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L'Eglise : Vie de l'Eglise

L’Église ne peut donc réformer en profondeur la société que si celle-ci y est ouverte et préparée

L’Église ne peut donc réformer en profondeur la société que si celle-ci y est ouverte et préparée

Cent ans après la première encyclique de Pie XI, l’abbé Roy (FSSP) revient dans l’Homme nouveau sur Ubi arcano Dei consilio sur la paix du Christ dans le règne de Dieu, du 23 décembre 1922. Extrait :

[…] Or cette paix est celle du règne du Christ, qui se retrouve aux trois niveaux de l’individu, de la famille et de la société. Ce règne s’établit individuellement dans les hommes qui reçoivent et suivent l’enseignement de Jésus et vivent de la charité à son imitation. Il est dans les familles fondées sur le mariage chrétien, où l’autorité paternelle reflète celle du Père et où les enfants imitent l’obéissance du Christ. Il règne dans les sociétés qui reconnaissent que l’autorité et ses droits se fondent sur le Christ et en dérivent, et reconnaissent à l’Église les privilèges qu’elle tient de son fondateur et de son statut de société parfaite.

À la faveur de cette triple exhortation à instaurer le règne du Christ, le Pape ajoute une remarque fine mais importante sur l’articulation entre la société et l’Église, qui ne vient pas amoindrir l’autorité de l’État, mais la « complète très heureusement, comme le fait la grâce pour la nature ». Cette profonde vue théologique résonne aujourd’hui fortement, alors que les chrétiens, face à des sociétés de plus en plus détournées de la loi naturelle et divine, sont parfois tentés de se réfugier dans le surnaturel [on pourra se référer aux débats qu’avait alimentés, dans ces mêmes colonnes, la parution en 2017 du Pari bénédictin de l’américain Rod Dreher]. Pour Pie XI, dans un esprit profondément thomiste, la grâce vient guérir et surélever la nature, mais ne la détruit pas ni ne la remplace. Ainsi la société parfaite des chrétiens, l’Église, vient perfectionner et compléter la société naturelle que constitue l’État, mais l’action de la grâce ne peut trouver sa pleine mesure que si la nature y est convenablement disposée, et l’Église ne peut donc réformer en profondeur la société que si celle-ci y est ouverte et préparée.

Abandonner le politique au motif que toute restauration y serait impossible, pour se concentrer sur le spirituel, serait par conséquent une impasse théologique et pratique grave. Cet écueil est une conséquence de l’affirmation erronée d’une exigence radicale au surnaturel en l’homme, qui lui permettrait de s’affranchir totalement du plan naturel pour ne poursuivre sa destinée qu’au plan de la grâce, donnée quelle que soit la disposition de sa nature. Le seul moyen pour restaurer la paix, conclut Ubi arcano, prophétiquement entrevu et poursuivi par Pie X et Benoît XV, est de la fonder sur l’instauration du règne du Christ.

4. Applications concrètes

Comment s’y prendre ? Après avoir évoqué l’éventualité de réunir à nouveau le concile interrompu, le Pape salue et encourage les nombreuses œuvres lancées par ses prédécesseurs et par les évêques du monde entier. l insiste en particulier sur les congrès
eucharistiques et les œuvres de dévotion au saint sacrement et à Notre-Dame, notant que cette piété envers Jésus-hostie et sa sainte Mère est la vraie nourriture de l’action apostolique. Le pontife encourage prêtres, religieux et laïcs engagés dans l’apostolat public et privé,
mais note le paradoxe de la situation qui requiert un engagement renforcé des fidèles pour l’instauration du règne du Christ tout en faisant
courir de réels dangers à certains catholiques inexpérimentés, peu ou mal éclairés. Il dénonce le manque de considération pour les enseignements des pontifes, véritable « modernisme moral, juridique et social », et insiste sur la nécessité de remettre au centre l’enseignement authentiquement chrétien et la formation de la jeunesse. Que faire pour instaurer le règne du Christ ? Cent ans après Pie XI, il semble que la situation ne se soit guère améliorée, et pourtant la parole pontificale, tant dans la dimension prophétique de ses constats que dans le caractère profondément traditionnel de ses exhortations, nous parle aujourd’hui avec une acuité particulière. En 2022 comme en 1922, dans un contexte national et international troublé et incertain, la conviction profonde du chrétien doit rester la même : il n’y aura de paix véritable que dans le Christ et par le règne du Christ.

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