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L'Eglise : L'Eglise en France

Le retour de la soutane chez les prêtres français

Le retour de la soutane chez les prêtres français

C’est un constat du Parisien :

Comment rester visible quand on est de moins en moins présent sur le terrain ? Eh bien en enfilant une soutane ! Ce dimanche à la sortie de la messe comme le reste de la semaine, quelques centaines de curés de l’Hexagone ont choisi de porter le vêtement religieux le plus ostentatoire, celui que l’on croyait en voie de disparition et réservé aux seuls ministres du culte étiquetés « traditionalistes ».

Après des décennies de purgatoire, l’habit multicentenaire des clercs s’offre un retour en grâce auprès des jeunes serviteurs de Dieu. Et donc un sacré coup de projecteur pour une « profession » qui, aujourd’hui, ne compte plus que 11 000 prêtres diocésains, deux fois moins qu’en 1995. Le père Simon Chouanard, 44 ans, est « un prêtre parfaitement ordinaire », qui n’est « pas tradi » et qui porte, à l’église comme à la ville au guidon de son scooter, la… soutane ! « Ce n’est pas par nostalgie, ce n’est pas un vêtement d’apparat, c’est mon bleu de travail », s’enthousiasme le curé de la paroisse du Cœur Eucharistique de Jésus à Paris (XXe) située dans le quartier populaire de la porte de Bagnolet. […]

Pour une nouvelle génération de serviteurs de Dieu, c’est un bon moyen de se démarquer. « Ils veulent assumer pleinement une identité », observe Brigitte Hamon, de l’entreprise Arte-Houssard qui confectionne des vêtements liturgiques dans la Manche. En 2018, elle a vendu 160 soutanes contre 110 il y a une décennie. […]

« C’est une restauration de la verticalité de la prêtrise, une réaction à la dissolution, dans la société, des prêtres au cours des années 1970-2000, quand ils étaient devenus des animateurs sociaux. Ils avaient alors abandonné leur soutane pour être en solidarité avec les gens, dans un rapport direct, selon une approche horizontale », décrypte l’historien des religions Jean-François Colosimo. Selon lui, elle « est la marque d’une frontière entre l’Église et le monde. Elle permet de témoigner, au sein de la cité, d’un choix de vie radicalement différente. Quand on s’engage dans le célibat, dans des renoncements et des sacrifices, on accepte un sort séparé, on ne va pas vivre comme les autres », analyse-t-il.

Dans la capitale, « une vingtaine de prêtres généralement de moins de 40 ans sur un total de 450 » ont revêtu la soutane à en croire le père Stéphane Duteurtre, supérieur du Séminaire de Paris. « C’est plus qu’il y a 20 ans. Dans une société sécularisée, on a davantage besoin de signes, d’afficher clairement qui on est. L’habit ecclésiastique aide à dire qui je suis, aide à être celui que je suis appelé à être, en ne roulant par exemple pas sur le trottoir à vélo au risque de devoir rendre des comptes au ciel ! » sourit-il. Il note que pour les clercs les plus âgés qui se sont battus pour l’enlever, la soutane peut s’avérer « très clivante. On demande à ceux qui décident de la porter de veiller à ne pas les scandaliser », souffle-t-il.

« C’est une question de génération », résume, de son côté, l’abbé Stanislas Briard, 28 ans, fidèle, comme beaucoup d’anciens camarades séminaristes, à la soutane depuis qu’il a été ordonné en 2016. « Si on veut vivre, il faut être visible », martèle ce vicaire à la paroisse Notre-Dame de Coutances (Manche). Celui qui est aussi aumônier dans des collèges et lycées privés y voit « un outil d’évangélisation » à « l’utilité très pratique. C’est une manière très simple d’entrer en relation avec les gens. On est interpellé dans la rue. On peut avoir un échange très profond, une demande de confession au beau milieu d’un supermarché… », recense-t-il.

Même son de cloche chez son confrère le père Simon Chouanard, qui officie depuis 14 ans. « On dit que la soutane ferme des portes, moi, ça m’en ouvre. C’est un prétexte pour engager une discussion. Avec mon habit décalé qui symbolise une tenue de service, les gens m’abordent plus facilement. Si je veux être tranquille quand je prends le train, je range ma soutane dans la valise ! », se marre-t-il. […]

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