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L'Eglise : François

Le pape pousse le noyau dur des catholiques à la radicalité évangélique

D'Aymeric Pourbaix dans Famille chrétienne :

"Il y a un siècle, Charles Péguy avait parfaitement repéré l’un des plus graves dommages pour l’Église : le fait que «  dans le monde moderne la chrétienté n’est plus un peuple… un immense peuple, une race immense : le christianisme n’est plus spécialement la religion des couches les plus profondes, une religion populaire. »

Pour y remédier, le pape François, de par sa culture et son histoire, semble le pontife indiqué. Car, depuis un an, il bouscule les catholiques pour les exhorter à aller au peuple. Tel un saint Augustin, invitant ses ouailles à accepter la chute de Rome et à évangéliser les barbares. Un Frédéric Ozanam, quinze siècles plus tard, incitant les catholiques à « passer aux barbares », c’est-à-dire au peuple de la révolution industrielle, pour « en faire des citoyens en en faisant des chrétiens ».

Aujourd’hui encore, on peut considérer que toute une partie du peuple a été perdue par les élites catholiques, à force d’intellectualisme qui dépouille la foi de tous ses aspects sensibles, que ce soit la liturgie ou la piété populaire… Aller au peuple, pour le pape François, ce n’est pas être un démagogue qui édulcorerait le message pour séduire – « Le pape n’est pas une star », a-t-il affirmé récemment.

Ce n’est pas non plus se lancer dans une « réduction socialisante » de l’Évangile, au nom de la nécessité d’aller vers les pauvres, mais sans leur annoncer l’amour de Dieu pour eux. Non, s’il faut aller vers les périphéries, là où réside le peuple, c’est en vue de sa conversion.

À cette fin, il s’agit pour le pape de pousser le noyau dur des catholiques à la radicalité évangélique, à une plus grande cohérence entre paroles et actes, laquelle constitue le témoignage le plus crédible. Quitte à déranger… Mais n’avons-nous pas des « âmes habituées », pour parler comme Péguy ? Le pape François, lui, évoque plus volontiers, en termes fleuris, des « chrétiens à l’eau de rose » !

« La sainteté n’est pas un luxe », affirme-t-il encore aux nouveaux cardinaux le 22 février, car elle est « nécessaire pour le salut du monde ». Mais cette sainteté est aussi pour tous. En cela, il rejoint le discours le plus sûr de l’Église, popularisé en France par un saint François de Sales, pour qui la « vraie dévotion » n’est pas réservée aux seuls religieux ni aux clercs.

« Jésus n’enseigne pas une religion pour les élites », expliquait pour sa part le cardinal Ratzinger en 1983, mais pour les petits, les simples, « ceux qui ont besoin de l’aide de Dieu et le disent ». Voilà pourquoi, ajoutait-il, il ne faut pas mépriser l’humble prière de demande, qui va à l’encontre de l’autosuffisance proclamée de l’homme moderne. Demandons donc, avec Péguy, « qu’une sainteté monte de la terre » pour notre XXIsiècle !"

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