces personnes-là ont préféré leurs sous à leurs enfants et petits-enfants et même au pays » ; ces personnes-là n’auront ni leurs sous, ni la possibilité d’aider leur progéniture (qui devra payer pour eux) ni même leur pays qui sera à vendre aux plus offrants !
    Qu’ils se rassurent : L’euthanasie leur sera offerte gratuitement.

  7. La droite, c’est Quoi?
    La droite c’est la culture de Vie, c’est-à-dire: la défense de la vie depuis la conception jusqu’à la mort naturelle.
    Tout le reste est la culture de mort, c’est à dire la sinistre gauche.
    Nous devons reconstruire cette droite, culture de vie. Mme Emmanuelle Ménard est un député de cette droite de la Vie.

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