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France : Société

Le problème, c’est la gestion bureaucratique de l’agriculture

De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités du 4 mars à propos de la crise agricole :

A"[…] Le principe fondamental, c’est qu’une exploitation – agricole ou autre – doit vivre de ses résultats. Or, selon l’INSEE, en 1991, les subventions européennes représentaient en moyenne 18 % du résultat courant avant impôt des exploitations professionnelles. Cette part montait à 97 % (!) en 2005. C’est scandaleux! D’autant que les subventions sont réparties de façon parfaitement inadaptée et pratiquement arbitraire. La situation est devenue encore plus catastrophique quand ces subventions ont soutenu, non plus la production, mais la mise en jachère des terres. C’est-à-dire que, de plus en plus, les agriculteurs sont payés pour faire disparaître leurs fermes !

En outre, chacun sait que les effectifs du ministère de l’Agriculture augmentent à mesure que le nombre de paysans diminue… Ce qui est logique, si le « métier » d’un agriculteur consiste à remplir des paperasses. Résultat: en 2014, pour la première fois depuis des décennies, la France a importé du blé! Brillant résultat, Messieurs les technocrates !

Est-il besoin de remarquer que cette dépendance aux subventions européennes étrangle rapidement nos agriculteurs, puisque l’immense majorité des autres pays européens, n’étant pas de grands producteurs agricoles, veulent en finir avec la politique agricole commune, premier budget de l’Union. Et, là aussi, la réponse de l’oligarchie française est totalement à côté de la plaque. Elle essaie, en effet, dans la ligne chiraquienne, de gagner du temps. On repousse donc, d’année en année, la fin de la PAC. Mais la PAC a fait son temps. Elle a sûrement été utile dans les années 1960 pour moderniser l’agriculture française, mais c’est fini. Aujourd’hui, non seulement elle ne sert plus à rien, mais elle est nuisible.

En marge du salon de l’agriculture, où la colère paysanne s’est manifestée bruyamment, François Hollande a déclaré que l’État allait peser de tout son poids dans la négociation entre la grande distribution et les agriculteurs. Mais ne comprend-il donc pas que le problème, c’est cette gestion bureaucratique de l’agriculture? Ce n’est pas en rajoutant plus de bureaucratisation, plus d’étatisation, que nous en sortirons. La ferme bureaucratique, ça a un nom: c’est un sovkhoze et ça déclenche des famines meurtrières, l’histoire l’a bien montré!

Plutôt que de faire semblant de mener des politiques qui ne peuvent pas réussir, l’État devrait travailler dans deux directions. D’abord, faciliter la mise en place de circuits courts de distribution, permettant aux agriculteurs de vendre eux-mêmes une partie de leur production, sans passer sous les fourches caudines des oligopoles de distribution. Grâce à internet, ces circuits courts sont techniquement faciles à mettre en place – et ils contribueraient à améliorer la qualité des produits. Qu’attendons-nous? Qu’il n’y ait plus de paysans en France ? Ensuite, baisser drastiquement les charges et normes qui pèsent sur l’agriculture. Voici une trentaine d’années, sur les conseils de Jean-Claude Martinez, fiscaliste français et ancien député FN, le roi Hassan II du Maroc avait décidé une suppression totale des charges fiscales sur les produits agricoles. Résultat: le Maroc est désormais exportateur. Or, Jean-Claude Martinez me disait récemment qu’il estimait cette suppression de charges, en France, à 4 milliards d’euros. Quand on pense au nombre de milliards qui sont jetés par les fenêtres, ce ne serait pas cher payé pour que nos agriculteurs recommencent à vivre de leur production et que la France redevienne une grande puissance agricole!"

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