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France : Politique en France

Le pass sanitaire, la morale, la confiance

Le pass sanitaire, la morale, la confiance

De Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique :

Le pass sanitaire, la morale, la confiance

« Ils en ont parlé ». Le célèbre dessin de Caran d’Ache représentant un dîner en famille, en 1898, qui tourne au pugilat à l’occasion de débats, animés, autour des accusations de trahison, au profit de l’Allemagne, à l’encontre d’un obscur capitaine d’origine israélite redevient d’actualité. Sous cet aspect, le pass sanitaire est l’affaire Dreyfus de ce début de XXIème siècle. Les amis d’hier s’invectivent et les familles se déchirent. Essayons quelques éléments de réflexion.

Principes de base de théologie morale

L’éminent professeur Roberto de Mattei vient de publier un bref (77 pages) et dense opuscule sobrement intitulé :  Sur la licéité morale de la vaccination contre le covid. L’auteur, à la suite de saint Alphonse de Liguori (1696-1787) et de l’encyclique de Jean-Paul II Veritatis Splendor (6 août 1993), rappelle d’abord quelques principes de base de théologie morale. La moralité d’un acte repose sur :

sa réalité objective. L’acte est-il ou non conforme à la loi naturelle et à la loi divine ?

les circonstances qui peuvent augmenter ou diminuer la bonté ou la malice d’un acte mais ne peuvent transformer un acte bon en un mauvais ou inversement. Avorter pour pouvoir aller au ski ou parce que l’on élève déjà trois enfants, seule, c’est bien sûr la même réalité objective mais pas exactement les mêmes circonstances.

la fin subjective qui est l’intention bonne ou mauvaise de nos actes. On peut faire l’aumône pour aider un miséreux ou se faire bien voir de son compagnon, ou de sa compagne…

La difficulté est que l’homme vit en société et peut ainsi être appelé à coopérer matériellement au mal. Ce n’est, cependant, bien évidemment pas la même chose que d’être l’infirmière qui assiste le chirurgien dans l’avortement qu’il pratique ou d’être simplement la femme de ménage qui nettoie la salle dans laquelle a eu lieu l’avortement ou, plus largement, de financer l’hôpital où se pratiquent des avortements par le paiement de ses impôts.  Cette coopération lointaine n’est pas peccamineuse. Le Pr de Mattei livre sur ce sujet un exemple frappant. Etait-il licite, dans les années 90 d’utiliser en chirurgie l’Atlas d’anatomie humaine, rédigé par le Pr Pernkopf (1888-1955), recteur de l’université de médecine de Vienne, hitlérien revendiqué et dont les dessins du livre provenaient des corps de centaines de personnes tuées par les nazis ? Oui répondirent tous les moralistes, israélites ou catholiques consultés. Il n’y avait par cette utilisation aucune approbation d’un mal passé sur lequel plus personne ne pouvait agir. Ayant rappelé que certains vaccins actuellement disponibles ont utilisé des cellules de fœtus avortés pour la culture des virus servant à constituer le vaccin- en aucun cas ce ne sont des cellules de fœtus avortées qui sont injectées- le Pr de Mattei conclut, de la même manière que dans le cas Pernkopf, à la licéité de ces vaccins. Enfin s’appuyant sur l’histoire, en particulier celle des Etats Pontificaux, le Pr de Mattei démontre, sans difficultés, que les pouvoirs publics, au service du bien commun, en cas de danger grave, comme par exemple une épidémie de choléra, ont légitimement le droit de restreindre la liberté de circulation (cf Le hussard sur le toit de Jean Giono) voire d’imposer la vaccination.

Un déficit de confiance

L’affaire devrait être entendue et cependant elle est bien loin de l’être ce dont témoignent les manifestations de rue, chaque semaine plus nombreuses, contre l’instauration du pass sanitaire.

La docilité du citoyen vis-à-vis des pouvoirs publics est analogue à celle du patient vis-à-vis de son médecin, elle repose sur un mot clé : la confiance. Or les fondements sur lesquels reposerait cette confiance sont aujourd’hui largement ébranlés.

Emmanuel Macron a-t-il en vue la défense du bien commun de notre pays ? Il est légitimement permis d’en douter. L’homme qui veut « déconstruire l’histoire de France » et donne pour mission à l’école de « fabriquer des Républicains » est un idéologue sectaire, naviguant à vue entre les groupes de pression et les nouvelles féodalités qu’un Etat déliquescent a laissé prospérer. Ainsi, le gouvernement, craignant les syndicats de policiers, impose le Pass sanitaire aux forces armées et aux pompiers mais pas aux forces de police, pourtant en contact régulier avec la population, et chargées de verbaliser les contrevenants à l’obligation du pass sanitaire. « Faites ce que je dis mais pas ce que je fais ». Chacun, de plus, sent bien, plus ou moins confusément, que de prolongement du plan Vigie pirate en interdiction de l’école à la maison le champ des libertés personnelles ne cesse de se réduire, l’Etat ayant été jusqu’à décider, par décret, quels étaient nos besoins essentiels et ceux qui ne l’étaient pas. Emmanuel Macron apparaît chaque jour plus comme le déconstructeur de ce qui reste de France, ayant mis dans sa poche, à Lourdes la foule des benêts catholiques, le regardant comme s’il contemplait la Sainte Vierge, tout surpris et reconnaissants dès qu’on ne leur crache pas dessus. La réalité, moins glamour, est que c’est sous la présidence d’Emmanuel Macron que deux cathédrales, en France, ont été incendiées et qu’un autre prêtre, cinq ans après l’assassinat du père Hamel a été tué par un « suspect » rwandais qui n’aurait jamais dû être encore présent en France.

Enfin, il est incontestable que les vaccins qui sont sur le marché, indépendamment de leur efficacité, sont toujours en phase III d’expérimentation. Quel seront leurs effets dans le temps ? Personne n’en sait rien. Or le moins que l’on puisse dire est que l’accumulation des erreurs d’appréciation commises par le gouvernement depuis le début de cette crise sanitaire n’incite guère à la confiance. A cela s’ajoute la disproportion hallucinante entre la couverture médiatique de la pandémie et sa réelle létalité. Il y a là quelque chose d’objectivement absolument incompréhensible avec les données dont dispose le bon peuple qui en vient à penser qu’on lui cache quelque chose, ce qui ne le rassure pas.  Comment, de plus, accorder crédit à la parole publique quand on se rappelle la déclaration d’Emmanuel Macron le 29 avril dernier : « Le pass sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différencie les Français. Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de vie de tous les jours, comme les restaurants, théâtres et cinémas ». Paroles ! Paroles !

Que faire ?

S’il est incontestable que la crise sanitaire que nous vivons est l’occasion d’un renforcement massif d’un processus dictatorial, En marche depuis longtemps et visant, par la destruction des communautés naturelles et des corps intermédiaires à laisser l’individu seul, « né enfant trouvé et mort célibataire » (Renan) face à l’Etat il est non moins vrai que : « Eviter toute coopération avec le mal, même la coopération matérielle et distante est simplement impossible. Je ne peux pas voter, payer mes impôts, utiliser Internet, ouvrir un compte bancaire, ou fréquenter un grand magasin sans coopérer matériellement ou à distance avec le mal : avortement, usure, guerres injustes, pornographie, esclavage, etc. » Joseph Shaw. Dans ce cadre de choix qui restent prudentiels il serait heureux que les échanges puissent rester cordiaux et argumentés et ne tournent pas à l’invective ni à l’anathème.

Les réactions massives, selon des modalités diverses, à la dictature sanitaire en cours d’installation demeurent un signe d’espérance. Dans l’histoire longue certains semblent se rappeler qu’étymologiquement franc signifie libre. Emmanuel Macron a beaucoup fait pour décrédibiliser la fonction présidentielle d’exhibitions à l’Elysée avec les sympathiques amis du DJ Kiddy Smile le 22 juin 2018 arborant fièrement un T Shirt où était inscrit : « Fils d’immigré, noir, pédé » en jeunisme outrancier. Espérons qu’il mesure dans les mois qui viennent la pertinence de la sage observation de monsieur de Rivarol : « Quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir ».

Jean-Pierre Maugendre

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