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Cathophobie / Pays : Irak

« Le sort des pandas importe plus que celui des chrétiens d’Orient ! »

Monseigneur Nicodème Daoud Sharaf, ancien archevêque syriaque orthodoxe de Mossoul, aujourd’hui déplacé au Kurdistan irakien, réalise une tournée de conférences en France, invité par l’association SOS Chrétiens d’Orient. Il répond à Christianophobie Hebdo :

Mgr-Nicodemus-Daoud-Sharaf-a-Saint-Eugene-15"Je remercie ceux qui se préoccupent de no­tre sort et je sais qu’ils sont nombreux, mais nous avons parfois l’impression que rien n’est fait par ceux qui peuvent agir. Notre quotidien est misérable depuis deux ans, mais je ne veux pas vous faire pleurer. Je veux vous décrire notre situation, vous dire la vérité de notre vie. Nous ne sommes plus qu’une minorité, nous les chrétiens d’Irak, alors que nous étions les premiers sur cette terre. Nous sommes aujourd’hui en grand danger de disparition. Nous avons récemment com­mémoré le centenaire du génocide, mais qui agit aujourd’hui contre celui qui se passe, alors que nous sommes entrés dans l’ère des droits de l’homme dont on parle sans cesse ?

Vous parlez de génocide ?

Pour l’Irak, c’est un fait… Les chrétiens ont quitté la plaine de Ninive qui a toujours été leur terre, nos églises sont régulièrement détruites par l’État islamique, nos docu­ments sont brûlés… Il y a une réelle volonté de nous faire disparaître de la carte. Je sais que de nombreuses personnes souffrent avec nous, bien sûr, mais qui pour nous protéger ? Ils veulent faire disparaître toute trace chré­tienne et nous empêcher de revenir. C’est une forme de génocide bien sûr.

Vous vous sentez abandonnés ?

Totalement. Nous avons vraiment l’impression que les responsables occidentaux se fichent que nous rentrions ou non sur nos terres. Personne ne s’en préoccupe réellement parmi les grands de ce monde. Cela fait deux ans que nous appelons au secours, que nous prévenons de la disparition de tout un peuple té­moin de l’Histoire… Les réactions sont bien lentes quand elles existent… Nous nous fichons des hon­neurs et des salutations ; nous voulons simplement avoir le droit de vivre chez nous. Toutes les com­munautés chiite, sunnite, kurde, ont leur terre. Nous qui sommes là depuis les origines n’en avons pas.

Que pourraient faire ces dirigeants occidentaux ?

Il faudrait une protection internationale pour que nous retrouvions nos maisons et notre terre. Nous ne pouvons plus faire confiance à personne en Irak. Beaucoup de sunnites ont trahi, le gou­vernement irakien n’existe pas réellement. Com­ment vivre encore dans ces conditions? Nous ne pouvons combattre à armes égales, nous n’avons pas (et refusons catégoriquement) la culture du meurtre et des trafics. Sans aide et sans protec­tion, nous disparaîtrons. Nous étions 1 600 000 en 2003, nous ne sommes plus que 300 000. Nous ne pouvons nous défendre seuls. Nous nous sentons totalement abandonnés parce que nous avons par­ fois l’impression que le sort des pandas importe plus que le nôtre…"

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