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L'Eglise : L'Eglise en France

Le petit troupeau qui ne se désintéresse pas du bien de l’homme ne doit en aucun cas se démobiliser

Le petit troupeau qui ne se désintéresse pas du bien de l’homme ne doit en aucun cas se démobiliser

Editorial de Mgr Marc Aillet paru dans la revue diocésaine “Notre Eglise” d’octobre 2019

« Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12, 32). A qui Jésus pouvait-il bien s’adresser ici, sinon à une poignée de disciples, parmi les foules nombreuses qui se pressaient autour de lui ? A ceux-là seuls qui cherchaient à vivre comme lui et qui écoutaient sa Parole pour la mettre en pratique. En un temps où, chez nous, le christianisme devient minoritaire – 7 à 8% de ceux qui se disent catholiques en France sont « messalisants », c’est-à-dire vont à la messe tous les dimanches, ce qui fait 4 à 5% de la population française –, cette apostrophe résonne d’une manière particulière. Elle désigne ceux qui veulent suivre le Christ, non pas de loin, en curieux, par tradition ou seulement avec des motivations sociales, mais s’attachent à lui par conviction, font l’expérience de sa présence et de son amour dans la Parole et les Sacrements, conforment leur vie aux exigences de l’Evangile. Ils ne prétendent pas être meilleurs que les autres, ils se savent pécheurs, mais ils s’appuient sur le Seigneur et sont en paix avec le Magistère de l’Eglise. Par-dessus tout, ils travaillent à ce que leur vie soit cohérente avec leur foi. Et ils cultivent une conscience missionnaire : ils veulent partager ce trésor avec leurs contemporains. Ils ne s’engageraient pas résolument dans l’annonce de l’Evangile, s’ils n’étaient pas convaincus, en vertu de leur propre expérience, « qu’avoir connu Jésus n’est pas la même chose que de ne pas le connaître, que marcher avec lui n’est pas la même chose que marcher à tâtons, que pouvoir l’écouter ou ignorer sa Parole n’est pas la même chose, que pouvoir le contempler, l’adorer, se reposer en lui, ou ne pas pouvoir le faire n’est pas la même chose. Essayer de construire le monde avec son Évangile n’est pas la même chose que de le faire seulement par sa propre raison » (Pape François, La joie de l’Evangile n° 266).

Tout l’été, dans notre diocèse, j’ai rencontré des jeunes qui veulent faire partie de ce « petit troupeau » du Seigneur : les camps vélo et le camp St-Michel Garicoïts animés par les jeunes prêtres et séminaristes du diocèse, la route chantante et la mission d’évangélisation Agur Maria durant les fêtes de Bayonne ; mais aussi la mission du Chemin néo-catéchuménal à Biarritz avec 350 jeunes espagnols, la Route Saint-Martin, avec 400 jeunes qui ont traversé notre diocèse entre le Berceau de St-Vincent de Paul et Lourdes, la semaine mariale avec les missionnaires d’Ain Karem à Biarritz… Je pense encore à cette jeune fille de notre diocèse, Jeanne, qui s’est envolée, au nom de sa foi, pour un an comme volontaire dans un bidonville de Santiago du Chili, avec l’association Misericordia. Il est consolant de constater que le petit troupeau du Seigneur est fervent et zélé et veut répondre à la lettre au mandat missionnaire du Christ : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Evangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné » (Mc 16, 15-16).

La ferveur de ce petit troupeau est d’autant plus importante aujourd’hui que ce que saint Jean Paul II appelait des « structures de péché » exerce une influence de plus en plus destructrice sur les équilibres de vie de nos contemporains. C’est en plein été que le projet de loi bioéthique a été présenté en Conseil des ministres pour être discuté en priorité au Parlement dès le mois de septembre, comme si, avec la crise des gilets jaunes, il n’y avait rien de plus urgent en France ! Peut-être la bataille est-elle perdue d’avance : rien ne peut résister au progrès de la liberté individuelle qui soumet désormais la loi, censée protéger et promouvoir le bien commun, aux désirs individuels. Pour satisfaire les désirs de quelques-uns, en substituant à la nature de la personne humaine les prouesses coûteuses de la science et de la technique, on va légaliser la PMA pour toutes et organiser la fabrication d’enfants privés intentionnellement de père ! Est-ce vraiment un progrès pour l’humanité ? Ce n’est pas faute d’avoir alerté et pourtant rien n’y a fait : ni les Etats généraux de la bioéthique où un large consensus s’est constitué contre la PMA ; ni les prises de position épiscopales pourtant bien argumentées du point de vue scientifique et anthropologique, et dans une volonté de dialogue apaisé. Nul ne fait plus attention aux mensonges qui nous bercent d’illusions : à l’heure du PACS, ceux qui nous gouvernent juraient leurs grands dieux qu’il n’y aurait jamais de mariage homosexuel ; à l’heure du mariage pour tous, on nous assurait en haut lieu qu’il n’y aurait jamais la PMA ; aujourd’hui on nous promet qu’il n’y aura pas de GPA … autrement dit : celle-ci est inéluctable à plus ou moins brève échéance ! Comme le souligne Chantal Delsol dans une excellente chronique : « Nous avons l’impression que rien ne peut arrêter ce processus, que le dit progrès est comme une roue crantée qui jamais ne retourne en arrière ».

Pour autant, le petit troupeau qui ne se désintéresse pas du bien de l’homme, dont la dignité est d’avoir été créé par Dieu à son image et racheté par Jésus-Christ, ne doit en aucun cas se démobiliser. Il doit même faire entendre la voix de la raison et du bon sens, et se joindre à tous les hommes de bonne volonté qui n’abdiquent pas leur dignité. A court terme, cette voix est quasi inaudible auprès des gouvernants et des législateurs et d’une opinion publique anesthésiée par des medias complices. Mais le petit troupeau se situe résolument dans le temps long et il sait qu’en se manifestant il peut réveiller les consciences. Il faut continuer à crier dans le désert, en espérant contre toute espérance. Dieu n’est jamais insensible au cri des pauvres qui n’ont pas d’autres armes que leur foi, leur prière et l’intégrité de leur conscience pour combattre et remporter la victoire. Oui il faut se manifester.

Bref : tous à Paris le 6 octobre.

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