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L'Eglise : Foi / L'Eglise : François

L’enseignement de l’Eglise sur la Sainte Communion, du Concile de Trente au pape François

L’enseignement de l’Eglise sur la Sainte Communion, du Concile de Trente au pape François

Un lecteur a traduit en français une déclaration signée par des personnalités catholiques à propos du document Desiderio desideravi publié en juin. On trouvera la liste des signataires, parmi lesquels plusieurs évêques, au bas de l’article en anglais en lien. Le traducteur prie ses lecteurs d’excuser les approximations et erreurs involontaires éventuelles et les remercie d’avance d’apporter les corrections nécessaires.

Enseignement de l’Église Catholique sur la réception de la Sainte Eucharistie.

La lettre apostolique récente Desiderio desideravi publiée le 29 juin 2022 (fête des saints Pierre et Paul) déclare :

Le monde ne le sait pas encore mais chacun est invité au banquet des noces de l’agneau (Ap 19, 9) [et référence à Mt 22,1-14]. Pour être invité au festin tout ce qui est demandé est le vêtement de noces qui vient lorsqu’on entend Sa Parole (Rm 10, 17). [suit le rappel en italien des passages cités]

Cette interprétation contredit la foi de l’Église Catholique. L’Église a toujours enseigné que pour recevoir la communion valablement et sans péché les catholiques doivent recevoir l’absolution sacramentelle, si possible, pour tout péché mortel qu’ils pourraient avoir commis, et en obéissant à toutes les autres lois de l’Église concernant la réception de l’eucharistie (comme par exemple le jeûne préalable). Pour autant, si un catholique n’est pas en mesure de confesser des péchés mortels mais a une grave raison de recevoir l’eucharistie (suit un exemple) alors cette personne doit faire de son mieux pour avoir une parfaite contrition des péchés mortels qu’elle peut avoir commis.

L’affirmation que la foi est la seule condition pour une réception valable de la Sainte Eucharistie a été condamnée par le concile de Trente comme hérétique.

Le saint et œcuménique Concile de Trente, Décret concernant le très saint sacrement de l’Eucharistie (11 octobre 1551).

Chapitre VII. La préparation qui doit être employée pour recevoir dignement la Sainte Eucharistie

S’il ne convient à personne de s’approcher d’aucune des fonctions sacrées autrement que solennellement, assurément, plus le chrétien comprend la sainteté et la divinité de ce sacrement céleste, plus il doit veiller à ne pas s’approcher pour le recevoir sans grande révérence et sainteté [can. 2], surtout quand nous lisons dans l’Apôtre ces paroles pleines de terreur : “Celui qui mange et boit indignement, mange et boit en jugement sur lui-même, sans discerner le corps du Seigneur” [1 Cor. 11 :29 ]. C’est pourquoi le précepte : “Que l’homme s’éprouve lui-même” [1 Cor. 11:28], doit être rappelé à l’esprit de celui qui veut communiquer. Or, l’usage ecclésiastique déclare que cet examen est nécessaire, qu’aucune personne consciente d’un péché mortel, si contrite qu’elle puisse paraître à elle-même, ne doit s’approcher de la Sainte Eucharistie sans une confession sacramentelle préalable. Ceci, a décrété le saint Synode, doit toujours être observé par tous les chrétiens, même par les prêtres à qui, de par leur fonction, il peut incomber de célébrer, pourvu que le recours à un confesseur ne leur fasse pas défaut. Mais si, dans une nécessité urgente, un prêtre devait célébrer sans confession préalable, qu’il se confesse le plus tôt possible.

Canon 11. Si quelqu’un dit que la foi seule est une préparation suffisante pour recevoir le sacrement de la très sainte Eucharistie, qu’il soit anathème. [Si quelqu’un dit que la foi seule est une préparation suffisante pour recevoir le sacrement de la très sainte Eucharistie, qu’il soit anathème].

Cette affirmation contredit aussi les canons 915 et 916 du code de Droit Canon romain, et les canons 711 et 712 du droit canon oriental.

Code de droit canonique latin

Can. 915 On ne doit pas admettre à la sainte communion ceux qui ont été excommuniés ou interdits après l’imposition ou la déclaration de la peine, ni les autres qui persévèrent obstinément dans un péché grave manifeste.

Can. 916 Une personne consciente d’un péché grave ne doit pas célébrer la Messe ou recevoir le corps du Seigneur sans confession sacramentelle préalable, à moins qu’il n’y ait une raison grave et qu’il n’y ait pas d’occasion de se confesser ; dans ce cas, la personne doit se rappeler l’obligation de faire un acte de contrition parfaite qui inclut la résolution de se confesser dès que possible.

Code oriental de droit canonique

Canon 711. Une personne consciente d’un péché grave ne doit pas célébrer la Divine Liturgie ni recevoir la Divine Eucharistie, à moins qu’une raison sérieuse ne soit présente et qu’il n’y ait aucune possibilité de recevoir le sacrement de pénitence ; dans ce cas, la personne doit faire un acte de contrition parfaite, incluant l’intention de se confesser dès que possible.

Canon 712. Il est interdit à ceux qui sont publiquement indignes de recevoir la Divine Eucharistie.

L’objet de ces canons est d’éviter un grave péché à une personne indigne de recevoir l’eucharistie, d’éviter le scandale, et aussi la profanation du sacrement par une réception aussi indigne. Ces canons sont toujours valables. Ils ne peuvent pas être rejetés valablement car leur contenu exprime la loi divine sur l’eucharistie enseignée dans les saintes écritures et la tradition de l’Église. Ceci a été rappelé le 24 juin 2000 par le Conseil Pontifical pour les textes législatifs, à propos de l’admission à la communion des divorcés remariés :

Le code de droit canon établit que « ceux qui sont sous une peine d’excommunication ou un interdit  déclaré, et d’autres qui persistent dans un péché manifestement grave, ne doivent pas être admis à la sainte communion. » (canon 915) L’interdiction du canon cité est dérivée par sa nature de la loi divine et transcende toute loi ecclésiastique positive : celle-ci ne peut introduire de changement législatif qui s’opposerait à la doctrine de l’Église. Le texte sur lequel la tradition s’est toujours reposé est celui de St Paul : « ceci signifie que quiconque mange le pain ou boit le sang du Seigneur de façon indigne pèche également contre de corps et le sang du Seigneur. Un homme doit d’abord effectuer son examen de conscience avant de manger le pain et boire à la coupe. Celui qui mange et boit sans reconnaître le Christ, mange et boit son propre jugement. »

Le pape François a indiqué par ses propos et actes qu’il retient le sens exprimé dans le sens littéral de Desiderio desideravi cité. Dans son Angelus pour la fête du Sacré Cœur du 6 juin 2021, le pape François dit :

… une autre force se dresse dans la fragilité de l’eucharistie : la force d’aimer ceux qui commettent des erreurs. C’est la nuit qu’il fut livré que Jésus nous donne le Pain de Vie. Il nous donne le plus grand cadeau alors qu’il ressent l’abysse le plus profond dans son cœur : le disciple qui mange avec lui, qui trempe son morceau dans le même plat, s’apprête à le trahir. Et la trahison est le plus douloureux pour celui qui aime. Et que fait Jésus ? Il répond au mal par un plus grand bien. Il répond au ‘non’ de Judas par le ‘oui’ du pardon. Il ne punit pas le pécheur mais donne plutôt Sa vie pour lui ; Il paye pour lui. Quand on reçoit la communion Jésus fait la même chose avec nous : il nous connaît ; il sait que nous sommes pécheurs ; et il sait que nous commettons de nombreuses erreurs mais il n’abandonne pas et continue à lier Sa vie à la nôtre. Il sait que nous en avons besoin, parce que l’eucharistie n’est pas la récompense des saints : c’est le pain des pécheurs. C’est pourquoi il nous exhorte : « n’ayez pas peur ! prenez et mangez. »

L’affirmation que l’eucharistie n’est pas la récompense des saints mais le pain des pécheurs doit être comprise dans un sens orthodoxe si elle est prise isolément. Quoi qu’il en soit, placée dans le contexte de la réception de l’eucharistie par Judas cité dans le sermon de l’Angelus (cf Jn 13, 23‑27) et dans le contexte des autres propos et actes du pape François, cela suggère que la renonciation au péché n’est pas nécessaire pour que notre réception de la communion soit acceptable par Dieu. Cette interprétation naît de l’affirmation de Desiderio desideravi :

« En effet toute réception de la communion au corps et au sang du Christ a déjà été voulue par Lui lors de Son dernier repas. » (n°6)

L’enseignement du concile de Trente cité plus haut condamne la proposition de Martin Luther sur la foi et la justification. Le pape François a publiquement exprimé son accord avec les positions de Luther condamnées. Dans une conférence de presse lors du vol du 26 juin 2016, le pape François déclare :

Je pense que les intentions de Martin Luther n’étaient pas fausses ; c’était un réformateur. Peut-être que certaines de ses méthodes n’étaient pas justes, bien qu’à cette époque,si vous lisez l’histoire de Pastor par exemple – Pastor était un luthérien allemand qui a vécu une conversion en étudiant les faits de cette période ; il est devenu catholique – nous voyons que l’Église n’était pas exactement un modèle à imiter. Il y avait de la corruption et de la mondanité dans l’Église ; il y avait la recherche de l’argent et du pouvoir. C’était l’origine de la protestation. Il était également intelligent et il y est allé, donnant ses raisons. De nos jours Luthériens et Catholiques, et tous les Protestants, sont d’accord sur la doctrine de la justification : sur ce point très important il ne se trompait pas.

Le jour ou Desiderio desideravi a été diffusé le pape François recevait Nancy Pelosi, présidente du parlement US. Nancy Pelosi a été publiquement interdite de communion sous le canon 915 par son ordinaire, l’archevêque Salvatore Cordileone. La raison de cette mesure était sa politique constante en faveur de la légalisation complète de l’avortement jusqu’à la naissance. Après l’audience avec le pape François, Nancy Pelosi a reçu la communion lors d’une messe à St Pierre présidée par le pape François, provoquant un scandale pour les Catholiques partout dans le monde. Interrogé sur cette réception illégale de la communion le pape François n’a exprimé aucune désapprobation. Il a répondu au contraire :

« Quand l’Église perd sa dimension pastorale, quand un évêque perd sa dimension pastorale, cela provoque un problème politique. C’est tout ce que je peux dire. »

Cette réponse contredit l’archevêque Cordileone dans son application justifiée du canon 915.

La lettre apostolique Desiderio desideravi n’est pas un enseignement infaillible car elle ne satisfait pas les conditions nécessaires pour l’exercice de l’infaillibilité papale. Le canon du concile de Trente est une précaution de l’exercice de l’autorité infaillible de l’Église. Il en résulte que la contradiction entre Desiderio desideravi et la doctrine définie au concile de Trente ne rend pas fausse l’affirmation que l’Église Catholique est infailliblement guidée par l’Esprit Saint quand par l’exercice de son autorité, elle demande à tous les catholiques de croire une doctrine comme révélation divine. Sur la possibilité d’erreurs publiques d’un pape, voir la Correctio filialis adressée au pape François par un grand nombre d’érudits catholiques (https://www.correctiofilialis.org) et les discussions dans le livre Defending the Faith against Present Heresies (Arouca Press, 2021). Aucun catholique ne peut croire ou agir suivant une déclaration pontificale en contradiction avec la foi catholique.

Nous, soussignés, confessons la foi catholique concernant la réception valide de l’eucharistie, suivant ce qui a été défini par le concile de Trente, selon lequel la seule foi n’est pas une préparation suffisante pour recevoir le sacrement de la très sainte eucharistie. Nous encourageons tous les évêques et clercs de l’Église Catholique à confesser publiquement la même doctrine à propos de la réception valide de l’eucharistie, et faire respecter les canons cités en vue d’éviter un scandale grave et public.

Suit la liste des signataires.

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