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Le suaire d’Oviedo

Le suaire d’Oviedo

Extrait d’un article de Claves :

Les récits de la résurrection mentionnent plusieurs types de linges funéraires demeurés dans le tombeau au matin de Pâques, parmi lesquels le sindon (linceul), mais aussi le sudarium (voile) et l’othonion (toile ou tissu). Saint Jean écrit ainsi : « il entra dans le tombeau; et il voit les linges, gisant à terre, ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête; non pas avec les linges, mais roulé à part dans un endroit » (Jn 20, 6-7). Une paraphrase du cinquième siècle précise que ce suaire était une « ceinture de la tête, » pour presser et serrer les cheveux. Plusieurs œuvres des premiers chrétiens font de saint Pierre le propriétaire de ce sudarium. Les traces historiques de la relique font cependant défaut durant les six premiers siècles de notre ère. Probablement cachée, elle ne refit surface qu’au début du VIIe : on mentionne en effet son transfert à Alexandrie en 614, quand les Perses envahirent Jérusalem. Lorsqu’Alexandrie fut menacée à son tour, le suaire fut emmené par mer jusqu’à Carthage, en Espagne, d’où il prit la route de Tolède. Lors de l’invasion musulmane du début du VIIIe siècle, les chrétiens s’enfuirent vers le nord de la Péninsule Ibérique, emportant avec eux leurs trésors les plus précieux. Un coffre contenant de précieuses reliques fut enterré au pied du pic de Monsacro (le « Mont Sacré ») dans les Asturies. On l’en exhuma en 761 pour le porter dans la cathédrale de la région : Oviedo.

[…]

Nos experts en criminologie se retrouvent donc face à une étoffe de lin froissée et tâchée, mesurant 85 centimètres sur 53. Aucune image n’y est visible à part des tâches de sang symétriques par rapport aux plis du voile. Une première comparaison effectuée dans les années 1960 par un sinologue italien avait permis de conclure à la concordance des tâches de sang du suaire d’Oviedo avec celles du linceul de Turin. La technique de filage du lin (en Z), permet de faire remonter la fabrication du tissu entre le IVe siècle avant et le Ve siècle après J.-C. Les pollens et autres éléments végétaux présents sur le tissu sont endémiques du bassin méditerranéen, correspondant au chemin que la relique aurait dû suivre, de Jérusalem à Oviedo. Trois espèces en particulier dont les traces ont été retrouvées sur le sudarium sont typiques de Palestine : le pistachier térébinthe, une variété de tamaris et un chêne particulier ; trois espèces présentes ensemble dans un rayon de 20 kilomètres autour de Jérusalem, et précisément en fleurs au début du printemps. On trouve encore sur le tissu des traces de myrrhe et d’aloès, substances utilisées dans les rituels d’embaumement, et précisément celles qu’aurait apporté Nicodème au témoignage de saint Jean (Jn 19, 39). La conclusion des analyses criminologiques est que le suaire a bien enveloppé la tête d’un homme adulte, barbu, les cheveux noués par derrière, qui était déjà mort lorsqu’on le lui appliqua. Les tâches de sang qu’on y relève sont symétriques, suggérant que le linge ait été plié en deux avant d’être enroulé autour de la tête, qui était alors encore en position verticale (en croix), inclinée en avant et légèrement vers la droite.

Le sang et les marques corporelles du suaire

Le sang qui a maculé le linge semble provenir de deux sources : un écoulement abondant et subit, post-mortem, conséquence d’un pneumothorax (présence d’air comprimant les poumons) typique de l’asphyxie qui causait la mort des crucifiés ; des marques multiples de sang vivant, semblant provenir de blessures superficielles autour du crâne, suivant le dessein de la couronne d’épines tel qu’on peut le relever grâce au linceul de Turin.

Le déplacement des marques corporelles du suaire permet de suivre la suite des événements de la descente de croix : le défunt aurait d’abord été étendu horizontalement, sur le dos. Le suaire aurait été enlevé une première fois – il avait été déposé hâtivement sur le corps en croix – puis complètement déroulé et appliqué à la manière d’une capuche recouvrant intégralement le visage. L’homme aurait alors été retourné sur la face, le visage étant soutenu par la main gauche d’une personne, durant 5 à 10 minutes, puis mis sur le flanc. Il semble alors qu’on ait enlevé le linge, qui ne couvrait pas la tête lorsque le corps fut mis au tombeau. Une des étapes de l’opération (peut-être le fait de forcer les bras, déjà rigidifiés, à se ramener le long des hanches) a causé l’épanchement massif de fluide par le nez, qui constitue la principale tâche du linge, sur lequel on discerne la trace de doigts qui auraient tenté de juguler l’écoulement du précieux sang. […]

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