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Tribune libre

L’école à la maison, une institution divine ?

L’école à la maison, une institution divine ?

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En ce début d’année scolaire 2022-2023, de nombreuses familles ont sans doute besoin qu’on leur remonte le moral. Un petit livre de l’abbé Eugène Roquette, /L’école à la maison, une institution divine/ (https://le-drapeau-blanc.com/produit/lecole-a-la-maison-une-institution-divine-abbe-eugene-roquette/), rassemblant des textes initialement parus entre 1875 et 1880, y contribuera sûrement puissamment.

En effet, l’ « instruction en famille » n’est-elle qu’« une modalité de mise en œuvre de l’instruction obligatoire », non nécessaire et abrogeable sans attenter à la « liberté d’enseignement » ? C’est ainsi qu’en a jugé le Conseil constitutionnel de la Ve République… Tandis que l’Église – à l’instar de l’abbé Roquette – n’y a toujours vu qu’un droit inaliénable des parents, auteurs de leurs enfants.

Comme on pouvait s’y attendre, le gouvernement a préféré éviter une interdiction frontale de l’« IEF », en passant par une prohibition de fait, plus rapide et plus efficace, par voie administrative. Ce que l’on sait rarement, c’est qu’Hitler n’avait pas procédé bien différemment, l’article 2 de sa Schulplicht de juillet 1938 prévoyant : « L’obligation scolaire est remplie par la fréquentation d’une école allemande du Reich. L’autorité de surveillance scolaire décide des exceptions » (c’est nous qui soulignons). Mais point n’est besoin de reductio ad Hitlerum pour attaquer ces récentes mesures.

Sans préjuger des jugements définitifs qui feront jurisprudence dans quelques mois, les référés rendus cet été par les tribunaux administratifs sont majoritairement négatifs. En dehors de quelques juges moins imbus de juspositivisme, la tendance qui se dégage est de laisser aux académies et rectorats la responsabilité d’interpréter la lettre de la loi et de juger de la « situation propre » à l’enfant.

Dans cet oubli complet de la loi naturelle et des prérogatives inviolables des parents, oubli dont les conséquences touchent d’autres domaines, on ne saurait trop s’abreuver à des sources plus sûres que l’Assemblée nationale et l’Élysée…

On trouvera par exemple l’encyclique Casti connubii de décembre 1930, où le pape Pie XI rappelait :

« Le bien de l’enfant ne se termine pas, à coup sûr, au bienfait de la procréation ; il faut qu’il s’y en adjoigne un autre, contenu dans la bonne éducation de l’enfant. Dieu, malgré toute sa sagesse, aurait certes médiocrement pourvu au sort des enfants et du genre humain tout entier, si ceux qui ont reçu de lui le pouvoir et le droit d’engendrer n’en avaient pas reçu aussi le droit et la charge de l’éducation. Personne ne méconnaît, en effet, que l’enfant ne peut se suffire à lui-même dans les choses qui se rapportent à la vie naturelle : à plus forte raison ne le peut-il pas dans les choses qui se rapportent à la vie surnaturelle : durant de nombreuses années, il aura besoin de l’aide d’autrui, d’instruction, d’éducation. Il est d’ailleurs évident que, conformément aux exigences de la nature et à l’ordre divin, ce droit et cette tâche reviennent tout d’abord à ceux qui ont commencé par la génération l’œuvre de la nature et auxquels il est absolument interdit de laisser inachevée l’œuvre entreprise et d’exposer ainsi l’enfant à une perte certaine. Or, il a été pourvu, de la meilleure manière possible, à cette si nécessaire éducation des enfants, par le mariage où, unis par un lien indissoluble, les parents sont toujours en état de s’y appliquer ensemble et de se prêter un mutuel appui. »

L’année précédente, le même souverain pontife avait signé l’encyclique Divini illius magistri (décembre 1929) sur l’éducation chrétienne. On y lisait ainsi :
« La famille reçoit donc immédiatement du Créateur la mission et conséquemment le droit de donner l’éducation à un enfant, droit inaliénable parce qu’inséparablement uni au strict devoir corrélatif, droit antérieur à n’importe quel droit de la société civile et de l’État, donc inviolable par quelque puissance terrestre que ce soit. »

Saint Thomas d’Aquin disait lui aussi dans sa Somme théologique (IIa-IIæ, q. 10, art. 12) :
« Ce serait donc aller contre la justice naturelle si l’enfant, avant l’usage de la raison, était soustrait aux soins de ses parents ou si l’on disposait de lui en quelque façon contre leur volonté. » Et Pie XI de compléter : « Et puisque les parents ont l’obligation de donner leurs soins à l’enfant jusqu’à ce que celui-ci soit en mesure de se suffire, il faut admettre qu’ils conservent aussi longtemps le même droit inviolable sur son éducation. »

Quarante ans plus tôt, le pape Léon XIII remontait à bloc les parents dans son encyclique Sapientiæ christianæ du 10 janvier 1890 :
« Les parents doivent donc employer toutes leurs forces et une persévérante énergie à repousser tout genre d’injustice en cet ordre de choses, à faire reconnaître, d’une manière absolue, le droit qu’ils ont d’élever leurs enfants chrétiennement, comme c’est leur devoir, et le droit surtout de les refuser à ces écoles dans lesquelles il y a péril qu’ils ne boivent le funeste poison de l’impiété. »

Les citations de ces papes et d’autres pourraient être démultipliées ; la liste en est longue. Elles invitent les parents à prendre absolument tous les moyens possibles pour pratiquer leur droit le plus évident. C’est dans cet ordre d’idées que s’inscrivent les sept chapitres de L’école à la maison, une institution divine.

La famille est la première école de l’Histoire, et la seule qui ait été directement créée par Dieu. L’éducation n’est qu’une « seconde création » : c’est la continuité de la procréation. Étant les auteurs de leurs enfants, les parents en sont l’autorité légitime.

Ces rappels de bon sens nous indiqueront aussi que toute prétendue liberté d’instruction, d’éducation et d’enseignement est vaine si un principe aussi important que celui porté par l’« IEF » vient à être détruit. On ne peut donc que féliciter les acteurs de l’École libre (on dirait plutôt aujourd’hui : « du monde du hors contrat ») qui l’ont bien vu et ont défendu l’instruction en famille ; et au contraire déplorer que beaucoup trop ont fait comme si de rien n’était, en se contentant de se faire des trésors terrestres d’écoles de moins en moins « libres », ne remarquant pas le piège qui est tendu à toutes les familles françaises.

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